Je ne suis pas vraiment le genre de garçon qui aime raconter sa vie… Alors de là, raconte toute mon histoire, c’est un peu trop je pense. Mais je peux faire une exception, car je suis d’humeur généreuse. Voilà, j’ai dit que j’allais raconter mon histoire, mais pas quoi commencer ? Déjà on peut dire que je n’ai jamais connu mes parents ? Oui, je pense que l’on peut commencer lorsque j’étais encore qu’un gamin innocent qui ne comprenait pas pourquoi certains garçons de mon âge allaient au cinéma, jouaient, rigolaient avec ses parents pendant que moi je devais rester dans cette rue poisseuse toute la journée… Non, je ne le comprenais vraiment pas. Dieu était cruel avec moi, pourquoi je n’avais pas le droit au bonheur comme les autres ? Je voulais aller à l’école, apprendre beaucoup de choses, pouvoir exercer un bon métier avoir une belle femme intelligente faire une bonne famille etc… Mais tout cela n’était que des rêves d’enfants qui ne durèrent pas. Au moment où je pensais que j’allais vraiment pourrir, je devais avoir à peu près dix ans, je fus adopté par une famille aisée et je pus donc découvrir ce que vivre dans une maison signifiait. J’allais aussi à l’école, comme tous les autres enfants de mon âge, même si au départ je dus prendre des cours particuliers afin de rattraper toutes les années où j’étais dans la rue. J’adorais cela, prendre des cours de mathématiques, de Japonais ou encore d’Anglais me comblait de joie. Je voulais connaitre le plus de choses possible, je m’inscrivais dans beaucoup de cours de langues comme le Français, l’espagnol, le coréen… et je voulais absolument jouer de la musique, de la guitare pour faire comme les rock stars. Mes parents étaient des personnes très sympathiques, très compréhensives et me laissait beaucoup de liberté. Sauf qu’ils ignoraient qu’ils abritaient un animorphe, et, moi-même, je n’étais pas au courant que j’en étais un.

Je pense que ma famille n’a jamais eu de chance, car, j’appris plus tard que mes parents avaient été tués par une grande sœur -qui était ma grande sœur- qui avait perdu la tête et avait sombré dans la schizophrénie. J’avais donc une sœur. Une fille plus âgée, ayant le même sang que moi et qui m’avait enlevé mes parents… Je la détestais. Même si je ne la connaissais pas, je lui vouais une haine sans limite. Mais je ne pouvais pas la retrouver afin de me venger, car cette dernière avait mis le feu à la maison tuant par la suite ma petite sœur qui avait tout juste un an et elle-même. Accident ou tentative de suicide ? On ne le saura jamais. Mais pourquoi je n’étais pas là ? Je n’en ai aucun souvenir, je sais juste que je n’étais pas présent. On m’a dit que c’était parce que j’étais chez un ami et que le lendemain je n’y étais plus… Enfin, je m’en fiche un peu de l’endroit où j’étais et de ce que j’y faisais, je sais juste qu’à cause de cela, je me suis retrouvé dans la rue. Cette rue où je devais survivre, fouillant dans les poubelles à la recherche de quelque chose à manger, je savais ce que « avoir faim » voulait dire…

Le reste vous le savez, donc revenons à un des seuls moments heureux de ma vie. J’étais très occupé entre tous mes cours de langues, de musique et autres encore… Mais vint un jour malheureux qui brisa une nouvelle fois une famille. Le jour de mon anniversaire, j’allais, le soir même, fêter mes seize ans, mes parents adoptifs avaient décidés de faire une fête surprise avec tous mes amis du lycée. La fête ne se passait pas chez moi, car sinon, ça ne serait plus crédible avec tous les préparatifs à faire, alors mes parents m’emmenèrent en voiture dans la salle où tous mes amis m’attendais. Il pleuvait ce jour-là, et malheureusement, la voiture se fit percuter par un camion qui n’avait pas réussi à freiner au stop. Je m’en souviens encore, je voyais les phares du véhicule approcher rapidement vers nous. Je me rappelle de la peur que j’ai eue cette soirée-là, je croyais que j’allais mourir. Mon ventre me faisait extrêmement souffrir tellement j’étais effrayé. Je fermai les yeux et me disait que tout était fini.
Lorsque je retrouvai mes esprits, j’étais hors de la voiture, presque indemne… Pour ce qui était de mes parents adoptifs, ils n’avaient pas survécus… Je déteste le jour de mon anniversaire. Je crois que je suis maudit. Je ne sais pas ce que j’ai fait, mais, perdre deux fois sa famille, c’est pas quelque chose dont on peut se remettre facilement. Je crois que c’est à peu près à ce moment-là qu’un parasite vint s’incruster dans ma tête.

La nuit, je voyais mes parents biologiques et adoptifs mourir devant moi, je voulais les aider mais je n’arrivais jamais à temps. J’entendais tout le temps quelqu’un rire derrière moi mais lorsque je me retournais il n’y avait personne. Ce rire était dans ma tête. Je commençai à m’inquiéter lorsque j’entendis ce rire en plein jour. Je ne dormais pourtant pas… Je devenais fou. Je suis resté dans un orphelinat après le drame et j’y suis resté jusqu’à mes dix neufs ans. Là-bas, j’avais rencontré une fille qui n’avait jamais connu ses parents non plus, et dont tout le monde n’osait pas s’approcher parce qu’ils disaient qu’elle portait malheur…Si c’était vrai, au moins, je n’étais plus tout seul. J’ai vite sympathisé avec cette fille et on trainait tout le temps ensemble, seulement tous les deux, on ne se mélangeait jamais aux autres. J’éprouvais de forts sentiments à son égard, d’ailleurs je me rappelle qu’à un moment, où je l’avais surprise en train de se changer, j’avais perdu conscience et m’étais réveillé plus loin, beaucoup loin. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Cela faisait maintenant plusieurs fois que je perdais conscience lorsque j’étais surpris, effrayé etc… Je ne le compris que lorsque mon amie m’expliqua que j’étais devenu un chat noir… Et puis quoi encore ? Je ne la croyais pas, un humain ne devient pas un chat comme cela ?
Je commençai néanmoins à la croire lorsque je prenais conscience de cette transformation, en deux, j’arrivais maintenant à me changer à volonté et contrôler mes pensées et mes gestes. Etrangement, cette transformation ne choquait pas mon amie qui me trouvait « trop mignon »…
Elle me parlait souvent d’une ville dont elle avait entendu des rumeurs ; Asaviks. Elle me cassait les oreilles car elle voulait y aller, tous les jours elle m’en parlait, comme quoi c’était très bien pour une personne comme moi.
Alors, dans une poussée de générosité, je lui proposai d’y aller lorsqu’elle aurait dix-neuf ans.
Il y avait aussi une chose que j’avais remarquée, c’était que lorsqu’elle était près de moi, je n’entendais plus ce rire glauque. Je devins vite dépendant d’elle, j’avais besoin qu’elle soit près de moi.

On était enfin sorti de cet orphelinat. Mon amie était plus qu’excitée, elle voulait aller jusqu’au Groenland le plus rapidement possible. On n’avait pas beaucoup d’argent, on était au Japon… C’était très compliqué. Pendant un an on travaillait sans s’arrêter accumulant les heures supplémentaires, c’était très fatigant mais on a fini par avoir assez d’argent pour y aller.
On n’avait pas fait le voyage d’un coup, on s’arrêtait un peu partout, visitant les endroits où l’on allait, qui étaient sur la route bien sûr, on ne faisait pas de détour, on s’attardait, c’était tout.
Nous nous sommes arrêtés dans une ville très peuplée. Mon amie était toujours aussi excitée que le jour où nous avons commencé à voyager, mais elle ne faisait attention à rien, bousculait des passants sur les trottoirs, marchait dans toutes les flaques d’eau et autres… C’était impossible de la calmer. Mais, cette excitation l’a aussi conduit à sa perte. Traversant la route sans regarder le feu qui passait au vert pour les voitures, elle se fit renverser. J’étais avec elle, mais une fois de plus, ma transformation en chat m’a sauvé. Pourquoi elle me sauvait tout le temps alors que tout autour de moi des gens mourraient ? Deux secondes après que la tête de mon amie eut heurté le sol, je repris forme humaine, remettant mes vêtements précipitamment, à l’abri des regards. Je m’étais accroupi au-dessus d’elle et l’appelait mais en vain. Elle était morte sur le coup… Je déteste le Japon.
Avec tout ça, je peux croire que je suis vraiment maudit, je porte malheur à tous ceux qui m’approche, c’est pour cela que depuis son accident, je reste seul, je ne me mélange plus. Enfin, je ne suis pas si seul que cela, car la petite voix dans ma tête était revenue. Elle me hantait, elle me disait des choses horribles… Je pourrais devenir comme ma sœur biologique et détruire une famille en une nuit… Oui, c’était possible, mais j’arrivais tout de même à me contenir.

La dernière chose que je voulais faire après avoir perdu la dernière personne à laquelle je tenais vraiment, était de réaliser son rêve. Voilà comment je suis arrivé ici, à Asaviks.

Pourquoi avoir besoin de mon avis pour cela ? Je n’ai rien à dire, chacun est ce qu’il est, point. Pourquoi un vampire ou un loup-garou serait automatiquement dangereux ? Je me transforme bien en chat noir « mignon » selon certaines personnes, alors pourquoi un loup-garou ne serait pas mignon aussi ? Bon, c’est vrai que lorsqu’ils ne se contrôlent pas, ça peut faire mal mais ce n’est pas vraiment de la faute de la personne. Alors pour moi, qu’on soit un Dragon, un loup-garou, une hydre ou je ne sais quoi, c’est pareil. C’est le caractère, la façon de penser qui compte, non ? Tout cela pour dire que je n’ai aucune opinion sur les races.