Jour de collecte aujourd’hui pour Elisabeth qui se retrouvait une fois de plus bien embêtée. En effet, cela peut paraître bien drôle mais vient un temps dans la vie d’un ou d’une fleuriste où il faut faire ce qu’on appelle un « réapprovisionnement ». Parce qu’un fleuriste, bien qu’il essaie de faire en sorte de vendre ce qu’il y a de mieux à ses clients, n’as pas nécessairement le budget pour avoir son propre jardin en plein milieu de sa boutique. De toute façon, De Witte Koningin ne le permettait pas. C’était trop coquet, trop…bon d’accord trop petit. La licorne gardait toujours l’espoir d’un jour avoir un toit vert pour sa boutique mais il fallait encore qu’elle en ait les moyens. Quoi qu’il en soit, elle ne pouvait pas passer à côté de ce rituel typique des fleuristes qu’était celui de se lever aux petites heures du matin pour aller chercher leurs fleurs avant même l’ouverture de leur boutique.

Par contre, pour une jeune femme svelte comme la pauvre Elisabeth, transporter toutes ces plantes était loin d’être un tâche facile, et chaque fois il fallait qu’elle demande l’aide d’un quelqu’un assez gentil et avec assez de temps pour l’accompagner et l’aider à transporter tous ses bacs à fleurs. Chaque fois, c’était toujours la même chose. Pour n’embêter personne, elle sortait ce qu’elle appelait sa « liste de paires de bras supplémentaires » composée de ses clients réguliers masculins et de quelques uns de ses amis. Était-ce seulement légal? Enfin, quoi qu’il en soit. En toute femme qui se respecte, la blondinette fermait les yeux et…choisissait au hasard.

Cette fois, la chance – ou la malchance – était tombée sur un des clients avec qui elle préférait le plus faire affaire, ce cher Lance. Sans attendre, elle avait empoigné le téléphone et avait composé avec doigté le numéro de Mister Coal, pour magistralement tomber…sur sa boîte vocale. Légèrement embêtée mais ne lâchant pas l’affaire, la jeune licorne prit sa plus belle voix pour demander à Lance un service qui normalement ne se demandait peut-être pas à un client, mais dont elle avait vraiment – vraiment – besoin. Donc voilà, ainsi accrochée à son téléphone, elle entama un message qui se voulait attrayant et sympathique, question de ne pas effrayer son client avec ses histoires de fleurs.

« Salut, Lance! Elisabeth Clark à l’appareil…La fleuriste? Oui, alors, j’aurais un immense service à te demander, mais sens toi bien à l’aise de refuser si jamais tu n’es pas disponible, ou si tu n’en a pas envie... Je dois aller chercher des fleurs demain et j’ai peur de ne pas y arriver toute seule alors je me demandais si tu voulais bien m’accompagner, tu vois…Pour m’aider à les ramener jusqu’à La Reine Blanche…Rien de bien compliqué, je t’assure, et euh on pourrait aller manger après? Enfin, voilà, si ça te tente, ou pas, appelles-moi au… »

Et elle laissa le numéro de la boutique où elle passait la quasi-totalité de ses journées avec l’espoir qu’il la rappelle. Si ce n’était pas le cas, elle devrait se tourner vers quelqu’un d’autres et les chances qu’elle ait déjà harcelé un de ses amis pour l’accompagner à ces escapades plus que matinales étaient énormes.

Il ne restait plus qu’à se croiser les doigts, en espérant qu’il ne prendrait pas la poudre d’escampette lorsqu’elle lui annoncerait l’heure de leur rendez-vous. Tout le monde n’était pas très chaud à l’idée de se lever à l’heure des poules pour aller soulever des bac de fleurs… Quoi qu’elle espérait l’avoir amadoué un peu avec l’idée du repas. Peut-être cela serait-il plus intéressant du point de vue du styliste?

Il était teeelllement tôt. Parfois, Elisabeth se demandait ce qui la poussait à faire ce métier si éreintant. HAHA! Je te vois déjà rire devant ton écran - ou pas. Oui! Être fleuriste, c’est éreintant. Néanmoins, la blondinette était heureuse de savoir que Lance n’était pas une petite nature et comptait faire partie de sa petite sortie matinale en route vers la collecte de fleurs. Il faisait encore noir quand elle s’était levée ce matin là. Évidemment, parce qu’elle devait se retrouver devant sa boutique à une heure ridicule, fraîche et dispo. Au moins, elle n’avait pas de coloc’, ça n’était pas si mal! Elle pouvait se lever à n’importe quelle heure, se coucher aussi à n’importe quelle heure sans déranger personne, prendre sa douche à l’heure qu’elle le voulait sans troubler un colocataire au sommeil léger. Ce n’était quand même pas donné à tout le monde! Elle pouvait même faire tinter la vaisselle en l’abandonnant dans l’évier et personne ne viendrait se plaindre.

Pour son aventure végétale – car je manque de manière d’appeler cette sortie obligée à la rencontre des fournisseurs de fleurs – elle s’était habillée de manière toute simple, mais quand même pensée. Elle n’allait pas se mettre en petite robe d’été pour aller jouer dans la terre et les plantes vertes. La licorne portait donc un jean, jean qu’elle ne mettait presque plus car il y avait un trou immense au niveau du genou gauche, tellement qu’elle devait mettre autre chose en dessous pour ne pas attraper froid par cette ouverture béante. Un legging noir, en l’occurrence. Pour le haut, elle avait opté pour une camisole noire, et avait passé une vieille veste, qu’elle utilisait toujours pour ce genre d’expéditions, et qu’elle avait usé la première fois en faisant la peinture dans son logement. Ainsi accoutrée, elle sortit de chez elle le ventre vide. De toute façon, elle était beaucoup trop excitée pour manger quoi que ce soir.

Car oui, elle ne pouvait le nier, ce genre d’expéditions ne plaisait généralement qu’aux fleuristes, et peut-être aussi aux gens à qui ils arrivaient à transmettre leur passion en les traînant de force, ce qui était en y repensant le cas d’Elisabeth. Restait plus qu’à espérer que Lance allait apprécier sa journée, même si elle commençait à des heures de fous.

En un rien de temps, elle marcha d’un pas léger jusqu’à sa boutique, faisant un signe de main à son coéquipier pour la journée à travers la manche trop grande de sa veste. Dans son autre main, elle tenait des clés de voiture, mais pas n’importe laquelle. De Witte Koningin possédait sa propre camionnette de livraison! Les doigts serrés sur la clé du minivan, le sac à main sur l’épaule et le sourire collé aux lèvres, Elisabeth se rendit à la hauteur de Lance, dont le peu d’heures de sommeil semblait avoir laissé quelques marques. Avant même qu’elle ne lui adresse la parole, son regard se tourna vers l’horizon, où le soleil n’avait même pas commencé à poindre. Comment savait-elle alors qu’il s’agissait de Lance et pas de son sosie qu’il avait engagé pour la suivre dans son activité de fleuriste? Bah. Peu importe. Tant qu’elle avait une paire de bras en plus. Sans même lui parler, même si l’envie lui démangeait, pour au moins savoir si elle avait vraiment affaire à Lance, elle fit tinter les clés de la camionnette et se dirigea vers le bolide blanc, dans un état aussi lamentable que l’accoutrement de sa propriétaire, avant d’insérer la clé dans la porte du conducteur, l’ouvrant ensuite à la volée.

« J’espère que tu es prêt à travailler à la rude, aujourd’hui ! S’exclama-t-elle en s’étirant pour aller déverrouiller la porte du côté passager. »

De l’extérieur, on ne voyait que sa jambe qui arborait le trou noir de son jean. C’était plutôt amusant, d’entendre une fleuriste parler de dur labeur. Ironique, oui .Cette pensée fit sourire la licorne et, elle pouffa de rire après un moment, ouvrant la porte du côté passager pour inviter son coéquipier à prendre place.

[Scuse si c'est vraiment pas cohérent...Je faisais une course de rep avec Ina ._. xD]