Le trajet pour la maison n’avait jamais été aussi long. Le ciel était aussi noir que son humeur, annonçant tous deux un torrent de pluie –et/ou de larmes- ou un orage violent imminents. Sunny frappa une roche avec son pied : comme si ça aurait pu évacuer son surplus de colère. Il avait échoué l’examen de reprise. Cet examen qui représentait une dernière chance pour passer sa terminale, une toute dernière porte de sortie. Mais non, la porte venait de lui claque au nez pour un 59 % . Un tout petit pourcent de plus, et il aurait passé. Mais non, il fallait que le sort s’acharne contre lui, bien sûr.

Toute la semaine il avait étudié comme un damné, sacrifiant heures de travail rémunérées, et surtout heures de loisir avec son petit ami –qui n’avait certainement pas dû apprécié- . Heureusement, Aiden n’avait pas fait de commentaire négatif, ce dont s’attendait Sunny. Il l’avait plutôt encouragé, et c’était sûrement grâce à lui si le blondinet avait pu se rendre si près du but. Soupirant, il attrapa son cellulaire pour envoyer un texto à l’élu de son cœur.

Sunny:
59%, j’étais si proche cette fois ! M’enfin. Je suis presque arrivé, je tourne le coin de la rue.

Simple mais bref. Il trouvait cela plus facile de lui annoncer par texto que tous les privations dont qu’ils s’étaient fait tous les deux n’avaient, au final, rien donné. Une gouttelette vint s’écraser contre l’écran de son portable. Il porta une main vers ses yeux : nan, il ne pleurait pas –encore du moins-. Il commençait à pleuvoir. Génial. Finissant le reste du chemin en courant pour éviter une pluie torrentielle. La princesse entra dans la maison des Yang, non sans s’être fait mouiller un peu, balança ses chaussures sans plus de cérémonie et monta directement à l’étage. Pas un son. Personne n’était rentré ? Pourtant Park ne devait pas travailler ce soir-là. « Bébé ? »

Ah. Le bruit de la douche. Aiden devait prendre sa douche. Soupirant, un peu déçu de ne pas pouvoir trouver le réconfort qu’il attendait tout de suite, le phénix alla se jeter sur son lit. Un petit objet dur dans son dos le fit grimacer : le cellulaire de son amoureux était resté là. Et le petit voyant illuminait, signe qu’il venait de recevoir un message. Le sien sûrement. Déverrouillant le cellulaire, il tomba cependant sur une conversation d’Aiden et un de ses amis. Un élan de curiosité le poussa à lire, s’attendant à trouver une conversation pour le moins absurde et sans but. Quelle fut sa surprise alors d’y lire ceci :

Dude:
Alors, t’as fini par passer à l’acte ?

Aiden:
Haha, tu rigoles ? Pas la moindre chance.

Dude :
Même pas quelques petites caresses ? :O

Aiden :
Je te rappelle que je sors avec la Sainte-Vierge, dude.

Dude :
Hahaha, pauvre toi.

Aiden :
Tu peux pas mieux dire. Bon allez, j’te laisse, la vierge effarouchée est sur le point d’arriver !

Le cœur serré, la princesse lu et relut le message comme pour se convaincre qu’il avait mal compris. Mais non. Aiden avait réellement marqué ça de lui. Il avait vraiment parlé de leur vie personnelle à un copain dont Sunny ignorait l’existence avant aujourd’hui. La porte se referma et le plus jeune sursauta en se redressant en position assise sur le lit, fixant son regard sur le coupable qui venait d’entrer dans la pièce, le surprenant avec son portable dans les mains. « A-Aiden t’es vraiment qu’un hypocrite ! T-tu oses parler de moi comme ça à tes amis ?! » et BAM, le plus vieux se méritait un oreiller en plein visage pour la peine.

Ses doigts pianotaient sur l'écran tactile de son téléphone intelligent, profondément lancé dans une conversation avec un de ses proches amis, à parler de tout et de rien avant que ce dernier ne balance le sujet cruel. Si Park se retenait normalement de dire des choses plus ou moins flatteuses à Yang devant lui, il se retenait un peu moins lorsqu'il papotait avec un camarade. Aiden aimait Sunny, mais le côté beaucoup trop prude du phénix avait tendance à lui tomber sur les nerfs. Particulièrement depuis que l'oiseau avait commencé à le négliger, en plus. Certes, l'animorphe s'était montré encourageant à son égard, mais de quoi aurait-il eu l'air s'il avait fait la gueule à cette idée ? Il souhaitait la réussite de son petit ami, tant qu'elle n'empiétait pas sur ses chances de pouvoir progresser dans leur relation. Et parlant du blond, le regard du mastiff croisa l'horloge accrochée au mur, constatant que son cadet n'allait pas tarder et que lui devait se doucher avant son arrivée s'il voulait maximiser son temps avec lui. Ni une ni deux, Park abandonna le portable sur lit avant de filer dans la salle de bain de l'autre côté du couloir pour prendre une bonne douche.

Une douche suffisamment longue pour que Sunny arrive entre-temps et découvrir la conversation peu séduisante. Évidemment, ça le canin l'ignorait encore lorsqu'il sortit dans le couloir, vêtu traditionnellement d'une camisole et d'un jogging pour ensuite pénétrer dans la pièce qu'il partageait avec le plus jeune. Rapidement, les yeux de l'aîné croisèrent la présence de Sunny en possession de son téléphone portable et sa conversation avec son ami lui revint à l'esprit. Oh shit. « A-Aiden t’es vraiment qu’un hypocrite ! T-tu oses parler de moi comme ça à tes amis ?! » Il n'eut même pas le temps de s'expliquer avant de se prendre un oreiller en plein visage, le forçant à laisser échapper un bruit d'agacement à ce geste. Parce que non, recevoir des objets contre son beau visage ne lui plaisait pas du tout. À l'aide de son pied, Park poussa l'arme plus long d'un geste un peu sec, refermant ensuite la porte de la chambre derrière lui par simple habitude, serrant les dents pour éviter toutes répliques aiguisées de quitter sa bouche. « Hypocrite ? C'est toi qui fouines sur mon portable. » C'était un fait bien connu, l'animorphe détestait que l'on touche à ses affaires. Peu importe de qui il s'agissait. Le brun approcha du blond pour lui prendre l'appareil intelligent d'entre les doigts, arrêtant de faire clignoter la petite lumière rose qui était propre à Sunny. Rapidement, le chien put entrevoir le résultat si près du but que son petit ami s'était tapé, mais honnêtement, après un tel accueil, le demi-américain avait plus ou moins envie de le réconforter. Surtout que des mauvaises journées, lui aussi en avait et il n'en faisait pas de drame. Oui, en cette journée spécifique, Aiden était visiblement à cran.

« C'était pas méchant, aller. Tu vas pas en faire un drame, tout de même ? » Sa langue de bitch se mourrait d'envie d'en dire davantage, mais il se retint. Yang ne méritait pas de subir son irritation inexplicable de la journée et c'était apparemment une notion que le blond n'avait pas appris. C'était toujours lui qui payait pour tout, comme s'il était simplement là pour absorber les humeurs du phénix, telle une éponge.

«Hypocrite ? C'est toi qui fouines sur mon portable. » La langue du blond se tordit plus de sept fois dans sa bouche pour se retenir de lui crier au visage. Il fouinait dans son portable, dans ses affaires ? Oh le pauvre petit. Et lui ? Il vivait dans quelle maison ? Il empruntait quelle douche pour se laver ? Il dormait dans quel lit? Il fouinait dans quel frigo pour satisfaire son appétit aiguisé hein ? Au voisin peut-être ? Aiden était continuellement, en permanence, dans la vie et les affaires du cadet. Et est-ce qu’il s’en plaignait ? Un an qu’il devait le voir se gaver de cochonneries sur le sofa pendant que lui étudiait à s’en arracher les cheveux. Un an qu’à la moindre querelle, la princesse se confondait en excuse pour ne pas le perdre. Mais là, il en avait assez. «Bien sûr, c’est toujours de ma faute. Tu veux que je m’excuse ? Très bien. Désolé Aiden, d’avoir voulu arrêter le clignotant. Désolé d’avoir surpris une conversation que je n’aurais vraiment pas voulu voir. T’inquiètes pas, j’aurais préféré me tirer dans le pied que d’apprendre que tu parles de notre vie personnelle aux autres. Que tu ris de moi, je suis désolé tu ne peux pas savoir comment! »Et c’était vrai. Son ton n’était pas sarcastique, juste triste. Il se sentait trahit, à bout. Même son couple allait mal. Même à son petit ami il ne pouvait pas faire confiance.

«Tu veux faire l’amour ? Tu veux des caresses ? Très ben Aiden. Baisse ton jogging et prends-moi ! » Et sur ces mots il s’allongea sur le lit, prenant appui sur ses coudes et écarta les cuisses. Voyant que son aîné ne bougeait pas, il enchaîna. «Qu’est-ce que t’attends ?! Vite, comme ça tu pourras le dire à tout le monde que tu as dépuceler la Sainte-Vierge, que tu t’es finalement fait faire une fellation par la vierge effarouchée de la ville! C’est ça que tu veux , hein ? » Aïe. Jamais des mots de ce champ lexical n’était sorti de la bouche pure du plus jeune. Il déviait toujours les mots, remplaçant ceux qui l’effrayait par ‘’trucs’’ ou ‘’ces choses-là’’ . Sa gorge commençait à se nouer, en même temps que ses yeux se remplissaient de larmes. Il ne supportait pas le silence de l’aîné, pour une fois. « HEIN !? » Sa voix se cassa. Il n’aimait pas crier, il ne l’avait jamais fait contre l’animorphe avant. Il n’était pas en colère, son ton de voix n’était pas colérique, enragé. Il était blessé. Déçu. Horriblement déçu. Finalement, il referma les cuisses , se laissa tomber sur le lit et fixa le plafond alors que les sanglots secouaient doucement son corps. Oui, il avait passé une mauvaise journée. Oui, il était susceptible. Mais cette fois, Aiden l’avait cherché. Sunny se sentait câlin en revenant du lycée, il avait eu en tête toute la journée de passé une belle soirée avec son amoureux pour se remonter le moral.

Il ne voulait pas passer la nuit dans leur chambre. Il était épuisé par toutes ces émotions, mais il savait qu’il n’arriverait pas à dormir dans leur chambre. Puis, il ne voulait pas mettre Park à la porte. Le jeune homme se releva en reniflant, attrapa un panier à linge et commença à la remplir. Son oreiller, son pyjama, sa doudou, son ordinateur portable, son linge pour le lendemain, son livre préféré, son ipod, ses pantoufles, sa robe de chambre, ses produits pour la douche, ses produits pour ses cheveux. On aurait presque dit qu’il déménageait. Et au fond, c’était un peu ça qu’il faisait.

Des paroles, encore un flot de mots. C'était devenu une chose courante et caractéristique de leurs prises de têtes multiples souvent bien stupides. Aiden ne voulait pas que Sunny se confonde en excuses, simplement qu'il évite de toucher à son portable à l'avenir. Il savait pourtant à quel point Park détestait ça, même si le geste avait d'abord été remplis de bonnes intentions. Ce n'était pas la fin du monde. Il s'était simplement exprimé avec un ami proche, pas comme s'il avait affiché de tels propos sur le web. Ses amis savaient bien que s'ils avaient le malheur de répéter ces termes à propos du blond, ils risquaient de se faire arracher le pied par un mastiff grognant. Croyait-il vraiment que l'animorphe ne tenait pas à lui et qu'il ne faisait que parler dans son dos ? « Je ne ris pas de toi. Il sait bien que je ne dis pas ça pour me moquer. »

« Tu veux faire l’amour ? Tu veux des caresses ? Très ben Aiden. Baisse ton jogging et prends-moi ! » Le canin soupira longuement et fortement en passant une main sur son visage, levant les yeux vers le plafond. Ah non vraiment, c'était quoi cette crise inutile ? Aiden ne bougea pas de sa place, plutôt loin du lit. Il ne comptait pas obéir à ce genre de paroles. Surtout pas pour faire ça dans une situation pareille. Et parce qu'il savait pertinemment que Sunny n'en avait pas envie. « HEIN !? » Mais où était passé son petit ami si prude et adorable ? Ce personnage vulgaire et qui venait de refermer ses cuisses, le mastiff ne le connaissait pas. « Okay, non. » Les deux mots qui ne voulaient rien dire et qui exprimaient simplement une légère frustration. « Tu penses quoi ? Que le jour où on va le faire, je vais me dépêcher de le texter à tout le monde ? Aish. » Il le regarda se lever du lit pour prendre possession de panier. Qu'est-ce qu'il préparait encore ? Les yeux de l'aîné ne manquèrent pas de remarquer qu'il y déposait un nombre impressionnant d'objets dont il se servait sur une base quotidienne. « Qu'est-ce que tu fais ? » L'animorphe s'approcha du phénix, se plaçant à ses côtés pour observer ses gestes de plus près, suivant ses mains du regard comme un chien qui suit une balle. « C'est ces textos qui te mettent dans cet état ? Bébé... Je voulais pas te blesser. Écoute... je... » les mots s'étranglèrent d'eux-même dans sa gorge, prouvant que sa propre conscience ne voulait pas les dires. Park ne s'excusait jamais. Jamais. Il s'arrangeait souvent pour éviter ce genre de situation ou forcer l'autre à le faire à sa place. Ce pour quoi les mots s'étouffaient à quelque part dans ses cordes vocales. Le demi-américain se racla la gorge avant de poursuivre plutôt faiblement avec un « je suis désolé ».

Encore ce silence inquiétant. C’était toujours le signe avant-coureur d’une crise de larme épouvantable. D’habitude en tout cas. Mais là, il pleurait déjà. Et il n ‘avait pas l’intention, ni l’envie de pleurer plus. Il voulait juste...partir. De cette maudite chambre. Que faisait-il ? Pour une fois, c’était lui qui fuyais au lieu de balancer toutes sortes d’âneries par la tête de son amoureux et non l’inverse. Est-ce qu’il croyait que tout le monde le saurait quand ils feraient l’amour ? Non, il ne le croyait pas. Il en était certain plutôt ! Mais ça non plus il préféra ne pas le dire. Étouffant sa colère et ses suspicions au plus profond de sa gorge.

« Ce qui me blesse, c’est qu’avec moi t’es adorable. Mais tu dis des commentaires méchants et faux sur moi à des gens que je connais à peine. Tu sais bien que je fais pas exprès. Pourquoi t’es aussi accroché là-dessus ces derniers jours hein ? Je sais que c’est important pour toi de faire l’amour, mais moi je veux réussir ma vie. Et c’est mal partit visiblement. S-Si tu veux tant le faire, et b-bien...trouves-toi un amant qu’est-ce que tu veux que je te dise d’autre ? » Bah voilà, il avait retrouvé l’usage des mots. Pas des mots qui exprimait ses désirs par contre, parce que voir SON animorphe avait un autre était bien le dernier de ses souhaits. Un sanglot s’étrangla dans sa gorge si bien que la fin de sa phrase fut plus ou moins compréhensible. Sunny ajouta des sous-vêtements à son panier. Il voulait savoir ce qui le mettait dans un tel état? ben voilà. « E-Et la prochaine fois, tes vacheries dis-moi les en face okay ? J-Je préfère être les seuls à t’entendre déblatérer sur moi. » Le phénix serra les dents. Le petit blondinet charmant, rieur, toujours enjouée et adorablement pudique avait disparu depuis quelques temps, certes. Mais l’adorable copain compréhensif et parfait que représentait Aiden aux yeux du cadet avait également disparus, drôle de coïncidence, n’est-ce pas ?

« Je suis désolé . » La main de la princesse resta en suspens alors qu’il allait attraper sa boîte à bijoux. Jamais Park ne s’excusait, et il fallait avouer que cela toucha la diva qui durant un instant pensa à tout jeter par terre et se blottir dans ses bras. Son regard se tourna finalement vers le mastiff, toujours baigné de larmes et de déception. Que devait-il faire ? Passer l’éponge ? Laisser ça comme si rien ne c’était passé, comme ils faisaient si souvent depuis quelques temps ? OU alors devait-il vraiment faire face au fait qu’ils ne s’entendaient vraiment plus ? Qu’ils n’avaient plus les mêmes attentes ? Que leur égoïsme respectif en venait à pourrir la vie de l’autre ? Sa main en suspend se posa sur sa boîte à bijoux, finalement, et il la déposa dans son panier. « Ç-Ça me touche que t-tu t’excuse. J-Je sais que ça te demande u-un gros effort. M-mais...J-je...je vais prendre la chambre d’amis..p-pendant quelques jours. J-Je crois...j-je crois que nous deux ça ne marche p-plus... » Il se mordit la lèvre. IL voulait que ça marche. Il priait tellement fort. « J’en a-ai assez de m-me disputer a-avec toi, j-je déteste ça »

À quoi s'attendait Sunny ? Il n'espérait tout de même pas qu'Aiden aborde ce sujet sensible avec Crystal ? Certes, le mastiff était incroyablement proche de sa jumelle et lui racontait tout.. sauf ça. Parce qu'elle était également la meilleure amie du phénix. Comment compliquer les choses entre deux gens. Puis, si Yang ne connaissait pas vraiment les amis de Park, c'était une chose parfaitement normale puisqu'il jugeait inapproprié de mélanger vie amoureuse et vie amicale. C'était bien de connaître le cercle de l'autre, mais de là à devenir proche avec le meilleur ami de son petit ami, c'était un peu trop étrange...

Se trouver un amant, sérieusement ? Quitte à tromper le phénix, le canin préférait encore le faire avec sa main gauche – ou droite, dépendant des jours -. Bien sûr, avouer qu'il se contentait tout seul était un peu trop lui demander, mais l'oiseau était débile s'il ne s'en doutait pas. « Bébé arrête. Je ne veux pas me trouver quelqu'un d'autre juste pour coucher avec lui, voyons. Je préfère t'attendre, toi. » Après tout, le demi-américain n'avait pas attendu tout ce temps pour finalement baisser les bras et aller voir ailleurs. « E-Et la prochaine fois, tes vacheries dis-moi les en face okay ? J-Je préfère être les seuls à t’entendre déblatérer sur moi. » Aiden hocha légèrement la tête de gauche à droite. Il ne disait pas des vacheries dans son dos. Tout ce que Park avait cherché à faire était de se libérer un peu d'un poids avec un bon ami. Depuis quand étais-ce interdis ? Si Sunny n'était pas tombé sur les textos, jamais tout ça n'aurait été su et tout le monde aurait été heureux – ou presque –. Quelle horrible soirée.

Tout son courage fut requis pour qu'il soit capable d'expulser une excuse hors de sa bouche. Le brun le faisait car il tenait à son blondinet et ne voulait pas le perdre. Il forçait son ego pour lui. Pendant un instant, Aiden songea qu'il avait réussi, voyant la main de Yang se suspendre dans le vide, mais elle reprit son mouvement. L'aîné laissa s'échapper un soupire alors que sa main venait se passer une seconde fois sur son visage. Park ne savait plus quoi dire, vraiment.

La chambre d'amis ? Ça ne marche plus ? Ce fût à son tour de figer quelques secondes, analysant ces informations à toute vitesse. Il était en train de lui dire qu'il ne dormirait pas ensemble ? Aiden s'était habitué à dormir avec le phénix près de lui, un peu comme un enfant et son doudou. Arriverait-il à fermer l'oeil, sachant que son petit ami se trouvait dans une autre pièce ? « Bébé... » Tranquillement, le mastiff retrouva l'usage de ses membres et la capacité de parler. Il n'allait tout de même pas accepter la situation sans rien dire. « Ne change pas de chambre, ce serait bizarre... Ce lit t'appartient, si tu n'es pas dedans, c'est étrange. Dormons ensemble... je n'arriverai pas à fermer l'oeil si tu es dans une autre pièce. » En douceur, sa main chercha à saisir le poignet du maknae pour l'inciter à arrêter de remplir son panier des objets qui lui étaient utiles et indispensables.

Tout ce que Sunny voulait, tout ce qu’il aurait désiré était de se coller contre lui. De passer la soirée dans les bras de son amoureux, à l’embrasser et à lui dire des mots doux. Mais malgré cette envie pour le moins pacifique et douce, le cadet n’arrivait pas à reprendre son calme. Non seulement parce qu’il était une fois de plus déçu, mais parce que de toute façon, il était déjà allé trop loin. Et puisqu’il avait cette fâcheuse manie de s’excuser pour faire taire les disputes, de tout prendre sur son dos et de pardonner, il avait trop accumulé au cours de leurs récentes querelles. Et maintenant l’accumulation avait atteint sa limite, et il explosait. Vraiment, quelle horrible soirée.

Le blondinet fut surpris par la réaction de son aîné lorsqu’il lui parla de changer de chambre. Il avait cru qu’Aiden s’énerverait. Qu’il partirait se «dégourdir les pattes» pour évacuer sa frustration. Qu’il l’ignorait. Mais non, il restait doux, voir presque suppliant. Ce qui eut, avouons-le, un effet monstre sur le cœur du cadet qui se sentit fondre alors qu’il écoutait celui qu’il aimait. Lui aussi aurait peine à dormir. Lui aussi avait depuis longtemps pris l’habitude de dormir au chaud, tellement blottit contre Park qu’on aurait pu jurer qu’il n’y avait qu’une seule personne dans le lit. Mais il avait bien réfléchit, depuis plusieurs jours déjà, et il s’était juré que s’ils se disputaient de nouveau, il devrait réagir. Et le moment était, malheureusement, venu.

« Écoutes…O-On arrête pas de se disputer depuis quelques temps. On se réconcilie vite fait et on tente de faire comme si rien ne s’était passé. Mais je suis blessé par toutes nos disputes, je suis…abasourdi par toutes nos différences qui apparaissent soudain. Un an qu’on est ensemble et j’ai l’impression d’en avoir appris plus sur toi cette semaine ! Et …je me suis ouvert à toi sur mes peurs, mais toi j’ai l’impression que tu ne me dis rien! » Il soupira. Il était tellement épuisé, il pourtant il n’était pas tard. Il aurait volontiers évité le souper familial pour aller seulement s’étendre et dormir jusqu’au lundi matin. Car oui, c’était encore une fois un vendredi des plus pitoyables.

«« Je crois…qu’on a besoin de réfléchir…tu ne trouves pas ? Je sais que je t’énerve tu sais, je le vois bien….e-et je n’aime pas ça. Je préfère qu’on…prenne une pause ? » Il ne fit plus de mouvement pour se dégager ou remettre autre chose dans son panier. Mais il avait quand même la ferme intention d’aller dormir ailleurs. Et fallait donner à Sunny qu’il était vachement têtu.

Pourquoi faire chambre à part? Pourquoi se séparer alors qu'ils avaient leur lit – qui était à la base celui de Sunny exclusivement – ? Pour les sceptiques de l'amour du brun envers le blond, c'était le moment tout choisi pour prouver qu'Aiden tenait réellement au phénix. Jamais Park n'avait continué de fréquenter une personne qui lui disait non, qui ne se pliait pas à ses désirs. Jamais il n'avait été perturbé par l'annonce d'une nuit tout seul. L'animorphe avait pris l'habitude d'avoir une peluche à câliner pendant qu'il dormait et la personne qui remplissait ce rôle à merveille était présentement devant lui. Alors, pourquoi la laisser partir ? Il écouta ce que son cadet avait à dire et ce, un peu nerveusement, il fallait l'avouer. Ce qu'avançait l'oiseau de feu l'inquiétait parce que ce genre de discours ne leur avait pourtant pas été commun au cours de la dernière année. « Et …je me suis ouvert à toi sur mes peurs, mais toi j’ai l’impression que tu ne me dis rien! » Mais Aiden était l'élément fort du couple, il ne pouvait pas se laisser aller à exposer ses peurs... si ? « [...] Je préfère qu’on…prenne une pause ? » Une pause ? Le mastiff eut l'impression de sentir sa bouche devenir pâteuse et que les mots se bousculaient dans sa tête. Ils trébuchaient les uns sur les autres, sans savoir lequel pousser jusqu'aux cordes vocales. C'était décidément la deuxième pire nouvelle que pouvait lui apprendre Yang et il mit facilement une minute avant d'être capable de retrouver l'usage de la parole. « Bébé... » un ton rauque et grave, comme si le terme employé était resté accroché dans le fond de sa gorge. Il se la racla rapidement pour s'éclaircir la voix. « Une pause... t'es sûr ? je... »

Intérieurement, c'était la panique générale. Park ne savait pas par où commencer. S'il devait accepter le sort que Yang avait décidé pour leur couple ou se révolter. S'il devait être franc et lui avouer ce qui lui pesait sur les épaules à lui aussi ou continuer de jouer le type mystérieux aux yeux de son petit ami en gardant ses pensées, ses craintes et ses phobies pour sa propre personne. Dans tous les cas, se révolter ne servirait à rien, outre peut-être aggraver les choses. Le chien posa son regard affolé dans celui de son cadet, balbutiant d'abord quelques syllabes incompréhensibles avant de fermer les yeux pour prendre un grand respire. Tout en expirant l'air de ses poumons, il ouvrit les yeux, légèrement apaisé – dieu merci pour son self-control – et pinça les lèvres avant de se lancer. « Si tu savais tout ce qui me fait peur, tu me trouverais probablement pire que toi... » Il tenta d'esquisser un fin sourire pour montrer qu'il ne cherchait pas à le vexer avant de poursuivre. « J'ai surtout peur de te perdre. C'est... tellement gay. Ça fait tellement film de filles, mais c'est comme ça. C'est pour ça que je ne te parlais jamais de faire l'amour avant... Je ne voulais pas que tu me jettes en pensant que je ne cherchais que ça avec toi. Je préférais me dire que ça viendrait bien tout seul, que tu finirais par me désirer comme je te désire... » Lentement, Aiden baissa les yeux vers le plancher, cherchant à fuir le contact visuel avec le phénix. « Puis, j'ai commencé à croire que peux-être tu ne me désirais pas... j-je sais pas... on dirait que tu n'as jamais envie de plus... ou même que ça te met mal à l'aise quand je fais juste te tenir la main en public. »

Non, il n’avait jamais été moins sur. Mais il se sentait désemparé, il ne savait plus quoi faire. Évidemment, Sunny n’aurait jamais voulu mettre un terme à leur relation en temps normal. Mais là, il était seulement fatigué des disputes. Il avait besoin d’un peu de calme dans toutes les sphères de sa vie, qui allaient toutes fichtrement mal. « J-je suis pas sûr, mais je ne sais plus c-ce qui serait le mieux pour nous Aiden.. »

Le blondinet réalisait soudain qu’il était tout prêt de son petit ami, mais qu’il s’en sentait horriblement loin. Et c’était ça le vrai problème. Il avait l’impression que Park se la jouait «mâle dominant» et parfois, ça l’agaçait. Bien sûr, il était conscient que l’ainé voulait être une figure de virilité, voire mystérieux. Mais la princesse en avait marre de sortir avec un apollon de pierre. Il voulait connaitre les pensées du plus vieux, ses angoisses. Il voulait échanger avec lui, tout simplement. Leurs regards s’accrochèrent et le phénix en fut bouleversé: jamais il n’avait vu autant de panique dans le regard de son amoureux. Il n’en avait jamais vu tout court, en fait. Et voilà, pour la première fois, son amoureux s’ouvrit soudainement à lui. Le phénix en fut bouche-bée et ...vraiment heureux. Il ne fut pas capable de l’interrompre une seule fois. Un doux sourire s’afficha sur les lèvres du cadet alors qu’il glissait doucement ses doigts sous le menton du mastiff pour accrocher leur regard. « Je croyais que tu étais intelligent ! Tu me déçois! » Un léger rire secoua le plus jeune avant qu’il n’enchaine: « Aiden, t’es tu déjà regarder ? C’est impossible de ne pas te désirer. Tu es un dieu! Et moi, même si parfois on en doute, je suis un homme. Voyons, réfléchis un peu! T’as jamais remarqué qu’après un long et chaud échange de baisers, mes douches sont beaucoup plus longues... ? Que quand tu reviens de la salle de bain vêtu seulement d’une serviette, l’eau coulant encore sur ton torse musclé, je croise systématiquement les jambes? Oh et je vais t’apprendre un truc....tu sais quand je me réveille en sursaut et en sueur, tout tremblant et que tu me serres dans tes bras pour me consoler d’un affreux cauchemar...c’est un rêve qui m’a mit dans cet état...mais pas un cauchemar. » Un sourire malicieux s’étendit sur les lèvres rosées du plus jeune. Oui, il restait un homme qui se faisait des choses sur la douche et qui savait pertinemment qu’Est-ce qu’un porno.

« Je...c’est juste qu’à chaque fois que ça devient plus intense, tu veux faire le kit complet. Je suis pas prêt à ça...m-mais j’ai jamais dit que j’étais pas prêt a faire quelques petits...trucs.. » Et le rouge teinta les joues de cet être si adorable. Quand même, c’était aussi difficile pour lui d’Avouer ce genre de choses que pour Aiden de s’excuser.

« Je croyais que tu étais intelligent ! Tu me déçois ! » Aiden cligna des yeux d'incompréhension. Pourtant, être intelligent, ça il l'était. En quoi est-ce que le plus vieux pouvait bien le décevoir au point qu'il trouvait quand même le moyen de sourire ? Or, il comprit ce que voulait dire son petit ami au fur et à mesure que ce dernier s'exprimait. Park n'avait jamais remarqué tous ces détails. Il avait souvent cru que Sunny prenait son temps dans la douche parce qu'il prenait soin de lui, tout simplement. Le mastiff n'avait jamais prêté attention aux croisements de jambes, puisqu'il croyait qu'il ne s'agissait que d'une question de confort ou peu importe. L'animorphe réalisa à quel point il avait eu tendance à rendre son cadet plus pur et innocent qu'il ne l'était réellement. Comment est-ce que le demi-américain aurait pu se douter que son phénix était apte à faire des rêves érotiques ? Tout ça le troublait un tant soit peux, mais le rassurait en même temps. Au moins, maintenant, Aiden savait que Yang ne restait pas insensible à son charme et ce fut bien assez pour rebooster l'ego déjà bien nourri de l'aîné. Rassuré, il échappa un soupire, laissant ses épaules s'affaisser avec une certaine légèreté.

« j’ai jamais dit que j’étais pas prêt a faire quelques petits...trucs.. » Cette partie se révéla plutôt intéressante. Quelques petits trucs ? L'oiseau de feu aurait pu le lui dire avant par contre. Tout ça aurait pu éviter quelques prises de tête inutiles et le brun n'aurait sûrement pas craché sur une telle proposition. Encouragé par ces propos, le canin afficha un fin sourire, hésitant d'abord s'il devait tenter le terrain en prenant tout ça pour une invitation à le faire. Les joues de son petit ami se tintèrent d'une jolie et douce couleur rouge qui venait contraster avec sa peau pâle. Lentement, mais avec confiance, Aiden posa ses mains contre les hanches du blond pour le forcer à se tourner complètement face à lui, ne les déplaçant toutefois pas une fois chose faite. « Pourquoi ne pas me l'avoir dit avant ? Il faut bien commencer quelque part... » Il fallait l'avouer, Park avait la mauvaise manie de souvent vouloir aller trop vite. De ne pas réfléchir. S'il voulait que Sunny gagne en assurance dans le domaine, il fallait forcément qu'il commence en bas de l'échelle et non pas en plein milieu. « Je pourrai te montrer deux ou trois petites choses si tu restais dormir avec moi cette nuit... Je suis prêt à parier que ça te plairait.. »

« Pourquoi ne pas me l'avoir dit avant ? Il faut bien commencer quelque part... » Des mains soudainement assurées se posèrent sur ses hanches, augmentant la rougeur de ses joues. Pourquoi ne pa s lui avoir dit avant? Tout simplement parce qu'il avait toujours eu l'impression que faire juste quelques trucs serait encore plus agaçant et aguicheur pour le plus vieux. Mais il réalisait maintenant qu'au contraire, ce serait un pas en avant pour leur couple et se serait bénéfique pour les deux jeunes hommes : Aiden serait contenté, du moins il n'aurait plus à se satisfaire tout seul dans une douche froide. Et Sunny, de son côté, pourrait s'initier tranquillement à ce genre de pratique sans toutefois ressentir le stress qu'automatiquement, si ils se touchaient , ils finiraient par faire le kit complet. « Je pourrai te montrer deux ou trois petites choses si tu restais dormir avec moi cette nuit... Je suis prêt à parier que ça te plairait.. » Peut-être. Après tout, après avoir réglé quelques différents, le phénix n'était plus décidé à quitter le plus vieux. Sauf qu'il était toujours contrarié pour le texto, il ne pouvait donc pa s le laissé si facilement, non? Pourquoi ne pas lui faire une simple petite peur, juste question de s'amuser?

Sans dire un mot, le plus jeune baissa les yeux, comme si il venait de revenir à sa petite frustration des minutes précédentes. Il se dégagea des mains baladeuses du mastiff sur son corps et se retourna lentement dos à lui, allant vers la porte de la chambre pour finalement en sortir. Évidemment, il eut un sourire en sentant la présence inquiète de son amoureux dans son dos : il connaissait trop bien Aiden pour ne pas se douter que celui-ci était bien trop têtu pour perdre aussi finalement. Enfin, il atteignit la salle de bain, y entra, toujours suivi par l'animorphe. Le jeu de théâtre se termina là, puisque le phénix verrouilla la salle de bain en se retournant avec un sourire, ayant posé au préalable son fichu panier. Lentement il poussa son aîné pour le faire asseoir sur le comptoir de la salle de bain. « C'est dommage que tu aies déjà pris ta douche... » Lentement, son regard ancré dans celui du brundinet, il défit lentement les boutons de sa chemise blanche, marquée du sceau de son école, dévoilant graduellement son si fin, mais si attirant torse. La chemise glissa le long de ses bras alors que ses mains allaient rejoindre la boucle de sa ceinture, ayant au précédent passé sensuellement sur sa propre peau. Le pantalon rejoignit bien vite la chemise au sol. Tous les mouvements de Sunny était teintés de sensualité : il n'était peut-être pas familier aux relations sexuelles même, mais il savait bouger. Il avait longtemps fait de la danse, son corps savait pertinemment se déhancher. Et il savait très bien comment mettre ses atouts en valeur pour être désirable et sexy au point de rendre les autres, et surtout Aiden, fou de lui.

Toujours en une lenteur se rapprochant de la torture, le phénix entra dans la douche, disparaissant derrière la vitre ornée d'un motif laissant entrevoir sa silhouette, sans laisser voir distinctement son corps. Avant de refermer la porte, un bras se faufila dans la fine ouverture pour laisser tomber le boxer du phénix. La porte claqua doucement et le plus jeune ouvrit la douche, poussant un soupire au limite de l'érotisme quand l'eau chaude glissa sur sa peau. Les yeux fermés, il appréhendait la réaction de l'ainé. Son cœur battait follement. C'était tout de même la première fois qu'il se retrouvait totalement nu dans la même pièce que son bien-aimé.

Son cadet ne dit pas un seul mot de plus, forçant Aiden à se demander s'il avait dit quelque chose de trop ou de déplacé. Peut-être que finalement, Sunny n'avait pas abordé le sujet pour se recevoir des avances et que Park avait encore tout fait foirer. L'oiseau se sépara de ses mains posées contre ses hanches pour sortir de la chambre. Pourquoi ne disait-il rien ? « Bébé...? » Intrigué par le mutisme dans lequel se réfugiait le phénix, l'animorphe le suivit hors de la pièce jusqu'à... la salle de bain ? Franchissant le seuil des lieux, l'aîné haussa un sourcil en gardant son regard posé contre le blondinet. Blondinet qui se chargea lui-même de verrouiller la porte en lui glissant un sourire. Park pencha légèrement la tête sur le côté, curieux au sujet de ce cher sourire qui ornait les lèvres de son bien-aimé. Devait-il le prendre comme une façon subtile de lui dire qu'il était d'accord ? À cette réflexion, le plus vieux sentit son cœur s'affoler doucement, préférant ne pas sauter trop vite aux conclusions pour ne pas être déçu peu après.

Sans le moindre signe de protestation, il laissa Yang le pousser en direction du comptoir où il trouva une place pour s'asseoir, ne lâchant pas le plus jeune du regard. « C'est dommage que tu aies déjà pris ta douche... » Dommage ? Aiden cligna des yeux comme un enfant qui attend la suite d'une histoire. La suite ne fût pas verbale mais plutôt gestuelle, au plus grand bonheur du mastiff qui suivit avec attention la scène qui se déroulait devant lui. Lentement, Park passa sa langue sur ses lèvres, commençant à se faire de plus en plus à l'idée que Yang était en train de céder. Il pouvait sentir son propre cœur battre avec davantage de force et ses doigts brûlaient d'envie d'aller toucher la peau pâle qui se dévoilait petit à petit. L'animorphe ne manqua rien du strip-tease personnel que lui offrait son petit ami. Le demi-américain se mordilla la lèvre lorsque Sunny se retrouva uniquement vêtu de son sous-vêtement et se laissa glisser du comptoir pour retrouver le plancher sous ses pieds, mais avant qu'il ne put tendre les mains ou même s'approcher tout simplement, le blond se dirigea dans la douche. Cette douche aux carreaux givrés qui ne laissait que voir la silhouette du plus jeune et avant que la porte ne soit refermée, le boxer que portait précédemment l'oiseau alla rencontrer le carrelage de la salle de bain.

Omo. Le brun entendit l'eau se mettre à couler et l'émoustillant soupire du phénix. Il n'en fallut pas plus pour l'inciter à se départir de ses vêtements à son tour même s'il avait déjà pris sa douche. Sa main ouvrit la porte pour lui permettre de se faufiler à l'intérieur à son tour, son regard se posant directement sur le dos qui se dressait devant lui. Aussitôt, ses mains trouvèrent leur place contre les hanches du blond et ses lèvres vinrent se poser contre sa nuque. Il prit toutefois la peine de ne pas coller son bassin contre ses fesses. Premièrement car, Aiden ne voulait pas faire paniquer Sunny inutilement et deuxièmement, parce que tout ça ne le laissait pas bien indifférent. « Je dois en conclure que tu acceptes ? » vint demander d'une voix douce et grave le harfang.

Des mains sur ses hanches le firent frissonner. Ses propres mains allèrent se poser sur celles, baladeuses, de l’animorphe. Comment de fois avait-il rêver à une scène de ce genre ? En secret bien sûr. Il n’aurait jamais pu avouer aux autres -déjà qu’il avait peine à se l’avouer à lui-même qu’il avait ce genre de fantasmes. Il se pinça les lèvres en écoutant la voix du plus vieux. Il hocha doucement la tête pour affirmer qu’en effet, il acceptait. Sunny voulait ...tellement de chose. Il voulait qu’ils se réconcilient pour de bon, que leur couple fasse enfin un pas en avant. Il voulait faire plaisir à Aiden, pour une fois. Ne pas le décevoir. Il voulait sentir sa chaleur, se sentir réconforté pour l’affreuse journée qu’il avait passé. Et il voulait que son petit ami lui fasse du bien, pour se faire pardonner le mal qu’il lui avait fait un peu plus tôt.

Lentement, son corps se retourna pour faire face à son amoureux, son regard s’accrochant au sien. Ses mais glissèrent des mains du mastiff, le long de ses bras, remontant à ses épaules pour ensuite se perdre sur le torse musclé de son , désormais, amant. Son corps chercha instinctivement à se blottir contre celui de son vis-à-vis et le contact de leur peau chaude le fit soupirer à nouveau, puis rougir de gêne. Comment pouvait-il être si sensible ? Enfin. Si le chien avait cru plutôt qu’il ne faisait pas d’effet au maknae, le voir être si désorienté, si fébrile devant ce corps nu ne pouvait que lui redonner une totale estime de lui-même. Une étrange sensation envahit le blondinet, comme si une partie de lui s’envolait, laissant place à une nouvelle facette de personnalité: l’être pudique à l’extrême quittait lentement ce corps, laissant la place à un Yang désireux, nouvel esclave de la tentation, prisonnier du désir. Mais la vierge effarouchée en lui, tout de même difficile à éloigner, laissait une trace: les joues aussi rouge qu’une pivoine, le cadet n’arrivait pas à baisser le regard plus loin que le visage de son amoureux, effrayé à l’idée de voir, pour la première fois, la virilité de ce dernier. C’était presque mignon de le voir aussi en proie à différents sentiments contradictoires. Il désirait le toucher, ses doigts dessinant déjà les lignes parfaites de son torse, mais il avait peur de le regarder. Il avait envie de l’embrasser, son regard ne cessant de loucher vers ses lèvres si tentatrices, mais il avait peur de se laisser envahir par une trop grande passion. Une passion nouvelle qui l’envahissait, lui donnait une bouffée de chaleur dont, il en était sûr, la température de l’eau n’était pas responsable.

Il avait initié le mouvement. Il avait fait bien des progrès. Mais maintenant, c’était au tour de l’aîné de prendre les rennes car la princesse était totalement perdue et figée.

Son cœur ne fit qu'un bond lorsqu'il remarqua le hochement de tête positif du blond. Il acceptait. Étrangement, Aiden se sentit soudainement plutôt nerveux. Une impression qui ne lui était pas très familière dans ce genre de moment, mais explicable. Il y avait un bail que Park n'avait pas eu de compagnie pour ce genre de situation et constater qu'aujourd'hui, la personne qui brisait cette longue chaîne de solitude était Sunny le rendait particulièrement heureux, bien qu'il gardait cette crainte que ça ne plaise pas au Yang qu'il connaissait si pur et innocent depuis le début de leur relation.

Ses mains s'écartèrent à peine de la peau du cadet pour le laisser pivoter et lui faire face, sentant une vive chaleur le parcourir dû à cette nouvelle situation. Il les reposa à leur place tandis que celles du plus jeune parcouraient un trajet précis jusqu'à atteindre son torse. Pour une fois, Aiden était plutôt fier de prendre le temps de s’entraîner. Le rapprochement de leur corps le fit frissonner, cherchant inconsciemment à son tour davantage de contact avec le phénix. Lentement, il glissa une main contre le creux des reins de l'oiseau et la seconde vint se poser contre la joue rougit de ce dernier. Un fin sourire étira les lèvres de l'aîné, le trouvant particulièrement adorable, mais également d'une rare beauté. Il était évident que toutes les facettes de Sunny ne pouvaient être changées en un instant et que certaines persisteraient. Par respect pour le blond, le brun ne glissa le moindre coup d’œil plus bas, voyant clairement que ce dernier peinait à le faire et préféra garder son regard ancré au sien.

Ses doigts descendirent jusqu'à se placer sous le menton du cadet qu'il maintint en place pour venir s'emparer de ses lèvres. Un baiser auquel il ajouta bien vite la langue pour l'approfondir tandis que sa main repartait déjà, caressant son cou, son épaule et son torse avec une certaine légèreté pour finalement s'arrêter contre le ventre de Yang. Ne rien brusquer. Même si ses pensées étaient déjà bien évaporées, ces trois mots n'étaient jamais bien loin pour lui rappeler qu'il s'agissait de la première fois que le phénix vivait un tel rapprochement. Aiden força Sunny à s'adosser contre la paroi de la douche, recevant désormais l'eau en biais contre la peau de son propre dos. Ses lèvres se séparèrent de celles du coréen pour se faufiler dans son cou qu'il parcourut de baiser avant de s'arrêter près du creux de son oreille pour y souffler un doux « je t'aime » avant de revenir sceller sa bouche contre la sienne. Sa main posée contre le ventre de l'oiseau se réactiva et ses doigts effleurèrent sa peau jusqu'à suivre la ligne du V sans pour autant s'approcher de trop près de ce qui faisait de son petit ami un homme. Park était impatient. Impatient d'enfin entendre les soupires et les gémissements du plus jeune. Simplement y penser le submergea de nouveau d'une chaleur notable et, involontairement, son bassin se colla contre celui de Sunny, le poussant à échapper un soupire contre ses lèvres. Les doigts de sa seconde main, qui avait retrouvé son chemin contre sa hanche un peu plus tôt, se crispèrent légèrement contre sa peau. Si peu et pourtant, tellement beaucoup.

Sunny se sentait ...étrangement bien. Comme si le monde avait arrêter de tourner, juste pour eux. Dorénavant face à l’élu de son coeur, il sentit son coeur manquer un battement. Si, à chaque matin, chaque jour, chaque fois qu’il le voyait, l’oiseau trouvait le mastiff d’une incroyable beauté, ce n’était rien comparé à cet instant. La beauté de l’aîné coupait littéralement le souffle du maknae, il n’en revenait simplement pas d’avoir le chance de l’avoir dans sa vie. Dire qu’il y avait à peine 20 minutes, il pensait rompre. Si il aurait pu, le blondinet se serait bien giflé à l’instant même pour avoir osé penser une telle chose. Malgré une rougeur sur ses joues, démontrant une gêne apparente, Yang se sentait bien. En confiance. Et il appréciait fortement que le regard de l’aîné soit toujours encré au sien, au lieu de mater son corps frêle: il se sentait respecté.

Le phénix ne négocia pas quand les lèvres de son amoureux vinrent quémander un baiser. Au contraire, il répondit goulument, avide de passion. Sa langue rencontra sa jumelle pour une danse qu’il rendit vite effrénée. Son corps, de plus en plus réceptifs aux mains d’Aiden, ne pouvait que frissonner, sa peau se hérissée délicieusement. La princesse n’était point effrayé, pour une fois. Au contraire, le jeune homme fut presque déçu de sentir la main de Park s’arrêter contre son ventre, arrêtant par le fait même ses longs frissons. Ces nouvelles sensation lui faisait tourner la tête, le rendant avide de contact et de plus en plus fougueux dans leur baiser. Son dos heurta la paroi de la douche et à ce mouvement, les mains du blondinet sortirent de leur zone de confort, c’est-à-dire le torse de l’ainé, pour venir s’accrocher à lui. Au centre du dos toutes les deux au départ, la droite partie en direction de la nuque de son amant, jouant amoureusement dans ses cheveux. La gauche, plus coquine, descendit lentement le long de sa ravissante et si attrayante chute de rein. La fin du baiser fit grogner légèrement le cadet, mécontent d’être ainsi privé des douces lèvres de l’harfang. Mais il ne put que pincer les lèvres, puis se mordiller celle inférieure alors que les lèvres de son vis-à-vis parcourait son cou, et le « je t’aime » soufflé à son oreille lui arrache un faible soupire. Il n’eut pas le temps de répondre, toutefois, que leurs lèvres s’épousaient à nouveau. Sa main droite resta contre sa nuque alors qu’il approfondissait le baiser. L’embrasser ainsi, l’embrasser tout court, lui avait énormément manqué. Les doigts du brundinet recommençait à bouger dans le coin du bas-ventre, le faisant frémir. Sa main gauche elle continuait son exploration, étant maintenant au stade du fessier de l’ainé. Quand Aiden était en jeans, Sunny adorait l’embrasser car il pouvait glisser ses mains dans ses poches arrières, tripotant subtilement le ravissant derrière de son chéri. Or là, c’était cent fois mieux. Dire qu’ils avaient attendu si longtemps...par sa faute en plus.

Soudain, le bassin de l’aîné entra en contact le sien, le baisa stoppa quelques secondes. La diva avait l’étrange impression qu’un volcan avait explosé dans son corps tant la bouffée de chaleur qu’il avait ressentit avait été puissante. Si Aiden laissa filer un soupire, c’est un petit gémissement qui franchit les lèvres du plus sensible des deux. À son tour, le plus jeune laissa ses lèvres aller errer dans le cou de son petit-ami, ses deux mains ayant rejoint sa chute de rein pour y faire une légère pression, obligeant le bassin de Park à rester près du sien. Il était déjà accro à cette sensation si grisante. Là, à ce moment précis, si le chien aurait proposé a Yang d’aller au bout, il aurait sûrement dit oui, perdu dans les méandres du désir comme il était.

Si lui luttait pour ne pas aller trop vite et risquer de brusquer Sunny, son corps ne semblait pas du même avis. Aiden arrivait pratiquement à sentir son sang bouillir dans ses veines et les pulsations de son cœur être perceptibles jusqu'au bout de ses doigts. Le fin gémissement que poussa le cadet n'aida en rien l'aîné à conserver une part de sang-froid. Sa voix était merveilleuse, comme il se l'était maintes fois imaginée dans cette même douche. Les lèvres de Yang glissèrent pour parcourir son cou et Park inclina la tête du côté opposé pour lui offrir une plus grande surface, fermant également les yeux. La proximité de leur corps empêchant sa main de se rendre efficace, il la retourna contre la hanche de son petit ami, la laissant divaguer du côté de la paroi, se faufilant pour aller caresser sa fesse avec aisance. Depuis combien de temps avait-il espéré pouvoir toucher ce derrière aussi invitant sans en être séparé par la présence de morceaux de tissu ? Il n'en savait plus rien. La notion de temps était devenu un concept abstrait dans son esprit occupé à s'assurer que tout ça était réel, qu'il n'était pas en train de rêver. Heureusement, les sensations n'avaient rien à voir avec un rêve et elles étaient beaucoup trop fortes pour ne pas être vraies.

Son désir de faire plaisir à Sunny lui paraissait trop puissant pour être encore ignoré et pour cette raison, il se sépara légèrement de l'oiseau pour le regarder dans les yeux. Ses pupilles brillaient du reflet caractéristique de l'envie et sans un mot, il échangea de place avec le plus jeune, trouvant ensuite un endroit de la douche où ils ne risqueraient pas de se recevoir l'eau en pleine poire – ce qui ne serait pas très sympa -. L'endroit parfait découvert, le mastiff s'y assit, entraînant Sunny avec lui tout en lui faisait coller son dos contre son torse, le forçant à s'installer entre les cuisses de l'aîné. Les lèvres d'Aiden trouvèrent aussitôt leur chemin jusqu'à sa nuque, l'y embrassant malgré la présence de quelques mèches parfois sèches, d'autres légèrement trempées et bifurquèrent contre la peau sensible de son cou. La paume de sa main droite se pressa contre la cuisse de Yang pendant que son bras gauche venait se passer légèrement plus haut que son ventre lisse et fin pour le maintenir en place, bien que cela semblait inutile. Profitant de la présence de ses lèvres contre l'épaule de son cadet, il glissa un premier regard en direction de la verge de son petit ami. Déjà si excité pour si peu – bien qu'Aiden était for mal placé pour parler –. Sa main contre sa cuisse remonta, caressant la peau sur son passage jusqu'à approcher dangereusement sans s'arrêter pour finalement entrer en contact avec le membre excité qu'il effleura doucement du bout de ses doigts.

« Je peux...? » demanda le plus vieux dans un souffle, son visage ayant retrouvé sa place dans le creux du cou du plus jeune, y déposant un nouveau baiser après sa demande qui n'attendait qu'un accord pour lui faire plaisir. Park savait déjà la réponse, mais il désirait simplement le torturer. Un peu comme une mince vengeance pour toutes les fois où Sunny l'avait rembarré.

Les positions furent échangées sans que Sunny n’ait le temps de donné son avis. Néanmoins, il allait certainement pas s’en plaindre ! Il était déjà déconnecté du monde réel, perdu dans ce monde de péché et de plaisirs cachés. La main qui errait sur sa cuisse, remontant vers l’objet de son plaisir, lui faisait tourner la tête. Comment pouvait-il en avoir autant envie avec si peu ? Comment pouvait-il se montrer si sensible au simple contact d’une main sur sa cuisse ? Oh...plutôt d’une main sur sa verge. Un soupire s’échappa d’entre ses lèvres alors que la voix de l’ainé lui demandait l’approbation. L’avait-il sa réponse ? Un hochement de tête confirma le tout. C’était évident qu’il voulait être touché, satisfait, atteindre un plaisir à deux, pour la toute première fois.

Les mouvements qui débutèrent le firent gémir de plaisir. Aiden qui avait toujours voulu entendre ce genre de son était servi: chaque mouvement lui attirait une petite plainte, plus ou moins aigu. Les yeux fermés, les joues rougies, la lèvre inférieure meurtrie par les dents qui venaient la mordiller quand le plaisir se faisait trop grand. Une main tremblante se faufila vers l’arrière se glissant, parfois s’agrippant, dans la chevelure brune de l’animorphe qui déjà accélérait le mouvement sur le mini-Sunny. L’autre main vint glisser le long du bras droit de son amant, pour venir poser sa main contre celle qui le faisait, lentement mais sûrement, monter vers le septième ciel. Crispant les doigts sur les siens, il lui entama un rythme plus rapide, voire plus brusque. En merveilleux petit ami qu’il était, Aiden semblait savoir exactement quand apposer une certaine pression, accélérer le rythme, le ralentir -pour le faire languir-. Il ne pouvait être qu’encourager par les gémissements de plus en plus longs et rauques du blondinet qui n’aurait jamais voulu que ça s’arrête. Pourtant, le temps faisant en sorte que toute bonne -délicieusement trop bonne- chose ait une fin, il se libéra en un cambrement explicite , les lèvres entrouvertes pour laisser passer un cri silencieux, étouffé dans sa gorge, quand une puissante bouffée de chaleur lui engourdit le corps en entier.

Il lui fallut quelques minutes pour retrouver son souffle et sa lucidité. Un sourire étampé sur son visage, il ne pouvait qu’être totalement heureux. Tournant la tête vers son amoureux, il lui octroya un fin et rapide baiser avant de lentement se relever. « À toi maintenant... »