vous raconter ma vie serait un peu compliqué et je ne vois pas du tout comment je pourrais la résumer en quelques lignes. Mais, si cela vous intéresse tant que ça, je suis né il y a un peu moins de vingt ans et ma mère était très heureuse d'avoir un enfant même si à la base il ne s'agissait là que d'un accident. Jeune maman, elle s'est retrouvée enceinte de moi alors qu'elle n'avait encore que 17 ans. Vous imaginez bien que mon "père" n'est pas resté pour la soutenir. Pour dire vrai, je ne sais même pas si il connaissait le nom de la femme avec qui il avait couché à une soirée étudiante. Triste, mais je ne peux pas en dire plus, ma génitrice n'a jamais réellement voulu développer ce point sombre de sa vie. Sans doute en a t-elle trop souffert.

Apprenant sa grossesse, elle est partie rejoindre sa propre mère à la campagne, à Asaviks. Mauvaise nouvelle mais bonne famille, nous fûmes chaleureusement accueillis. Neuf moi plus tard, me voilà qui débarquait comme un cheveu sur la soupe. Un moutard de père inconnu dans un cercle composé uniquement de femmes. Je ne doute pas que ces dernières auraient préféré une fille pour les aider dans les tâches ménagères mais elles trouvèrent tout de même de bonnes raisons de me garder. Je devins alors le fidèle ami du potager, de la vaisselle et du balais. Une véritable petite fée du logis. Que d'utiles compétences pour un gamin de sept ans (...) c'est sans doute ce qui a fait de moi un jeune homme maniaque et naturellement intéressé par la gente masculine.

J'imagine que mon trop plein de gentillesse découle aussi de mon enfance et de mon éducation. Je ne pouvais jamais dire non ; c'était oui ou la fessée et autres punitions piquantes. Déjà que je n'avais pas le droit de sortir dehors avec des camarades de classe, finir cloitré dans ma chambre pour le week-end au lieu de jouer avec les moutons du voisin me déprimait sincèrement. Oui, ma vie de fermier m'allait amplement, je vous vois déjà me regarder avec pitié. Moi ça me plaisait, même si j'aurais tout de même apprécié que ma mère me laisse plus de liberté ; côtoyer des gens, pouvoir avoir des amis (...) mais on fait avec ce qu'on a. Le problème c'est qu'aujourd'hui je me fais facilement manger la main quand je donne le doigt. Je dois être trop content de voir que les gens s'intéressent à moi alors je n'ose rien refuser.

Je ne suis pas dans une impasse, non non. Mais je continue de faire preuve de patience et de croire dans le genre humain. Tout le monde n'est pas égoïste. Du moins, je le crois ? Que pourrais-je bien dire d'autre sur ma personnalité. Ah, je déteste la violence. Quoi de plus ridicule que de frapper sur quelqu'un pour lui faire passer un message ? C'est lâche, honteux, écœurant. J'emmerde profondément tous ceux qui usent de leur force pour faire avancer les gens dans le sens qu'ils désirent.

Je vis avec et je respecte ce qu'ils sont. Ont-il décidé de leur race ? Non, pour la plupart. Je ne suis pas quelqu'un de spécialement calculateur et je le suis encore moins quand il s'agit de ce sujet-là. Je les aime tous du moment qu'ils sont respectables et bons, point. Et non, je ne passerai pas cinq heures à développer mon avis : je laisse ça à ceux qui aiment cracher sur le dos des autres.