Née à Glasgow, d'un père anglais et d'une mère écossaise, elle est la petite dernière d'une famille de trois enfants. Fille unique et chérie, couvée tant par ses parents que par ses deux frères, elle n'a jamais manqué de rien et c'est sans doute un miracle si, aujourd'hui, elle n'a pas gardé de ses années d'enfance une forte tendance au caprice. Mais elle aura tout de même développé une forte crainte de la solitude et un côté dépendant dont elle peine à se séparer, mais qu'elle tend à refréner, craignant de passer du statut d'amie ou de proche à celui de véritable poids à traîner. Amoureuse de son pays natal, elle n'y resta que peu de temps, avant de déménager pour Oxford à l'aube de ses dix ans. Elle s'attacha bien vite à l'Angleterre et à sa campagne, pas si différent des paysages écossais. Peu lui importait qu'on se moqua parfois de son accent, cela ne l'empêcha pas de se faire autant d'amis que faire se pu, et son enfance se déroula sans accroc, bercé par l'amour incontesté de ses parents et de ses proches.
Deux ans plus tard, pourtant, dans des circonstances dont elle peine à se souvenir, elle passa du statut d'humaine à celui de corbeaux. Paniquée, surprise, effrayée, elle passa par la fenêtre et ne retrouva sa forme normale que quelques kilomètres plus loin, entièrement nue. Par miracle, elle parvint à rentrer chez elle sans croiser âme qui vive et s'écroula sur son lit pour pleurer toutes les larmes de son corps, refusant de croire à ce qui venait de lui arriver et surtout, persuadée de n'être plus qu'un ignoble monstre. Sa mère la découvrit ainsi et devina sans mal ce que venait de vivre son enfant : elle lui révéla à cette occasion qu'elle aussi avait vécu ce genre de chose et que le « don » coulait dans les veines des femmes de sa famille depuis des générations. Après bien des mots et des caresses, Yanna fut calmée, mais toujours persuadée qu'être différente était mal, peu importe que sa mère le fut également. Les années passèrent, elle apprivoisa son don, mais son opinion sur sa condition ne changea guère. Elle alla jusqu'à craindre les animaux, et surtout les oiseaux, qu'elle tenait presque pour responsable de sa « malédiction ». Plus agressive, plus réservée, elle n'était plus que l'ombre de l'enfant joyeux et souriante qu'elle avait toujours été. Et il en fut ainsi jusqu'à sa rencontre avec un étrange petit bonhomme, taxidermiste de son état. Elle avait alors dix-sept ans et était plus sauvage que jamais. Pourtant, ce petit monsieur à l'air malicieux parvint à capter son attention et, avant qu'elle ne comprenne, lui communiqua sa passion. Non pas pour la mort, non pas pour la vie, mais bel et bien celle des animaux. Elle apprit à les aimer de nouveau, à pleurer leur mort et à prendre soin d'eux même après leur décès. Il ne lui fallu que deux années supplémentaires pour retrouver ce goût des autres qu'elle avait toujours eu, et ce sourire facile qui lui avait tant manqué. Le petit bonhomme lui, disparu un an après, alors qu'elle atteignait ses dix-neuf ans. Personne ne su ce qui lui était arrivé, mais le fait est qu'on ne retrouva pas la moindre trace de lui, si ce n'était sa petite boutique et ses animaux empaillés.
Et Yanna grandit encore, devint plus forte, plus volontaire. Elle se découvrit une véritable passion pour la mode et toutes ces choses dîtes futiles, purement féminine. Qu'on la traite de superficielle, elle n'en avait cure : elle voulait se sentir belle et, désormais, le corbeau qui dormait en elle faisait partie de cette beauté qu'elle voulait à tout prix montrer. Pétillante et incapable de mentir, on s'attachait sans beaucoup de difficulté à cette petite blonde souriante, étrangement attiré par ces bêtes empaillées qui donnaient le frisson à la plupart de ses proches. Seule sa mère s'en amusait, et trouvait le paradoxe tout à fait approprié à son enfant. Intelligente, mais ses ailes lui donnant la bougeotte, elle laissa vite de côté les études pour parcourir l'Europe et y découvrir mille merveilles : c'est en Roumanie qu'elle croisa son premier vampire et en Irlande son premier loup-garou. C'est à ces derniers qu'elle voua d'ailleurs sa plus grande passion, intriguée par ces métamorphes sauvages et incapable de se contrôler, soumis à la lune comme l'était l'humeur des hommes et la mer. Yanna trouva cela beau, infiniment plus que sa propre condition.

Elle ignore l'existence des créatures légendaires, bien qu'elle ait déjà perçu quelques morceaux d'ailes et d'écailles. Mais elle ne réalisera sans doute pas leur existence à moins d'en avoir un véritable sous les yeux, puisqu'il n'y aucune raison qu'elle qu'elle croît en de telles créatures. Elle sait, en revanche, que vampires et loup-garous font partis intégrantes de ce monde, et si les vampires ne l'intéressent pas plus que cela (si ce n'est pour apprendre la meilleure façon de s'en débarrasser ou de les tenir loin), elle est bien plus intriguée par les lycans. Son rêve secret ? Parvenir à trouver une dépouille à empailler, et c'est pour cette raison qu'elle s'est rapprochée de cette étrange ville, perdue en plein milieu du Groenland, où semble se concentrer toutes les créatures surnaturelles qu'on puisse imaginer.