« Voleuse !
Merde. »
Elle avait à peine l'âge de tenir debout, que ses jambes étaient déjà habituées à courir agilement dans les rues, se faufilant entre la foule ambulante, laissant trainer ses petits doigts dans le but de voler ce qui dépassait des poches. Autant dire que la jeune japonaise n'avait jamais eu beaucoup de chance dans sa vie. Née … elle ne savait pas trop où, ni par qui, ni comment, elle avait depuis son plus jeune âge appris à se débrouiller par elle-même. Si une organisation quelconque l'avait recueillie quand elle n'était pas encore apte à se nourrir par elle-même, à l'âge de ses cinq ans, elle le quitta d'elle-même pour préférer vivre dans la rue plutôt qu'au crochet de personne qui avaient, de toutes évidences, beaucoup trop d'enfants sur les bras pour s'en occuper d'une de plus. Ainsi donc, elle trainait là. Avec son regard sauvage et ses habits troués, feulant tel un chat à la simple vue d'une personne, son agilité défiant toutes les lois de la nature. Dès qu'elle eut su ouvrir la bouche, ce fut uniquement pour envoyer paître quiconque osait l'approcher, répondant avec une arrogance et une insolence sans faille, parvenant à repousser toutes les personnes alentours. Elle possédait toujours un petit sourire moqueur et méprisant, se moquant de tout et riant à gorge déployé devant la détresse de ceux qui quémandaient sans daigner bouger pour survivre, usant de ses poings et ses pieds dès qu'un obstacle osait se mettre en travers de son chemin. Kei volait pour vivre et se battait pour survivre. Son existence se résumait à si peu, et le bonheur qu'elle ressentait chaque jour était sans égal – elle se moquait d'elle-même, de sa vie, et ne cherchait pas à savoir qui l'avait mise au monde. Elle vivait au jour le jour et était très heureuse ainsi. Utilisant parfois ses dons évidents pour le vol lorsque des enfants en trop bas âge s'y prenaient comme des pieds. Elle leur apprenait à être discret et efficace, audacieux mais pas trop – elle leur apprenait à voler et, parfois, les utilisait même pour chiper des choses qu'elle leur reprenait par derrière. Une vile malandrin sans foi ni loi, sans cœur ni sentiments, sans vie et sans but. Malgré tout elle était heureuse, et elle n'aurait pas troqué sa vie pour un de ces palaces faits d'or et d'argent si on le lui avait proposé. Sa vie était mille fois plus trépidante ici, et jamais elle n'aurait souhaité la changer. Tout était parfaitement calme et posé. Ou presque.

« Voleuse ! » Celui-ci la tenait trop violemment pour qu'elle puisse s'enfuir en courant. « Au secouuuurs, au vioooool! » s'était-elle mis à hurler. Elle n'avait alors que huit petites années au compteur de sa vie. Profitant de la confusion du vendeur et de la surprise des adultes, elle s'était défait de son emprise en un seul coup, croyant vaguement entendre un bruit d'os brisé. Elle avait cillé l'espace d'un instant et, le voyant se tenir le poignet avec une mine douloureuse inscrite sur ses traits, elle avait réussi à difficilement prendre ses jambes à son cou. Slalomant entre les adultes sans regarder où elle allait, jusqu'à rejoindre le repère fait de carton qu'elle s'était fabriqué pour elle, et ses compagnons d'infortune du même âge. Rapidement, elle s'était dirigé vers l'un d'entre eux et lui avait serré le bras d'une manière qu'elle avait cru normale – mais qui ne l'avait pas été, en réalité. Un nouveau crac bruyant, un nouveau cri strident, et voilà la jeune Kei qui commençait à découvrir son incroyable force qu'elle n'avait, jusqu'ici, jamais soupçonné. Le petit garçon hurlait dans son coin tandis que ses amis se penchaient sur lui, mais la petite fille s'en moquait, elle fixait ses mains d'un air outré jusqu'à ce qu'une de leur amies se mette face à elle et, les larmes aux yeux, se mette à lui crier dessus à son tour, lui assénant une claque digne de ce nom. Si la tête de Kei s'était tournée sur le côté, la douleur ne fut qu'infime, trop légère, comme s'il s'agissait uniquement d'une caresse sur sa peau. Elle fronça les sourcils, ne comprit pas, puis quitta la maison d'un pas pressé, préférant aller réfléchir et se coucher dans les tréfonds d'une sombre rue. Si elle put dormir ? Absolument pas. Gênée par d'affreuses démangeaisons et une fièvre qui ne fut point capable de finir. Gardant résolument les yeux fermés, elle avait tourné et retourné sur le sol, espérant que ce mauvais moment passerait vite. Sa peau brûlait et ses os tiraient. Elle avait mal. Gémissante, elle s'était finalement redressée, en sueur, et lorsqu'elle avait voulu passer sa main dans ses cheveux dans le but de s'aérer le visage, elle ne les sentit simplement plus. Sa vue était subitement meilleure, ses sens en alerte, et ses jambes plus engourdies. Elle secoua la tête une fois, deux fois, fermant les yeux avant de les reposer de nouveau sur ses mains qui n'avaient plus rien de tel. Son cœur s'accéléra, elle voulut crier haut et fort, mais quelque chose la retient. Peut-être était-ce ce jet glacé qu'elle venait de cracher malgré elle ? Ou peut-être était-ce ses petites ailes qui, affolées, s'étaient mise à battre, la soulevant du sol. Elle n'avait plus d'emprises sur rien. C'était la première fois qu'elle se changeait et, ce fut lorsqu'elle rencontra une licorne peu après, qu'elle comprit qu'elle était normale. Spéciale, mais normale … ses changements physiques qu'elle ne contrôlait pas bien lui causèrent quelques soucis, mais elle parvint finalement à les maîtriser du mieux qu'elle put. Usant et abusant de son don de vol, comme si elle vivait un conte de fée. La seule question qui subsistait, au final, restait encore et toujours ... Pourquoi elle ? Il était évident qu'il n'était pas donné à tout le monde d'avoir son corps subitement recouvert d'écailles et de cracher de la glace comme bon leur semble. La réponse la plus logique qu'elle trouva fut que ce fut un héritage direct de ses parents qu'elle n'avait jamais connu et, de par sa nature méfiante, elle supposa qu'il s'agissait peut-être de chasseurs de dragons et décida de ne pas trop exhiber cette particularité chez elle. Mais elle ne changea pas ses habitudes, reprenant ses habitudes de voleuse avant de, finalement, se faire attraper dans une boutique de bijou. D'abord hébergée par la responsable du magasin, elle finit par gagner un peu d'argent et s'acheter un petit studio qui, même s'il fut petit, convint largement à la jeune demoiselle qu'elle était. Et, maintenant ? Eh bien. Elle survit. Encore et toujours.

Pour être complètement sincère, elle se moque des autres races et de ce qui peut leur arriver. Non pas qu'elle soit la fille la plus insensible au monde qui ne voit que son nombril, loin de là, cela aurait plutôt tendance à être l'inverse. Sans préjugés, elle considère toutes les autres races comme étant égales à la sienne et se moque bien de savoir la race de chaque individu qu'elle rencontre. Elle préfère plutôt se baser sur le caractère des personnes qu'elle croise. De ce fait, elle peut tout aussi bien adorer une hydre et détester un dragon ; cela va simplement dépendre de l'impact de la personne sur elle. La seule race qu'elle aura du mal à accepter dès le tout début sont les vampires, pour la simple et bonne raison qu'ils l'effraient au plus haut point. Elle pense se souvenir d'un incident lorsqu'elle était plus jeune, dans lequel un homme de cette race l'aurait attaquée - mais elle n'est pas vraiment sûre, c'est pour quoi elle est effrayée au premier abord mais, avec un peu de bonne volonté, elle pourrait tenter de passer outre.