C’est à New York, aux USA, que Cameron Joan Hawkins vit le jour. Fruit de l’union éphémère d’une trop jeune fille et d’un homme marié, la petite fut déposée quelques heures à peine après sa naissance sur les marches de l’un des plus grands orphelinats de la ville américaine. Enroulée dans quelques couvertures, elle dormait paisiblement lorsque sa mère frappa trois coups sur la lourde porte et s’en éloigna. La femme qui vint ouvrir découvrit alors un adorable bébé et ne remarqua pas cette silhouette qui observait quelques mètres plus loin, derrière un arbre. Autour du poignet de l’enfant se trouvait une gourmette en or avec les prénoms suivants : Cameron Joan. Signe que sa mère avait un minimum d’attention envers l’être qu’elle venait de mettre au monde. Peut-être pas assez pour l’élever, mais Cameron a toujours préféré imaginer que sa mère ne pouvait pas la garder pour d’autres raisons. Quoiqu’il en soit, c’est dans cet orphelinat que l’enfant passa les quatre premières années de sa vie. Autant dire qu’elle n’en a aujourd’hui aucun souvenir. Tout ce dont elle croit se rappeler de cette période, c’est de la banquette arrière froide de la voiture qui l’emmenait loin du seul endroit qu’elle avait jamais connu.
Cameron fut amenée à Asaviks avec quelques autres enfants américains. Elle ne comprenait pas ce qu’on voulait d’elle, surtout dans un endroit aussi éloigné de chez elle. Mais à quatre ans, on ne s’attendait à ce qu’elle puisse saisir l’importance de la chose et c’en était d’ailleurs le but. On lui fit subir de nombreux examens médicaux, dont certains étaient très douloureux. Mais l’enfant ne pouvait que souffrir en silence et ne pouvait pas se rebeller. Puis le jour fatidique arriva, ce jour pour lequel on l’avait très minutieusement préparée. Cameron fut endormie avant d’être amenée en salle d’opération. Elle était une expérience de plus dans ce projet à l’envergure tout à fait inimaginable, qui consistait à transformer l’être humain en machine de guerre. Et quoi de mieux comme cobaye que ces pauvres orphelins, qui n’ont plus rien à espérer de la vie ? C’est ainsi qu’on implanta dans le corps de la petite Cameron les gênes très anciens d’une créature nommée Phénix. Oui, il s’agissait bien de cet animal légendaire qui pouvait se consumer en fin d’existence afin de renaître de ses propres cendres. Et oui, son AN avait donc été greffé à celui d’une fillette innocente. Les jours qui suivirent l’opération ne furent guère glorieux. Son corps avait été très affaibli par l’implant et montra très vite des signes de rejet, menaçant même d’achever l’enfant tant l’infection était grave. Les scientifiques ne s’inquiétèrent pas davantage, car la mort d’un enfant supplémentaire ne signifiait plus grand-chose à un tel stade. Ils tentèrent malgré tout de la sauver et réussirent leur coup. Mais Cameron resta toujours particulièrement fragile après cette opération.
Les premiers mois furent très difficiles pour elle. Elle prenait beaucoup plus de temps que les autres cobayes pour guérir et cela embêtait les scientifiques, qui hésitèrent même à la faire « disparaître ». Finalement, Cameron fut totalement remise. On la plaça dans l’orphelinat de la ville, là où la plupart des autres « enfants monstres » avaient été placés après leur opération. C’est là qu’elle fit la rencontre de Yang Arseni. Il était plus jeune qu’elle de deux ans et très vite elle se lia d’amitié avec lui. Elle se comportait en grande sœur envers ce petit garçon qui avait subi les mêmes horreurs qu’elle et qui avait aussi reçu les gênes de Phénix. Ce fut certainement ce qui les attacha autant l’un à l’autre. Du jour au lendemain, ils étaient devenus mutuellement indispensables. Sans Arseni, Cameron ne sait pas ce qu’elle aurait fini par devenir.

Tout semblait bien se dérouler. Cameron grandissait et s’épanouissait à merveille, vivant désormais loin de l’orphelinat. Elle avait vécu sa première transformation très jeune, mais contrairement à ce que les scientifiques croyaient, celle-ci s’était déroulée sans problème majeur. Depuis, elle avait appris à se maîtriser sous sa forme volatile. Elle avait même fini par apprécier ces transformations, qui lui permettaient de s’élever haut dans le ciel et de s’éloigner de la misère humaine pour quelques instants éphémères. Tout bascula pourtant à l’aube de ses dix-sept ans. C’était l’été, mais Cameron avait une mauvaise fièvre depuis quelques jours. Arseni l’avait pressée d’aller voir un médecin ou un scientifique, car ce n’était pas normal. Cependant, la jeune fille n’avait pas pris la peine de le faire, assurant son plus proche ami, son frère de cœur, qu’elle irait mieux. Ce ne fut pas le cas. On la retrouva dans un bain de sang dans son appartement, s’étant ouvert le dos en tombant sur sa table de salon en verre ; elle était si faible qu’elle avait perdu connaissance, au point de se retrouver dans le coma. Elle resta inconsciente des jours durant, pour finalement se réveiller et découvrir qu’elle resterait marquée à vie de cet incident, avec une immense balafre dans son dos.
Elle put sortir après un mois de soins intensifs à l’hôpital. Des complications s’étaient ensuivies après son coma, ce qui avait rallongé son séjour là-bas. Elle allait mieux désormais, mais elle était devenue encore plus fragile qu’auparavant. Aujourd’hui, le moindre rhume est à prendre au sérieux si elle ne veut pas se réveiller complètement paralysée dans un lit d’hôpital. Elle n’accepte pas sa faiblesse, voulant être indépendante et ne pas dépendre d’autrui. Pourtant, elle a appris à se reposer sur Arseni, qui est là pour elle pour elle l’avait été pour lui lorsqu’ils étaient seuls à l’orphelinat. C’est une jeune fille drôle, légère et optimiste. Elle aime sortir pieds nus quand elle en a l’occasion, se réfugier dans les arbres, cueillir des fleurs… Elle a un côté très naturel et c’est sûrement ce qui l’a poussée à ouvrir sa propre boutique de fleurs il y a maintenant deux ans. Maladroite comme pas deux, elle doit beaucoup à Arseni. Il est tout ce qui compte pour elle, son soutien, son pilier, son frère, son meilleur ami. Elle n’a que peu de souvenirs de sa vie avant de l’avoir rencontré. Autour de son poignet, seul vestige de cette époque, une gourmette en or avec un certain nom gravé dessus.

naturelle, douce – généreuse – maladroite malgré sa bonne volonté – chaleureuse – spontanée – attentionnée – tactile – n’aime pas avoir tort – ouverte – veut être indépendante et responsable, mais a gardé au fond d’elle un côté très enfantin – parfois plus complexe qu’elle n’y paraît.

Quiconque connaît Cameron un tant soit peu saura sans peine quelle est son opinion sur les autres races. De nature pacifique et bienfaisante, la jeune Américaine est incapable de haïr ou de dédaigner quelqu’un pour son appartenance, que ce soit à une espèce en particulier ou à un statut social. Chacun a le droit de vivre dans ce monde tant qu’il ne dépasse pas les limites imposées par la vie en société. De plus, les Hydres, les Dragons, les Licornes ou les Phénix, sa famille, sont pour elle tous dans le même panier : ils ont tous soufferts à cause du cruel désir de jouer avec les gênes de créatures magiques des scientifiques. Pourquoi devrait-elle haïr ceux qui ont vécu les mêmes horreurs qu’elle ? Elle a beau faire partie d’un clan, elle a un rôle plus médiateur en son sein. Son but ? Cameron est pour une alliance de toutes ces espèces pour vaincre une bonne fois pour toutes leurs bourreaux. Et elle ne s’arrêtera que lorsqu’on l’aura écoutée sérieusement.