L’événement du mois allait avoir lieu lors d’une belle journée au début du printemps, Edge avait bien hâte de savoir de quoi il en retournait, parce que malgré son poste de policier et ses contacts à la ville, il n’avait pas pu avoir eu d’indice sur ce qui allait avoir lieu. À croire que ça ne servait à rien d’avoir de bons contacts dans ce monde ! Enfin, s’il avait été tout excité, tel un gamin, en voyant la lettre qui donnait le temps et le lieu où il devait se rendre, le jeune homme l’était encore plus lorsqu’il s’y rendit. Après tout, c’était pratiquement digne d’un film - ou plutôt il s’en faisait un en pensant à tout ça - et il ne pouvait pas attendre de voir qui serait son partenaire. C’était bien digne du jeune homme qui faisait le chevalier en étant plus jeune, Lance pourrait témoigner sur l’habitude qu’avait pris son frère de vouloir absolument prendre part à tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à une aventure. Bon, la chasse aux cocos de Pâques lui semblait plutôt ridicule comme aventure, mais sincèrement, il s’en fichait un peu à ce niveau-là. Ça changerait de ses constants échecs avec les ‘criminels’ que personne ne semblait occupé à attraper sauf lui. Bon d’accord, il manquait des preuves, mais c’était justement pour cela qu’ils étaient là.

Enfin, Edge écarta ses pensées tout en continuant d’avancer jusqu’à l’orée des bois à l’endroit prévu. Il était arrivé en avance et la seule chose qu’il y avait c’était un sac à dos. Il en examina le contenu pour passer le temps ; il n’y avait qu’une trousse de premier soin et une lampe de poche. Ça lui indiquait au moins que ça risquait d’être un minimum dangereux et que ça allait très probablement durer un bon moment ! Quoi de mieux pour lui donner encore plus hâte. Il resta donc sur place en attendant, plus impatient qu’autre chose, que son partenaire arrive. Il ne savait pas exactement ce que ça expliquait si ce n’était qu’il devait aller trouver un oeuf dans cette forêt. Il ne savait pas trop comment il allait faire pour réussir ce défi qui se résumait bien à trouver une aiguille dans une botte de foin, mais bon ! Soudainement, alors qu’il se retournait, il vit une figure familière se rapprocher. En reconnaissant la personne à qui elle appartenait, le policier dut faire un effort pour garder son sourire. Non pas qu’il n’aimait pas cette personne, bien au contraire ! Seulement, elle était spéciale à ses yeux et il n’était pas certain que partir dans la forêt avec elle serait la chose à faire pour lui montrer qu’elle l’intéressait... Néanmoins, il s’efforça de sourire de plus belle en prenant le sac pour avancer vers elle. Lorsqu’il fut suffisamment près il brisa le silence : « Il faut croire que le destin à vraiment décider qu’on devait se voir plus souvent ! » Edge faisait bien sur référence à leur magnifique souper à quatre empli de malaise. Il devait avouer que même là il n’était pas vraiment plus à l’aise devant la demoiselle, mais.. « Je suis content de t’avoir comme partenaire en tout cas. » Voilà, il était content de la voir, même s’il craignait maintenant ce qui risquait d’arriver dans cette chasse aux cocos...

Une lettre lui étant adressé avait été posté voilà de ça une semaine. Anabeth crût d’abord à une farce, mais le tampon de la mairie assigné de l’authenticité du document, tout comme le fait que Yanna ait, elle aussi, reçu l’invitation. Une invitation à la chasse aux œufs de pâques, s’il vous plait ! Où le maire allait-il bien cherché ses idées ? Toutefois intriguée par le contenu et la soi-disant aventure annoncée en lettre manuscrite, la vampire s’était laissée tenter au jeu. Notant précisément l’heure et le lieu de rendez-vous avec le possible inconnu lui servant de coéquipier, elle était aussi excitée de retrouver la lumière du soleil : ami qu’elle n’avait plus salué depuis bien des siècles ! Elle ne s’était toutefois pas posée de questions sur la provenance du produit aux vertus humanisantes, et ce l’était injecté immédiatement avant son départ. Simplement accompagné d’un sac à bandoulière fourni de divers éléments de survie, qui, à la base lui étaient parfaitement inutiles, mais n’ayant aucun détails particuliers sur les spécificités de son partenaire, la demoiselle avait préféré jouer la carte de la prudence. Jouasse à l’idée de mettre de pimenté un quotidien où la monotonie dominait sans grande conviction, Anabeth démarra sa marche vers l’aventure.
Humant l’air frais d’un début d’après-midi, la brune s’enivra goulument d’un vent qu’elle n’avait plus aspiré depuis bien trop longtemps. Tout comme les rayons du soleil lui caressaient les traits de son pâle visage, la belle pénétra enfin à la lisière de la zone de chasse. Son regard aiguisé se posa sur une silhouette, posté à une centaine de mètre de sa position. Deux pas de plus, et face à elle se dévoila l’immanquable Edge. Le destin était décidément d’humeur joueuse ! Oh, en aucun cas elle ne se plaignait de la présence du blond, bien au contraire… mais leur rencontre rimait souvent avec déveine. Toute sourire, elle fût accueillit avec la même sincérité, elle fût surprise de remarquer que le garçon lui-même remarquât le dessein qui les unissait si maladroitement. Elle se contenta d’un signe de tête en guise d’approbation, puis l’éloge que lui décerna le jeune homme égaya d’avantage son humeur. Sans pour autant ralentir le pas, Anabeth donna sa réponse avec une jovialité qui ne lui était pas coutume. « C’est aussi un plaisir que de concourir à tes cotés, bellâtre. » elle ria à la prononciation de ce dernier, curieuse de découvrir les talents de policier du blond dont lui avait parlé Yanna. Puis pénétrant sur les premiers des bois, elle ajouta : « C’est une drôle d’idée tout de même. Une chasse aux œufs. Espérons que l’aventure se démontre plus exigeante que l’annonce la lettre ! » L’empressement de la jeune femme exprimait avec exactitude son besoin vital de mouvement, et, bien évidemment, sa bonne humeur. Qui plus est, Edge rendait le cheminement jusqu’à l’œuf plus agréable. Sentant une brise, bien différente des précédentes en terme de fraîcheur, lui chatouiller le nez, Ana leva les yeux au ciel, déconcertée par le résultat de son observation. « J’espère aussi que le ciel se montrera clément… » pria-t-elle suffisamment fort, remarquant un amas de nuages gris jusque-là inexistant. Alors que la chance semblait avoir tourné en leur faveur, le mauvais temps semblait décider à évincer toute les possibilités sans embuches. Il ne leur manquerait plus que ça, tiens…

Si le destin semblait bien déterminé à les forcer à se côtoyer davantage, ce n’était pas Edge qui allait s’en plaindre tout de même ! Heureusement pour lui, ça semblait également être l’avis de la jolie demoiselle qui semblait étrangement de bonne humeur. Certes, elle devait savoir autant que lui que leurs rencontres semblaient toujours rimer avec désastre, mais autant ignorer cette malchance qui les unissait. C’était bien sa chance pour faire mieux, l’impressionner en somme ! Il accueillit le compliment avec beaucoup de joie, après tout, il pourrait au moins se dire que son physique l’avantagerait. Enfin quoi qu’il en soit, le policier était également content de voir qu’elle avait le même avis que lui : un espoir que ce serait plus qu’une simple chasse aux cocos. « Peu importe ce que c’est, j’imagine qu’on va réussir à remporter le truc ! » Oui parce que ça devait être une course ou quelque chose du genre non ? Enfin dans tous les cas, il se permit d’ajouter : « Mais je crois que ça vaudra le détour, vu comment les gens à la mairie ne voulait absolument pas m’en parler. » Parce qu’évidemment, le fait que personne ne voulait lui donner d’information ne relevait pas du fait qu’ils n’étaient pas les responsables de l’événement, mais plutôt du fait qu’ils voulaient cachés quelque chose. C’était tout simplement élémentaire comme réflexion quoi !

Le commentaire de la jeune femme par rapport au temps força le jeune homme à s’en préoccuper, il y avait effectivement de gros nuages plutôt menaçants. Enfin, ce n’était pas une petite averse qui allait le déranger non plus. C’est en se disant ça qu’il suivit la demoiselle dans les bois. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était qu’une petite pluie n’était pas au programme mais plutôt quelque chose qui valait facilement le déluge. Quelques instants après qu’ils soient entrés dans la forêt, l’averse commença et l’intensité de la pluie augmenta plus rapidement qu’Edge ne l’aurait prévu. Il ne manquait que des éclairs et du tonnerre pour que ça soit digne d’une tempête. Plutôt surpris, il décida néanmoins de faire la chose la plus logique : trouver un abri. « On ne peut pas rester sous la pluie comme ça, il faut se trouver un abri. » Il ne lui laisserait pas le choix, elle choperait facilement un rhume si elle restait sous la pluie comme ça... enfin normalement elle en choperait un. Le jeune policier lui attrapa donc la main, sans se soucier du contact, en l’entraina en direction d’une partie de la forêt qui semblait plus touffue. Après un moment, il trouva un sapin dans un état délabré. Il vit l’occasion de faire un abri. Eh oui, il ne fallait pas sous-estimé les ressources du jeune homme. Il ouvrit le sac à dos pour attraper la corde qu’il y avait dans le sac de premiers soins. En quelques minutes, il attacha plusieurs branches de façon à faire un abri. C’était petit et de base, mais c’était ce qu’il y avait de mieux à faire en attendant que ça passe. Il entraina Anabeth avec lui et même si la proximité physique le gênait, il confia à la demoiselle : « J’étais dans les scouts plus jeune... Faut croire que ça m’est utile maintenant. » Il fallait voir l’avantage au moins...

abri ▬ 1 2

Anabeth avait baptisé son coéquipier d’un drôle de surnom : Bellâtre. Ce gentil quolibet plût de suite à la demoiselle, et bien que cela ne plairait peut être pas au garçon, ce doux nom lui serait attribué pour les prochaines heures à venir ! Elle avait envie de rire, jouer, courir à travers les bois de la petit ville d’Asaviks, goûter au moindre rayon du soleil, aussi. Telle une enfant intenable, elle s’était élancée au côté de son acolyte à travers les sentiers parsemés de raies lumineuses. L’esprit chevaleresque d’Edge la rassura, tous deux semblaient aussi motivés quant à la quête qui les attendait, et sa curiosité piquée au vif l’avait même poussé à se renseigner, en vain. « C’est décevant… néanmoins, cela m’intrigue d’avantage ! » répondit-elle, toujours plus enjouée. Pourtant, la vampire désenchanta rapidement. Quelques minutes de marche suffirent à assombrir le ciel. Accélérant le pas machinalement, et bêtement, puisque un coup d’accélérateur ne ralentirait en rien la vitesse à laquelle le ciel se constellait de nuages, tous plus sombres les uns que les autres.
Une goutte, puis une seconde, suivi d’une troisième. Rien d’alarmant, se rassura Ana, sans pour autant ralentir son train de marche, fonçant à travers la forêt. Ils n’eurent pas le temps de promener bien longtemps lorsqu’une pluie revêche abattit son courroux sur leurs deux pauvres têtes. Si cela n’avait tenu qu’à son assentiment, la brunette aurait tracé son chemin à travers l’ondée, quitte à ne gagner que quelques centaines de mètres. L’air renfrogné par ce changement de temps trop soudain à son goût, Anabeth se sentit happée vers une direction différente. Sans pour autant opposer son refus, elle se laissa guider sous le flot incessant, resserrant son étreinte sur la main du blond, afin que leur course ne se termine pas séparément. Au fond d’elle, Ana ne le blâmait point pour cette noble initiative qu’était de protéger au plus vite la belle du violent déluge – celui-ci gagnant en intensité. En héros, Edge l’abandonna quelques instant sous le feuillage touffu d’un sapin, et bien que certaines gouttes passaient à travers les mailles d’épines, il y était plus vivable. D’ailleurs elle l’observait amasser les bribes d’un conifère brisait, mais malgré le désir brulant de lui venir en aide, elle se contenta de rester à son poste, lui lançant malgré tout, un maigre : « Ca va aller, Edge ? » inquiète. Il n’était qu’un humain, et il suffisait qu’une branche lâche pour le blesser gravement. Elle ne risquait pas grand-chose.
Le refuge établi, le policier la tira de nouveau avec lui, l’accueillant sous l’abri de fortune qu’il s’était pressé d’achever avec acharnement. Une fois reclus, Edge lui avoua son secret. Les scouts. Ha, elle se souvînt de ses soirées passées à engendrer la terreur dans ces campements grouillant d’enfants ! « Effectivement, ça en vaut le détour ! » elle complimentât le charpentier avec sincérité, avant de détourner son regard vers l’extérieur. « Pluie de merde. » vociféra-t-elle, amère, à l’égard du rideau de pluie lui faisant face. Qui plus est, finir trempée, ne lui plaisait guère. Ses vêtements lui collaient au corps, ses cheveux dégoulinaient inlassablement et son sac lui-même transpirait : autant dire que sa bonne humeur s’était envolée. Echappant un soupir las, Anabeth entreprit de se défaire des affaires encombrantes, se débarrassant premièrement de sa besace, qu’elle rangea du côté opposé à Edge. Son second geste fût d’ôter sa veste collante, ceci accomplit, son tee-shirt blanc se retrouva à l’affût de tous les regards. Le vêtement devenu translucide, découvrait à la vue de tous les dessous de la belle. Rougissante à la pensée qu’une partie de son partie fût si simplement deviné, Ana croisa ses bras contre sa poitrine, fixant intensément le spectacle du déluge.

Certes, il l’avait déjà vu nue, mais tout de même…

Que la pluie ait commencé à tomber si rapidement c’était louche, pourtant la priorité d’Edge n’était certainement pas d’analyser à quel point c’était bizarre. Non, il était plutôt préoccupé à protéger la gente demoiselle qu’était Anabeth. C’était une intention louable bien qu’oh combien inutile. Après tout, il était loin de soupçonner la jeune femme de ne pas être humaine. Si les vampires ne risquaient pas d’attraper une vilain rhume, les humains, donc lui mais visiblement il se fichait un peu de sa personne pour le coup, le risquaient totalement. S’il n’avait aucun moyen de la réchauffer - outre que de la chaleur corporelle et malgré tout il n’osait pas trop aller jusque là - il se devait au moins de la protéger un peu de l’averse qui leur tombait dessus. Alors qu’il s’occupait justement de ce qui allait leur servir d’abri, il entendit la voix de la jeune femme et il se retourna avec un beau sourire. S’inquiétait-elle vraiment pour lui ? Si c’était bel et bien le cas, il va sans dire qu’il était plus que content. S’il se faisait des idées... eh bien il valait mieux le laisser ! « Bien sur ! Ne t’en fais pas. » Et il retourna à la tâche qu’il s’était donné.
Une fois l’abri terminé, il put entrainé la demoiselle à l’intérieur. Edge n’avait certes pas prévu cette proximité ou même l’ampleur de la pluie et ses conséquences, à savoir les vêtements plus que trempés, mais il essaya plutôt de se concentrer sur autre chose. En l'occurrence, avouer un secret à la demoiselle. Il fut plutôt content d’entendre le compliment et y répondit par son plus beau sourire, à croire qu’il souriait tout particulièrement en sa présence. « Ça va cesser bientôt. » dit-il pour essayer d’alléger l’humeur de la demoiselle.

Le policier avait l’intention de bâtir un peu plus de conversation lorsqu’Ana décida, probablement bien inconsciemment, de l’en empêcher. L’intention qu’elle avait de se débarrasser de ses affaires mouillées était... déconcentrante. Si la besace ne gêna en rien le jeune homme, la veste était une autre histoire, simplement parce qu’elle avait un chandail blanc en dessous et l’eau avec un tel chandail causait une certaine transparence. Il détourna le regard - à regret - et décida plutôt de s’occuper de ses propres affaires. Après tout, il l’avait déjà vu moins habillée, pour ne pas dire pas habillée du tout, qu’était un chandail mouillé face à ça ! « Fais attention, tu risque d’attraper froid... » Il était bien inconscient qu’elle ne pouvait pas vraiment, mais bon. Edge n’osa cependant pas lui faire part de sa solution qui revenait à retirer le plus d’eau possible de ses vêtements. Il retira donc son chandail et commença à le tordre. Il devait avouer que la température était plutôt désagréable et il pourrait même avouer avoir un peu froid, mais sincèrement devant une demoiselle qui l’intéressait et surtout qui ne montrait pas un signe qu’elle avait froid, c’était tout simplement hors de question. Le policier commença donc par tordre son chandail sans grande délicatesse. Tout en continuant d’essayer de retirer le plus d’eau possible pour ne pas attraper de rhume ou pire il fit remarquer : « N’empêche que c’est tombé soudainement, il faisait beau quand on est arrivé... » C’était une remarque digne de Sherlock Holmes tellement c’était d’une évidence, mais bon. Il se tourna vers elle, le chandail entre les mains et si son regard s’aventura sur les courbes de la demoiselle pendant un instant. Il le reporta son regard sur son visage. Il ne lui manquerait qu’une réputation de pervers par dessus tout le reste !

Pendant ce temps, la pluie commençait tranquillement à cesser, ce n’était vraiment que de passage...

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Ronchonner aussi vulgairement n’était guère dans les habitudes de la brunette, bien au contraire, son éducation l’avait poussé à se contraindre à un langage, et comportement, gracieux. Aujourd’hui, elle mettait ce principe de côté. Anabeth le regretterait, s’excuserait probablement dans les prochaines heures à venir, une fois que la tempête aura cessé. Edge, lui, se voulait rassurant, lui prédisant un arrêt de l’averse imminent, ou du moins rapide. Elle n’y croyait pas vraiment, vu l’intensité de l’intempérie. Elle ne dit mot. Se contentant de se soustraire aux vêtements, et accessoires, trop encombrant. La vampire regrettait son geste, elle se trouvait dorénavant la poitrine, ou plutôt le sous-vêtement jaune canari, à l'affût de moindre regard, et ce sentiment inconfortable ne lui sied guère au teint. Malgré tout, le blond s’inquiéta de l’état de santé de sa partenaire, convaincu alors que son corps était aussi sensible que le sien au froid humide des bois. L’humeur un poil maussade, la demoiselle assura le garçon que son état actuel ne nécessitait aucune inquiétude. « Un peu plus, un peu moins, ça ne change pas grand-chose. » Alors qu’elle acheva sa sentence, son regard se porta sur Edge, tout aussi imbibé d’eau qu’elle.
Ses prunelles se détournèrent vivement du spectacle, elle ne souhaitait pas passer pour la pire des voyeuses, bien que la semi-nudité du garçon ne lui déplaise pas le moins du monde. Toutefois si elle s’était montrée insistante, sa réputation auprès du blond finirait inéluctablement au rang inénarrable. Au même instant, une piqûre de moustique lui électrisa un court instant la nuque, en bon réflexe, la belle porta sa main à l’endroit où sa peau la tiraillait. Rien. Pas la moindre trace d’insecte, après tout ce n’était pas encore la saison. Une sensation diverse probablement. C’était ce qu’elle s’imaginait avant qu’une douce chaleur lui parcourt l’échine, puis la poitrine. Plus qu’une chaleur, une effervescence. Un désir ardent de l’autre. D’Edge. Alors il lui parlât, bien qu’elle ne fût point en mesure de se concentrer sur la richesse de ses paroles, elle se contenta simplement de bredouiller un « Ah… euh, oui, c’est sûr, effectivement. » dont la consistance ne valait pas d’avantage que celle du policier.
Ils étaient là, presque l’un sur l’autre, grossement installé sous les branchages imperméables. Elle ne pouvait, hélas, pas réprouver l’attirance physique que son être éprouvait à l’égard du jeune homme, bien que ce sentiment puisse ébranler ses convictions les plus profondes. Elle avait fui, chaque fois que son cœur s’ouvrait à la perspective d’une union, peu importe la nature de celle-ci, mais aujourd’hui elle était coincée sur cette île, recroquevillée sous le toit d’un abri de fortune en compagnie qui lui obligeait une vigilance omniprésente. Tous deux étaient trempés jusqu’aux os : l’averse ne les ayant pas épargné, et bien qu’Anabeth tentât à une ou deux reprises de poser son regard sur le blond, son seul résultat fût de guigner en sa direction. Oh, elle détestait se sentir aussi adolescente, incapable de regarder le torse trempé, et nu, d’un garçon, sans que ses joues ne rosissent. Triste sort. Il n’y avait aucune explication plausible pour ce brusque changement d’atmosphère et tentait par tous les moyens de faire redescendre la pression : sans grand succès. Sa lèvre était triturée à force de se voir mâchouiller, et par crainte de ne sortir on ne sait quelle ânerie, sa bouche était close. Peut-être que si elle se forçait, son état se calmerait. « Tu… n’as pas trop froid toi ? » s’enquit-elle d’une voix la plus naturelle possible, puis elle ajouta : « Ce n’est pas un temps pour les femmelettes après tout… » sur un ton de pure plaisanterie, tout en l’accompagnant d’un rire étrangement nerveux.

Sa conversation avec la demoiselle était des plus inutiles, simplement parce qu’il ne pouvait pas capter qu’elle ne risquait pas d’avoir froid ou de tomber malade, mais au moins ça lui permettait de ne pas trop loucher. Parce qu’il y avait matière à le faire et bizarrement la jeune femme ne l’aidait pas vu ce qu’elle avait répondu à son observation digne de Sherlock Holmes. Néanmoins le destin semblait vouloir qu’il se taise lui aussi et fasse autre chose. Une petite douleur au cou le fit taire et il ferma les yeux pendant un moment histoire de comprendre ce qui se passait. Il sentait moins le froid et bizarrement, il n’avait envie d’une seule chose ou plutôt d’une personne : Anabeth. Certes, ce n’était pas une sensation complètement nouvelle, il ne pourrait pas dire que ce n’était jamais arrivé, pourtant c’était oh combien différent. Il ne pensait qu’à ça et même si c’était loin d’être particulièrement déplaisant, il ne pouvait pas. Tentant de garder un minimum de consistance et surtout de garder ses distances, le jeune homme fit un effort surhumain pour détourner le regard et le garder fixer sur l’extérieur de l’abri. Sauf qu’il fallut qu’elle prenne la parole, forçant ainsi l’attention du jeune homme à retourner sur elle, bien que ce n’était pas si complexe à faire. Froid ? Non, il ne ressentait plus la température extérieur, son corps s’était assez bien réchauffé de lui-même. Même s’il rigola à son tour à cause de la plaisanterie qu’Ana venait de dire son esprit était bien occupé à autre chose.

« Tu as froid toi ? » Sincèrement, la réponse n’était pas la priorité du blondinet qui ajouta : « Attends... » Edge bougea légèrement, comblant le peu d’espace qu’il y avait entre eux avec sa personne. Ses mains se posèrent sur les hanches de la jeune femme et il la rapprocha de lui de façon à ce qu’il n’y ait véritablement aucun espace entre eux. La proximité ne faisait qu’augmenter le désir du jeune homme qui faisait de son mieux pour se contrôler. Ce qui n’empêchait pas ses mains de découvrir peu à peu le corps de la demoiselle avec de douces caresses. Il en profitait, mais de ce qu’il avait compris, ce n’était pas Anabeth qui lui dirait d’arrêter. La chaleur avait considérablement augmenté dans le petit abri, mais le froid avait depuis longtemps quitté l’esprit du policier. Un sourire s’étira sur ses lèvres alors qu’il eut la brillante idée d’aller les poser sur le cou de la jeune femme toujours avec une certaine douceur. Edge ne pensait pas vraiment aux conséquences de ce qui se passait, bien trop occupé à profiter de la situation, il espérait simplement qu’elle ne le repousserait pas. Alors que ses lèvres détaillaient avec beaucoup d’attention le cou d’Anabeth, il décida quand même de relever le regard vers le visage de la miss, histoire de voir ce qu’elle ne pensait.

Chaud. Voilà la sensation qu’éprouvait Ana présentement, une chaleur ardente, sensuelle. Elle rêvait d’un courant d’air frais, afin de rafraichir ses joues cramoisies. Anabeth s’efforçait à détourner ses pensées, se concentrer sur la morosité du temps extérieur, même se poser des questions sur le contenu du parcours de son amie Yanna ; mais rien n’y fît. Son esprit retournait au point de départ : Edge. La frustration, la tentation, la résistance, un sacré pêle-mêle au milieu duquel Ana ne savait plus où donner de la tête. Elle aurait souhaité fuir loin, plonger la tête sous terre telle une autruche et ignorer la situation, fermer les yeux semblait une solution tout aussi équitable. Alors qu’elle s’apprêtait à ramener son front contre ses genoux, Edge lui renvoya sa question. Avait-elle froid ? Elle n’avait jamais froid, elle. Maintenant, encore moins qu’avant. « Je… » pas le temps de terminer sa phrase, que le jeune homme entreprit sa tentative d’approche. Elle le scrutait de ses yeux bleus, incapable d’émettre le moindre son, ou mouvement. Ana le voyait soudain sous un angle différent, plus masculin, plus appétissant. Un frisson la secoua, alors qu’il déposa ses mains sur ses hanches, elle n’y opposa d’ailleurs aucune résistance.
Avait-il lui aussi ressenti la même convoitise que lui à son égard ? Vraisemblablement. C’était tout à fait incohérent, elle ne comprenait pas pourquoi, soudainement, leurs corps appelaient à se rencontrer, et plus si infinités. Débutèrent les caresses timides. Une nouvelle fois, la brune ne releva pas, prise dans le tourbillon de retenu. Un simple baiser dans le cou, et le corps d’Ana ne lui obéît plus. Les paupières closes, elle se délecta des tendres caresses que lui apposaient le policier sur sa peau. Chaque fois que ses lèvres rencontraient sa nuque, chaque fois que son souffle brulant ne l'effleure, une vague d’envie, chaque fois plus intense, lui parcourait l’échine, puis le creux de ses reins. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était plus abandonnée aux mains d’un homme, se mordillant légèrement la lèvre inférieure, signe du plaisir que le jeune homme lui apportait. Ses doigts se crispaient sur le sol, resserrant d’une poigne de fer le cuir de sa veste : une partie d’elle-même tentait encore de combattre les démons du désir charnel. 
Malgré elle, l’appétit luxurieux se lisait en travers ses prunelles, elle lui avouait à son tour la soif qui la taraudait. Sans un mot, son pouce vint caresser les lèvres du blond, un geste délicat, empreint d’une rare douceur. Désormais, ces dernières l’obsédaient. Tout d’abord hésitante, elle approcha lentement son visage, recula instinctivement, puis la folie plus brutale que la raison, la poussa à épouser la bouche de son voisin. Un baiser dont la tendresse contrastait avec la tension sexuelle qu’éprouvaient les deux âmes. Sa main s'était déposée contre le torse d'Edge, bien que glaciale, celle-ci glissa de quelque centimètres. Ses lèvres se détachèrent difficilement de leurs amantes, avide d'y goûter davantage. 

Ses yeux fixèrent le sol tapissé d'herbes sèches épargnés par l'averse, tout comme sa main retrouva sa jumelle. « peut être qu'on... » souffla-t-elle peu convaincue de son effet. Mais il fallait se comportait en adulte, ne pas céder au caprice de l'instant, et peut être éviteraient-ils le pire. Peut être oui. Peut être.

La chasse aux cocos, la pluie, l’étrangeté de la situation, les questions qu’il aurait pu et du se poser en sachant que son cadet était aussi dans la course, tout ça était sorti de l’esprit d’Edge pour faire plaisir au désir ardent qu’il ressentait maintenant pour Anabeth. Il ne pourrait expliquer pourquoi il ressentait autant ce besoin de sentir la peau de la demoiselle sur la sienne, ce besoin de la posséder, mais il s’en fichait bien d’ailleurs. Ce n’était plus sa priorité et son esprit avait visiblement décider de penser aux conséquences plus tard, parce que conséquences il y aurait. non, il était plus occupé à se rapprocher le plus près de la demoiselle, de la toucher, découvrir le si beau corps qu’elle avait. Plus rien ne demandait plus son attention que la jeune femme qui semblait plutôt encline à le laisser faire. Ressentait-elle la même chose à son égard à cet instant précis ? Peut-être, il ne saurait le dire, mais il savait qu’elle n’était pas contre ce qu’il faisait, elle l’aurait repoussé sinon. En comparaison avec Anabeth, on pouvait facilement dire qu’Edge faisait piètre figure pour se contrôler, mais il n’y avait rien de surprenant. Son être entier éprouvait un désir qui demandait à être assouvi, un désir qui était déjà présent mais qui se voyait décuplé pour une raison obscure.

Alors que ses mains détaillaient avec attention chaque parcelle de peau de la jeune femme, avides d’en découvrir davantage, le jeune homme observait attentivement la réaction d’Ana. Il doutait de ses capacités à se retenir, mais il s’en inquiétait tout de même. Heureusement pour lui, ses caresses semblaient être plutôt bien reçues par la demoiselle et c’était sans compter le désir qu’il pouvait lire dans ses yeux. À croire que, malgré une situation des plus bizarres, ils ressentaient la même chose et ce n’était pas pour déplaire au policier. Son regard se braqua dans celui de la demoiselle lorsqu’elle caressa sa lèvre. Il attendait, il l’observait. Son corps demandait peut-être davantage, mais aux dernières nouvelles, ils avaient tout leur temps - ou pas, pour apprécier le moment. Puis, leurs lèvres se scellèrent dans un baiser qui contrastait avec l’ambiance mais dont le jeune homme apprécia chaque moment. Sa main quitta même sa position initiale sur le corps d’Anabeth pour aller se poser sur la nuque, prolongeant le baiser par la même occasion. Il frissonna en sentant la main de la jeune femme sur son torse, la froideur de sa peau contrastant avec la chaleur qui se dégageait du jeune homme. Lorsque ses lèvres quittèrent celle de la jeune femme, il n’eut qu’une envie; y gouter à nouveau. Néanmoins la voix de la jeune femme l’arrêta un peu dans son élan. Sincèrement, il n’avait aucunement envie d’arrêter là, et il lui fit comprendre en rapprochant son visage du sien, en déposant ses lèvres de façon à suivre la ligne de la mâchoire d’Anabeth avant qu’elles aillent retrouver leurs amantes pour un second baiser. L’envie de proximité était encore plus forte, si bien que si l’une de ses mains était derrière la nuque de la jeune femme, l’autre main se posa à nouveau sur sa hanche pour la pousser vers le sol toujours avec une certaine délicatesse. « Peut-être qu’on... ? » finit-il par demander entre deux baisers. Oui parce qu’elle était clairement en position de s’opposer à ce qui se passait maintenant...

Dévorée d’un sentiment bien longtemps enseveli, Anabeth avait riposté avec fermeté, et malgré un entement forcené, ses remparts tombaient peu à peu face aux assauts de l’ennemi. Une voix en elle ripostait, lui interdisait catégoriquement d’autoriser cette invasion, mais plus les secondes et celle-ci se métamorphosait en murmure, puis rumeur, puis en un écho, lointain, indicible. Elle finirait bientôt par abandonner sa propre conscience, et laisser son envie faire le boulot. Il avait suffi que les lèvres d’Edge la frôlent pour qu’une partie de sa garde ploie, elle avait tenté le repli pour mieux se défendre au prochain assaut. Que nenni, leur premier échange labial terrassa sa seconde ligne de défense. Dans un dernier effort, dernier espoir de reconquérir son bastion, elle se sépara de l’envahisseur, lui proposa une trêve, bien que fébrile. Celui-ci peu convaincu, asséna un premier coup fatal. Elle qui s’était pourtant fourni en artillerie se retrouvait complétement désarmée et sans la moindre défense… Ne lui restait que le courage et la volonté de faire front, d’attaquer à l’aide de ses dernières troupes, toutefois, celles-ci baissèrent les armes, autant que leur chef. La voie était libre.

Leur moment de tendresse mutuelle suivait son petit bonhomme de chemin. Edge, lui, n’avait pas d’avantage écouté sa requête, et ressaisir l’objet de ses désirs, les lèvres roses d’Ana. Si elle était faible, lui se montrait totalement impuissant face à la tentation, pas la peine de lui faire entendre raison ! Nullement contrainte, Anabeth suivit le mouvement que lui faisait suivre Edge, et se retrouva coucher sur un tas de feuille – il y aurait de quoi nettoyer plus tard, et glissa une de ses mains à travers la chevelure dorée du gaillard. Hypnotisée autant par ses yeux turquoises, que ses lèvres, elle comprit que le temps n’était plus à tergiverser « Tant pis… » susurra-t-elle au creux de l’oreille du blond, langoureuse. Ses dernières défenses tombées, la belle s’agrippa, de sa main libre, à la nuque du garçon et lui déposa un innocent baiser sur la joue, puis se faufila aussitôt sur ces lèvres, goûtant une nouvelle fois à celles-ci. Il s’agissait là d’un échange plus intense que les précédents, mêlé d’une ardeur encore inconnue chez la jeune femme. Peut-être la frustration de ces dernières années passée à jouer les prudes. Lui vînt la bonne idée de rendre leur condition équitable. Contrainte de quitter la bouche d’Edge, Anabeth se mit à la tâche. Se tortillant dans tous les sens, afin de se défaire de son tee-shirt trempé dans une aire si restreinte, la vampire dut user d’agilité pour que cela ne lui prenne pas l’éternité. Une fois débarrassé du tissu, balancé grossièrement dans un coin du refuge, leurs corps se retrouvaient à égalité. Tous deux torses nus. Ce fût alors à son tour de déposer un suçon sur la nuque du blond, de remonter du bout des doigts la ligne de son dos, puis d’engouffrer délicatement ses doigts dans la tignasse blonde d’Edge, avant d’épouser ses lèvres sucrées. Elle ne voulait que lui, seulement lui. Peu importe les conséquences qui leur tomberaient dessus les prochaines minutes à venir. Le désir brulant qu’elle ressentait à son égard, effaçait tout le reste, son cerveau ne tournait plus que dans une direction : concrétiser leur union.

Demander à Edge de se retenir reviendrait pratiquement à lui demander la lune, surtout considérant que la demoiselle ne le repousserait pas. Elle lui donnait le chant libre, il ne fallait pas s’attendre à que lui s’y oppose ! Il le montrait bien n’étant préoccupé que par l’idée de combler leur désir respectif. Travailler dans ce sens était plaisant et découvrir chaque parcelle du corps de la demoiselle était une activité des plus enrichissantes. Alors qu’il la poussait sur le sol pour continuer le moment de tendresse en poussant un peu plus loin, il esquissa un sourire entendu. Bien évidemment qu’il se sentait bien, malgré le fait qu’elle avait mis un peu de résistance avec son semblant de proposition, la jeune femme semblait revenir sur ses idées puisque lorsqu’il lui demanda ce qu’elle avait voulu dire. Le tant pis qu’elle dit parut comme une magnifique autorisation de continuer si bien que son sourire s’agrandit considérablement tel celui d’un gamin à qui on offre une beau camion de pompier, bien qu’il avait des intentions beaucoup moins louables. Le nouveau baiser ainsi que l’ardeur nouvelle de la jeune femme ne fit qu’augmenter le désir du jeune homme. Il s’apprêtait à revenir à la charge lorsqu’elle s’éloigna un peu, séparant leurs lèvres. S’il aurait pu faire mine d’être déçu de ne pas pouvoir goûter une énième fois aux lèvres de la jeune femme, ce qu’elle décida de faire lui fit grandement plaisir.

Maintenant à égalité au niveau vestimentaire, Edge put laisser ses mains libres pour explorer encore plus le corps d’Anabeth. Il caressait avec douceur chaque courbe, s’attardant un moment sur sa poitrine alors qu’elle venait le surprendre avec un suçon sur son cou. Une de ses mains alla à nouveau jouer dans les cheveux de la jeune femme pour prolonger le baiser un peu plus. Après quoi il quitta à regret ses lèvres pour explorer avec ses lèvres. Il s’attarda un moment sur son cou pour descendre un peu plus bas sur ses clavicules. Il voulait augmenter le plaisir un peu plus avant de se diriger vers son but du moment ; concrétiser leur union. Visiblement elle visait le même but vu comment elle agissait. Il continua sa trajectoire pendant un moment avant de s’arrêter au soutien-gorge avant de remonter vers son cou pour lui faire un suçon assez voyant. Un petite sourire provocateur s’étira sur ses lèvres alors qu’il retournait goûter ses lèvres. Il caressa doucement le visage de la demoiselle avant de redescendre caresser sa poitrine puis ses hanches pour finalement s’attarder sur le pantalon de la demoiselle. C’était l’un des obstacles avant de pouvoir aller plus loin alors autant s’en débarrasser rapidement.

Les sourires entendus que lui lançaient Edge, n’aidait en rien la demoiselle à se défaire de son emprise, au contraire, il lui était impossible d’y résister. Anabeth le laissait détailler la moindre parcelle de peau vacante à sa guise, puisqu’il y semblait si étroitement attaché. Parfois un baiser s’imposait, puis il repartait en quête de sentiers inconnus, ou tout simplement des vallées abandonnées et à reconquérir. Elle exaltait sous les caresses que lui prodiguait le blond, sa poitrine, sa peau, sa sensibilité exacerbée l’amenait à apprécier doublement les cajoleries. Sous les baisers que lui distribuait inlassablement le blond, le creux de ses reins se cambra sous le plaisir accentué, et son bassin n’eût aucune difficulté à frôler son voisin. Celui-ci, probablement touché par le suçon qui Ana l’avait marqué, s’empressa d’apposer, à son tour, la marque de son passage sous une forme similaire. Un petit rire langoureux s’extrayait de la gorge de la belle, signe de l’amusement et plaisir que celui lui procurait. Ainsi, ils étaient liés par ce suçon. Sourire provocateur peint sur les lèvres, Edge la dévisagea un instant. D’un air tout aussi enjôleur, la vampire se mordilla la lèvre inférieure tout en caressant tendrement du revers de la main l’une des joues du garçon, chose qu’il s’évertua à lui rendre de son côté. Reprit la promenade captivante que traçait la main du garçon avec avidité, s’enivrant de chaque courbe.
Alors qu’il s’attaquait à l’une des dernières barrières, « Edge… » lui échappa, cela sonnait telle une requête. Elle l’appelait, pour quelle raison ? Elle n’en savait trop rien, mais l’enivrement dont elle avait fait part jusque-là semblait s’estomper peu à peu, et si la scène n’en restait pas moins agréable, son esprit reprenait son état d’origine. Le clapotement incessant des gouttes de pluies reprirent leur place, tandis que sa respiration se faisait moins haletante. Les papillons qui fusaient alors dans son ventre, se tarirent lentement, mais sûrement. Et bien que son cerveau n’admette pas encore le retour à la réalité, à l’environnement sauvage les entourant, Anabeth se sentait petit à petit redescendre sur terre. Bien qu’Edge semblât concentrer à déboutonner le pantalon de demoiselle, celle-ci déposa un dernier baiser, aussi tendre que fût le premier échange. Une dizaine de secondes écoulée, un second « Edge. » résonna sous l’abri de fortune, un ton plus posé, plus ferme aussi, contrastant totalement avec l’atmosphère voluptueuse dans laquelle baignaient encore les deux âmes. Les paupières closes, Ana n’abdiqua plus au désir ardent du policier, bien que des restes de frissons lui parcoururent l’échine, ceux-là n’avaient plus grand-chose à voir avec leur prédécesseurs. Edge devait profiter de ces derniers instants, car ils n’allaient pas durer…

Le bassin d’Anabeth si près du sien ne fut que décupler son désir encore plus. Au moins, Edge pouvait être certain qu’elle aimait ce qu’il faisait vu le rire langoureux qui sortit de la gorge de la demoiselle. Il y vit une autre approbation de ce qui se passait, elle lui laissait le champ libre pour continuer ses gestes et il ne se gênerait pas pour le faire. S’il la désirait avidement, il voulait également la détailler avec attention, s’imprégner du moment qu’il vivait. C’était quelque chose qu’il ne voulait absolument pas oublier. Un peu plus et il la connaitrait véritablement par coeur ce qui n’était pas pour déplaire au policier. C’était pratiquement important pour lui en ce moment, il ne voulait pas oublier une seule parcelle de peau. Ses mains retenaient les endroits où elle semblait le plus sensible, ce qui lui faisait plaisir. La prochaine étape était de retirer les pantalons de la jeune femme, tâche sur la laquelle il se concentra avec beaucoup de motivation. Ses gestes étaient un peu gauche, néanmoins il y serait arrivé en peu de temps si la voix de la demoiselle ne s’était pas élevée dans l’abri. Edge releva légèrement la tête pour essayer de comprendre ce qui se passait. Puisqu’elle n’ajouta rien, il alla chercher un autre baiser sur les lèvres d’Ana avant de retourner se concentrer sur les pantalons.

Néanmoins la seconde fois que son nom s’éleva dans l’abri, Edge stoppa son activité et rapprocha son visage de celui de la jeune femme femme afin d’y goûter une autre fois, mais vu le sérieux dont elle faisait preuve, il valait mieux qu’il ne fasse rien. Il se mordit l’intérieur de la joue se demandant ce qu’il se passait. À croire que la demoiselle avait reçu une douche froide et qu’elle ne ressentait plus rien. Le problème ? Edge avait toujours terriblement envie de la demoiselle même si l’effet de la piqure commençait à s’atténuer légèrement. Ses mains avaient glissé jusqu’aux hanches d’Anabeth mais elles ne bougeaient plus. Que faire, il était tiraillé par l’envie de continuer, d’aller plus loin dans ses gestes et celle de ne pas s’attirer les foudres de la demoiselle. Son regard se planta dans celui de la jeune femme y cherchant une explication. La pluie à l’extérieur de l’abri avait cessé, il ne restait que les gouttes qui tombaient des arbres, donc rien ne demandait son attention ou celle d’Anabeth. Il voulait sa réponse, il voulait continuer dans ce qu’ils avaient commencé. Ses doigts recommencèrent à jouer avec la peau de la jeune femme sans savoir quoi faire. Son désir commençait à descendre, signe que l’espèce de piqure ne faisait plus effet. « Qu’est-ce qu’il y a ? » S’il avait posé la question avec une voix rauque, signe qu’il ne s’était pas totalement ‘calmé’, il ne bougea pas. Le pire, c’est que même si les effets commençaient à se dissiper, Edge ne pouvait pas s’enlever l’idée de vouloir gouter les lèvres de la demoiselle à nouveau...

Bercée d’une douce et plaisante illusion les cinq, dix, dernières minutes, le corps d’Anabeth avait vraisemblablement rattrapé quelques années de retard, et si elle ne s’en plaignait guère présentement, les prochaines minutes, elles, risquaient des effusions ! Edge s’était attaqué à ses lèvres, sa mâchoire, sa clavicule, puis sa poitrine, s’il les avait vus de loin auparavant, il pouvait désormais se vanter d’y avoir sillonné en conquérant jusqu’à en laisser ses traces, et non sans plaisir ! Autant dire qu’il s’y était donné à cœur joie, sans la moindre concession. Il n’avait rien à perdre, après tout… peut être son intégrité aux yeux de la demoiselle, seulement. Elle l’avait appelé plusieurs fois, deux fois précisément, alors qu’elle ne comprenait pas encore totalement le message qu’elle désirait lui faire passer.
Le regard dur avec lequel le toisait la vampire avait la capacité de refroidir brusquement l’atmosphère, celui-ci reflétant l’intransigeance dont ferait part Ana. L’un sur l’autre, tous deux à moitié nus – fait que la brune n’avait pas encore dénoté, Edge ne semblait encore avoir émergé de ce doux fantasme, et cela, semble-t-il, ne lui disait rien qui vaille. Quant à la demoiselle, malgré la dureté de ses traits, la stupeur se lisait aussi sur son visage, complétement déboussolée par leur position actuelle. « Il y a, que c’est terminé… » elle s’était montrée on ne peut plus clair, d’ailleurs elle remarqua leur semi-nudité, ce qui, une fois de plus, lui arracha un grimace ahuri. Sa main repoussa alors celles du garçon encore encrées sur sa peau, et dans un mouvement plutôt brusque malgré l’étourdissement qu’elle subissait, elle se dégagea de l’emprise du policier, se collant contre la paroi du refuge. Dans un réflexe purement puéril, Anabeth ferma les yeux, persuadée que la réalité serait tout autre une fois les yeux ouverts… ce fût l’effet inverse, des images, sensations diverses, toutes plus intenses les unes que les autres, se bousculèrent dans son esprit. « Mon dieu ! Non ! » gémit-t-elle, se plaquant les mains sur le visage, troublée. Pourquoi ? Comment ? Par quel subterfuge en étaient-ils arrivés là ? Elle se posait bien la question. Si jusque-là sa récupération fût lente, l’accès aux données des derniers instants fût brutal. Elle n’osait pas le regard, ne cherchant même pas à camoufler sa poitrine, elle n’avait plus grand-chose à lui cacher de toute façon… « Comment on… pourquoi ? » questionna-t-elle, dirigeant la question à Edge tout comme à sa propre personne, elle se souvînt de cette légère douleur à la nuque, fulgurante, la seconde suivante les deux âmes se mettaient déjà à se bécoter. Une bestiole aux vertus érotique ? Non, non, c’était impossible… malheureusement pour elle, plus son esprit se démontait à chercher une réponse, plus le flot des souvenirs lui revenaient, intolérable pour sa propre conscience. « J’ai essayé de t’arrêter ! » cette fois-ci, les paroles furent adressées de front à Edge, il lui fallait bien un coupable après tout.

Si le jeune homme n’avait aucun soucis à combler le désir qu’il ressentait, il dut néanmoins redescendre sur terre lorsque la jeune femme appela son nom une seconde fois. Ce qui ne l’empêchait pas pourtant de vouloir continuer ce qu’il aurait sans doute fait s’il ne s’était pas frappé à la dureté des traits d’Anabeth. Il ne voulait pas pousser et forcer quoi que ce soit, maintenant que l’état second se dissipait lentement, mais surement. Edge ne comprenait pas pourquoi elle avait arrêté, surtout pourquoi elle lui demandait d’arrêter, mais outre ses mains, ce qui relevait peut-être plus d’un semblant de nervosité, il n’osa pas un mouvement avant que l’explication ne vienne. Il ne put réprimer une grimace en entendant ce qu’elle disait. C’était terminé... Pourquoi ? Il était bien conscient que quelques instants plus tôt elle l’embrassait et... là ce n’était probablement pas la peine de penser à réessayer. Le policier la laissa le repousser sans rien faire, il avait beau en avoir profité, en avait encore envie, elle était maintenant contre alors il se pliait à sa volonté. Son regard se planta sur la jeune femme, s’efforçant surtout de regarder son visage plus qu’autre chose. Il ne manquerait plus qu’il empire son cas ! Elle semblait vraiment troublée de ce qui s’était passée et lorsqu’elle porta ses mains à son visage, il fit un mouvement vers elle avant de s’arrêter. Ça ne donnerait rien qu’il essaie de la rassurer. La question qu’elle posa interpella le jeune homme qui la regarda sans savoir que dire. C’était une question qui lui avait fait défaut et dont la réponse lui échappait toujours si bien qu’il préféra garder le silence.

Silence qu’il occupa en rapatriant leurs vêtements pour tendre ceux qui appartenaient à la jeune femme et enfiler son chandail. Cette noble tâche de se revêtir fut stoppée par l’accusation que proféra Anabeth à son égard. L’incompréhension pouvait se lire sur le visage du policier alors qu’il essayait de se souvenir d’un moment où elle avait tenté de l’arrêter. « Quoi ? Non... » Il ne pouvait pas croire qu’il ne l’avait pas écouté si elle lui avait demandé d’arrêter. Bon ce n’était pas si difficile à croire considérant à quel point il l’avait désiré pendant un moment, et comment il la désirait encore en fait, mais tout de même. « Quand ? » Bien sur posé la question était surement la meilleure chose à faire pour comprendre, mais il n’était pas certain de vouloir entendre la réponse. Il enfila rapidement son chandail avant de marmonner un petit : « Je vais t’attendre à l’extérieur, la pluie a cessé. » C’était tout ce qu’il trouvait à dire sur le coup. Il se serait bien excusé si ça avait pu aider son cas, mais il ne regrettait pas encore ce qui s’était passé alors ça aurait été des excuses en l’air. Le sac à dos avait retrouvé le dos maintenant habillé du jeune homme alors qu’Edge attendait tout simplement qu’elle sorte pour qu’ils puissent se remettent en route. Il était mal à l’aise, mais ne voyait rien qui pourrait aider son cas.

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La pluie battante avait laissé place au soleil d’hiver, et seules les gouttes, vestige du déluge, battaient le rythme à travers le paisible sentier de conifères. Puis cet amas de branchages, pourtant creux à l’intérieur, où toute la tension contrastait avec l’aspect extérieur des lieux. Il était difficile de déterminer l’affliction qui émanait de là, mais il ne faisait pas bon d’y squatter. Prostrée dans un coin de l’abri, malgré la largeur réduite de celui-ci, Anabeth tentait de reprendre ses esprits tant bien que mal, limitant leur proximité physique au maximum. Certainement découragé pour le changement d’attitude soudain d’Ana, Edge ne risqua aucune tentative d’approche. Galant malgré tout, le policier lui tendit ses affaires encore trempées, vêtement qu’elle lui arracha dans mains sans ménagement, marmonnant un merci. Finalement, elle se mit à l’accabler sans vergogne Edge d’être le responsable des évènements précédents, se défendant méchamment d’y avoir pris parti intentionnellement – bien que le pauvre garçon ne soit lui aussi victime du même sort. Lui disait qu’elle n’avait pas essayé de l’arrêter, pourtant elle se souvenait de sa tentative, aussi succincte et légère fût-elle. Il osa même lui demander quand, quand. Ah ça, elle avait la réponse, et bien ses lèvres durent rester close, son audace, et sa fierté touchée, l’obligèrent à répondre au tac au tac « Juste après… que tu… on… » le ton de sa voix s’affaiblissait à chaque syllabe prononcée, tout comme son assurance déclinait. « Bref. » trancha-t-elle pour ne pas s’enfoncer d’avantage dans les souvenirs embarrassant qui lui chauffèrent les joues. Anabeth soupira, lançant un regard furtif en direction du blond alors que celui-ci annonçait qu’il patienterait dehors. Décidée à reprendre contenance, la jeune femme se claqua les joues d’une légère tape, et remotiva suffisamment. Aussitôt seule, elle se dépêcha d’enfiler son tee-shirt mouillé, sa veste devenue lourde, pour en finir avec son sac à bandoulière dans le même état que le reste. Elle ne risquait pas non plus à le regarder dans les yeux, optant pour les branches alentours.
Un raclement de gorge pour prévenir son coéquipier qu’ils pouvaient se remettre en marche. Encore trempée, les cheveux ornés de feuilles divers et brindilles, elle ne s’en préoccupa toutefois puisque les sens en alerte, Anabeth sentait une présence bien différente rodant près de leur refuge. Tandis que son ouïe tentait de discerner le moindre bruissement suspect, ses yeux essayaient de percevoir les mouvements furtifs, et son odorat flairait les odeurs que parsemait la brise fraîche. Elle savait une troisième âme près d’eux, tapi dans les fourrés probablement, patientant sagement que sa proie ne daigne se jeter directement dans sa gueule. Concentrée sur l’objet de sa méfiance, la vampire en omettant presque volontairement de communiquer avec son partenaire, encore sous le choc de leur cajolerie. Peu importe, elle ne souhaitait pas débuter une discussion avec lui, les nerfs à vif et d’humeur corrosive, même le soleil n'y changeait rien, une discussion se résulterait en un probable échec. Peut-être marchaient-t-il depuis une demi-heure, zieutant à travers les bois si un œuf d’une taille raisonnable ne les attendait pas. Non, ce fût au détour d’un grand et imposant chêne que le félin se révéla. Ana stoppa leur marche, tendant son bras au niveau du torse d’Edge afin qu’il suive son arrêt. Son flair ne lui mentait jamais, et si elle se fiait à son instinct la boule aux poils dorés venait de se poster à leur droite, retroussant ses babines afin d’exhiber ses canines finement acérées. S’adressant avec la plus grande prudence. « Surtout. Ne bouge pas. » Ana avait beau lui en vouloir, l’oublier le temps d’un instant, mais retrouver sa carcasse sans vie lui soulevait le cœur.

Bien que la jeune femme affirmait avoir tenter d’arrêter, Edge n’en avait franchement aucun souvenir. Si bien qu’il osa lui demander quand, même s’il ne voulait pas la réponse. Après tout, la dernière chose qu’il voulait c’était apprendre qu’il l’avait forcée d’une manière ou d’une autre. Heureusement pour lui Anabeth perdait sa constance au fur et à mesure qu’elle continuait et elle ne put lui donner une réponse claire ce qui enleva un poids des épaules du jeune homme. Elle aurait été une autre personne qu’il l’aurait probablement taquiner sur la manière dont elle avait répondu, mais bon. Sur une autre note, il devait avouer qu’elle était fort mignonne lorsque ses joues rougissaient, mais ça, il préféra le garder pour lui. Préférant attendre à l’extérieur pour lui laisser un semblant d’intimité et pour pouvoir lui-même se calmer, il se planta à l’extérieur essayant de faire un vide dans ses pensées. Aussi plaisantes soient-elles ce serait certainement une bien mauvaise idée d’y accorder un peu de place ; un plan pour qu’il lâche un beau commentaire comme celui qu’il avait dit après avoir surpris la demoiselle dans sa douche.
Lorsqu’ils se remirent en route, Edge, qui était loin de capter la présence du troisième être, cherchait tant bien que mal un sujet de conversation potable pour essayer de ramener un semblant de discussion entre eux. De toute évidence, elle lui en voulait et à la limite, il pouvait bien comprendre, seulement il ne pouvait rester silencieux pendant une éternité alors qu’il y avait tant de choses qu’il pourrait dire. Bon, tout ce qui lui venait en tête c’était des perles de paroles du genre ‘t’es vraiment jolie’ ou encore ‘tu embrasse vraiment bien ça te dit de recommencer ?’ il préféra donc garder le silence pour le bien de toute le monde. À croire que la nervosité qui s’était établie en lui était plutôt gênante.

Heureusement pour lui, quelque chose sentit le besoin de venir troubler leur belle quête et si la jeune femme semblait détecter sa présence, Edge, surpris, manqua de percuter violemment le bras d’Anabeth lorsqu’elle le mit devant lui pour l’arrêter. On pouvait au moins lui concéder qu’il avait plutôt de bons réflexes. Pour une fois dans sa vie, le policier ne chercha pas à s’opposer à l’ordre qu’elle venait de lui donner, simplement parce qu’il ne voyait pas d’où venait le danger qu’elle ressentait. Il scruta avec attention les arbres avant de demander : « Tu vois quelque chose ? Parce que je ne vois vraiment rien. » Puisqu’il était loin de se douter de ce dont elle était vraiment, il n’arrivait pas à capter qu’elle puisse voir quelque chose, encore moins sentir la présence de cette autre chose. Mais puisque le destin semblait lui en vouloir, il fallut que le félin se mette en action. Anabeth entendait peut-être les pas de la bête, mais Edge ne s’aperçut réellement de sa présence que lorsque la boule de poils passa à l’attaque. Croyant qu’il attaquait la jeune femme, bien inconscient de savoir qu’étant déjà morte elle ne représentait pas un repas très alléchant pour le félin le policier eut la brillante idée de se mettre entre elle et la bête, l’entourant de ses bras dans un bel élan chevaleresque, offrant son dos en guise de défense. Les griffes du félin lui lacérèrent la peau et du sang s’écoula des blessures alors qu’il décida de dire : « Désolé, j’ai bougé. » Oui bon, c’était simplement pour se donner un air classe alors qu’il avait du mal à se tenir debout.

Cette chasse aux œufs, à l’allure pourtant si innocente et curieuse, voir gourmande, aux premières heures, se révéla beaucoup plus cocasse que ne l’avait imaginé Anabeth. L’averse avait été une chose, un caprice de la météo, tout au plus c’était-elle dit, la suite toutefois lui parût plus incongrue et difficilement justifiable par le seul fait du hasard. Une montée d’hormones aussi bien soudaine que violente, comme les deux en avait été victime, alors que leur relation n’en était à se jeter l’un sur l’autre pour de simples tee-shirts trempés, non. Alors elle cogitait, tandis qu’il se frayait leur chemin, peut-être se trompait-elle, peut-être que sa vieille théorie du moustique fonctionnait, et autant dire qu’elle en avait à revendre des peut-être. Parfois elle jetait des coups d’œil alentour, aidée de ses yeux habiles pour tenter de déceler l’œuf à travers les branchages trop épais, ou si celui-ci gisait, de ne pas le manquer sous les tas de feuilles mortes. Silencieuse dans sa démarche, leur silence embarrassé lui convenait parfaitement, ils n’avaient aucunement besoins de s’expliquer de quoique ce soit, et Ana avait centrée sa concentration sur un problème bien différent. L a vampire se répétait qu’il devait s’agir d’une fausse alerte, qu’on ne jetait pas de bête dangereuse pour une simple chasse au coco, ses sens devaient se tromper… mais ils n’avaient jamais failli jusque-là.
Effectivement, son instinct avait vu juste. La bête se tenait, là, à quelques mètres d’eux. Un fauve, un lynx plus précisément. Un animal énorme, bien plus imposant que tout autre lynx, agressif qui plus. Cette chasse se transformait en véritable mission de survie, chose n’ayant pas été stipulé par le papier de la marie. Elle prévint le policier du danger, qui ne semblait pas encore l’avoir remarqué. Pourtant l’instant suivant, Edge, dans un élan de courage, se transforma en bouclier humain afin que le coup de patte brutal de la bête n’atteigne pas Anabeth. Il s’était jeté à l’instant même où l’attaque tombait, comme ça, enlaçant brusquement Ana. Il l’entourait de ses bras, de larges entailles griffaient son dos, et du sang suintait. Il s’excusa de son geste, mais elle aurait voulu le rassurer, qu’elle ne lui en voulait pas, elle était juste trop ahurie pour prendre la parole. Ses mains vinrent rencontrer les blessures du blond alors qu’elle s’efforçait de le faire tenir debout, titubant à moitié, et celles-ci se souillèrent de son sang… la réaction fût immédiate, elle s’obligea à détourner le regard en direction de la bête, camouflant autant que possible ses canines acérées qui attestaient de son état de vampire. L’attirant un peu plus vers la droite, près d’un arbre, elle l’y déposa, sans trop lui expliquer ce qui aller s’en suivre « Ne bouge pas cette fois-ci. » lui ordonna-t-elle, encore étourdie par la scène précédente. Le félin se languissait de lancer une nouvelle offensive, tournoyant inlassablement sur lui-même, léchant de sa langue râpeuse le sang présent sur ses griffes. Ce ne fût qu’une question de temps, trente seconde environ, et l’animal chargea rageusement vers Ana, l’esquivant de justesse, bien que sa bête eût tout de même le temps d’érafler la peau de son ventre. La douleur fût vive mais les écorchures se cicatrisèrent automatiquement. De nouveau, le monstre la cibla, Edge toujours coincé près du tronc d’arbre derrière elle, Anabeth recula, lentement, afin de ne pas provoquer la bête, puis un troisième assaut fût lancé… Sans trop comprendre pourquoi, ni comment, la vampire trébucha, atterrissant lourdement au sol.

Le policier, découvert, fût alors tout à la guise du fauve.

Décidément, cette chasse aux oeufs devenait des plus dangereuses et Edge ne comprenait la raison qui aurait pu pousser quelqu’un à organiser tout ça. Parce que ça ne pouvait pas relever du hasard et ça il en était plutôt certain, la présence du lynx était de loin la chose la plus étrange, quoi que l’attirance soudaine qu’ils avaient ressentis était également plutôt louche, simplement vu la grosseur de l’animal et l’agressivité dont il faisait preuve. Le policier n’était peut-être pas un expert de la faune, mais pour n’en avoir jamais rencontré auparavant, il savait qu’ils ne s’attaquaient généralement pas aux humains comme ça. Néanmoins, il n’était définitivement pas le plus grand penseur et l’imminence du danger qui menaçait Anabeth était nettement prioritaire aux yeux du jeune homme si bien qu’il décida de se concentrer sur l’attaque. Sa belle méthode pour le faire fut de se donner comme bouclier humain lui valut de belles coupures sur le dos. Ce n’était pas trop profond, mais ça faisait mal et le sang commençait à s’écouler des blessures. Trop préoccupé par l’idée de se tenir debout, bien que c’était beaucoup plus difficile qu’il ne pensait, Edge ne remarqua pas du tout les canines de la jeune femme. Il n’était pas non plus en mesure de s’opposer lorsqu’elle alla faire s’assoir près d’un arbre.

Un hochement de tête accompagné d’un semblant de sourire fut sa réponse au nouvel ordre d’Anabeth. Il se voyait mal bouger de toute façon. Il regarda donc, impuissant, le félin attaquer la demoiselle. S’il n’avait pas vu les éraflures sur le ventre d’Ana se cicatriser, il avait vu le coup et s’en inquiétait tout particulièrement. Son regard s’était braqué sur le félin, essayant de trouver un moyen de la défendre. Sa position et son dos ne l’aidait pas, mais il refusait de la laisser se faire blesser à nouveau. Pour l’empêcher de prendre le prochain coup, le policier décida de lui faire un croche-pied. Si elle était une cible de choix sur le sol, le félin semblait assez bien parti pour l’attaquer lui et rechigna la jeune femme fonçant sur lui. L’intention était peut-être noble, vouloir protéger sa bien-aimée - bien que le terme n’était pas des plus approprié - était une cause louable, mais faire le martyr ainsi lui couterait peut-être cher. Dans un beau réflexe, il ramena le sac à dos, qui lui aurait sauvé le dos s’il avait préféré le porter comme il le fallait. Enfin, il le ramena devant lui en s’en servant comme un espèce de bouclier. Les griffes du félin déchirèrent le tissus, se retrouvant coincées dans le sac à cause d’une couture un peu trop solide ou d’une fermeture éclair en métal, mais ne touchèrent pas le policier. Ce dernier, dans un dernier élan de force, poussa le félin dans la direction opposée à la jeune femme. Il regarda Anabeth : « Fais attention, il vaudrait mieux que tu t’en ailles. » Fuir lui assurait au moins qu’elle allait être saine et sauve, même s’il doutait qu’elle l’écoute.

Piégés comme des rats, voilà ce qu’ils étaient dans ces bois lugubres. Leur situation se dégradait dangereusement, et rien n’annonçait une future amélioration. Tant que la bête ne les lâcherait pas, tant qu’elle n’épancherait pas sa soif de sang, et chair fraîche, tant qu’elle n’en tuerait pas un sur deux, elle ne bougerait pas. Ses yeux d’un bleu intense luisaient d’une violence extrême, incontrôlable. Si bien qu’Anabeth n’avait pas d’autre choix que de se frotter à elle, quitte à révéler sa nature bestiale à la vue d’Edge, malgré cela la révulsait tout particulièrement. D’ailleurs les choses auraient se passaient très rapidement, si le blond ne s’était pas mis en tête t’intégrer un face à face auquel il n’avait absolument aucune chance ! Très vite le jeu s’intensifia, Edge blessé reposait tranquillement près d’un arbre, suffisamment entamé par les griffes, pourtant, cela ne devait lui satisfaire, puisqu’il s’immisça une seconde fois dans le duel qui opposait Ana au lynx. Un acte traduit par la jambe qu’il s’obstina à tendre au passage d’Ana… trop concentrée pour se rendre compte du traquenard qui l’attendait, la brune s’étala de toute sa longueur sur le sol. Chute brutale, et étourdissante, toutefois pas suffisante pour détournée l’attention du vampire – elle réglerait ses comptes plus tard avec le policier, qui manqua de s’agripper à l’une des pattes de l’animal déjà avait-il fondu sur l’éclopé, et attaquer.
Pas le temps d’une trêve, il fallait faire repousser la bête avant qu’elle ne dévore Edge, elle ne souhaitait pas se retrouver avec un cadavre sur le dos, et surtout pas lui… Aucune arme correcte ne se présentait à elle, et un corps à corps ne lui inspirait rien. Anabeth cherchait des yeux un moyen de se défendre, et une pierre ciselée l’interpella, omettant volontairement la demande du garçon, comme si elle allait le laisser croupir ici ! Roulant sur sa droite, elle s’empara du caillou, s’égratignant les mains au passage, et comme si il s’agissait d’un gravillon, l’envoya valdinguer sur le flanc arrière de l’animal. Celui-ci gémit sous le coup porté, et se retourna en direction du vampire, armé de nouveau. Probablement apeuré, l’animal s’enfuit, claudiquant à travers les fourrées, disparaissant aussi vite qu’il n’était apparu.
Inquiète de la situation du garçon, elle accourut à ses côtés, souillée par la boue, l’angoisse qu’un malheur ne lui soit arrivé, peint sur le visage. Accroupit à ses côtés, elle s’enquit rapidement de l’état de santé du policier, « Comment tu te sens ? ». Clairement mal en point, Ana vérifia l’étendu des dégâts et décréta qu’ils ne pouvaient continuer leur pèlerinage avec de telles plaies. La seule solution fût celle qu’elle redoutait, tordant ses lèvres à cette pensée décisive, toutefois il valait soulager sa peine et éviter l'infection, elle soupira. « Tu ne vas pas aimer. » le prévint-t-elle, un mélange de résiliation et amertume se lisait sur son visage. Portant son poignée à sa bouche, elle n’hésita pas à trancher la chair de ses canines allongées, embarrassée malgré tout de se dévoiler si subitement. Le sang jaillit d’en travers la morsure. Elle dégageait une étrange aura d’autorité, et ses traits avaient perdus de leur douceur, elle n’osait le regarder juste lui offrir – ou le forcer à accepter son don. « Bois. » sans douceur, elle pressa sa chair ouverte et suintante aux lèvres de garçon. Bien plus puissant qu’il ne serait jamais, le pauvre n’avait aucune échappatoire. Ajoutant avec la même sévérité, « Retire ton haut après, je dois panser tes blessures. » elle était en partie responsable de ses balafres, et vu la position de celles-ci il lui serait difficile d’y accéder par lui-même.

Malgré sa grande envie de protéger Anabeth, Edge savait bien qu’il ne ferait pas le poids contre le fauve, encore moins dans son état. Ce qui ne l’empêcha pourtant pas de volontairement faire trébucher la jeune femme pour s’offrir comme cible. La suite se déroula rapidement et ses blessures l’empêchaient de complètement se concentrer sur ce qui se passait devant lui. S’il ne comprit pas totalement ce qui avait fait fuir le félin, parce qu’il doutait vraiment que la demoiselle ait pu lui lancer une roche avec suffisamment de puissance pour le faire fuir, le félin semblait être réellement parti. Un soupir de soulagement traversa ses lèvres alors qu’il suivait la demoiselle du regard. En toute sincérité, même s’il était bien content qu’elle soit restée, Edge aurait préféré qu’elle ne s’éloigne afin de ne pas se mettre en danger. Pas qu’il pouvait réellement parler vu ses tendances suicidaires de la journée, mais bon, il avait clairement montrer son désir de la protéger, elle aurait pu le respecter !
En la voyant se précipité à ses côtés, avec l’air inquiet sur le visage, le policier ne put s’empêcher de sourire. C’était idiot, mais à quelque part, ça prouvait qu’elle ne le détestait pas tant, qu’elle ne voulait pas qu’il lui arrive quelque chose. À sa question, son sourire s’agrandit encore un peu avant de plaisanter : « Je vais très bien qu’est-ce que tu crois ! » Il se doutait bien qu’elle savait que ce n’était pas le cas, mais il fallait se douter que sa fierté l’empêchait de s'apitoyer sur son sort devant une gente dame !

L’avertissement de la jeune femme ne fut pas vraiment compris par le policier et il ne fit que la fixer sans comprendre en outre mesure. Ses yeux s’agrandirent sur le coup de la surprise lorsque Anabeth se trancha la chair avec ses dents. L’incompréhension se lisait sur son visage, même si à quelque part son cerveau faisait les mathématiques. Les canines allongées ne pouvaient pas le tromper ; elle était un vampire. Avant même qu’il puisse offrir un semblant d’opposition, le poignet saignant de la jeune femme fut sur ses lèvres et l’ordre de la jeune femme se fit entendre. Boire ? Elle voulait qu’il boive du sang ? Bien qu’il opposa un minimum de résistance, Edge ne faisait pas le poids devant Ana si bien qu’il s’efforça de boire le sang. Le goût était loin d’être plaisant, mais étrangement, il se sentit beaucoup mieux en le buvant. Ses blessures lui faisaient beaucoup moins mal et aussi... l’attirance qu’il avait pour Ana semblait à niveau décuplée. Un peu perturbé par cette montée soudaine de sensation, il ne trouva rien de mieux à dire que : « Tu sais... le fait que tu sois un vampire ne change pas que tu es... très attirante. » Et aussitôt dit, aussitôt regretté. N’osant pas lever le regard sur la jeune femme, Edge obtempéra et retira son chandail. Franchement, il se sentait vraiment obligé d’avoir l’air idiot devant elle en disant de si beau commentaire. Finalement, dans un élan d’humilité, il déclara : « Merci pour avoir faire fuir... ça. même si tu aurais du partir comme je te l’avais demandé. » Il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il la remercie sans lui rappeler ça !

Ce n’était pas si compliqué au final, faire fuir le danger. Révéler sa véritable identité l’était tout autrement. Elle ne souriait, n’émettait aucune once de sympathie, et s’était refermée comme une huître une fois son poignet écorchée. Brutale. Appliquant la solution magique sur les lèvres d’Edge, implacable. Se révéler ne lui plaisait guère, puisqu’elle finissait par enfreindre sa première règle : se cacher. Les humains ne comprennent pas son état, sa nature, ses besoins. Tout comme le ferait sûrement le blond, et cela la bouleversait plus qu’elle ne l’aurait désiré. Balayant ses sombres pensées tout en récupérant son poignet, Anabeth l’essuya sur son jean avant que la morsure ne cicatrise complétement. Alors que le policer devait reprouver des sentiments expérimentés tantôt, Ana se démenait contre ses instincts afin de ne pas se repaitre de la réserve de sang que se trouvait être Edge. Maudite nature. Heureusement, le principal concerné ne se rendait compte de la bataille intérieure à laquelle se livrait la belle pour ne pas ployer sous la tentation sanguine.
L’intervention peu catholique d’Edge fût d’une grande aide quant à la déconcentration de créature affamée. Relevant ses prunelles vertes grandes ouvertes, interloquée par la scandaleuse révélation, elle ne pût camoufler sa surprise. Ah, c’est vrai, se souvint-t-elle, les effets aphrodisiaques du sang de vampire. Un sourire malicieux s’étira sur ses lèvres, radoucissant les traits durs que portait la demoiselle. « Même déguisée en gazon vaseux ? » plaisanta Anabeth, faisant référence à la terre et les résidus d’herbes répandus un peu partout sur son corps, ses cheveux. Malgré la gentillesse de l’effort, l’effet s’estompa presque systématiquement, et l’expression sérieuse se réinstalla. Ainsi il l’appréciait suffisamment pour lui faire ce genre d’appréciation : amusant. Obtempérant finalement aux consignes de la belle, Edge se débarrassa de son tee-shirt lacéré par d’énormes griffures. Les doigts de la jeune femme vinrent flatter la peau rougit, palpant précautionneusement. « Ce n’est pas trop douloureux ? » Une fois renseignée, elle se décida à le soigner, les entailles étaient pratiquement cicatrisées, insuffisamment pour les laisser à l’air libre. Agrippant le sac aussi amoché que son propriétaire, les remerciements d’Edge résonnèrent, accompagné d’un semblant de reproche, auquel Ana trancha sans concession. « Et te laisser dévorer ? » Elle était déjà morte, à moins que les griffes de la bête ne soit faite de bois, elle ne risquait pas grand-chose. Sans douceur, elle débuta les soins. Elle dût tout d’abord appliquer le désinfectant, n’hésitant à mettre la dose, peut-être par frustration. S’en suivit le bandage, posant le rouleau au fur et à mesure autour du torse et dos blessé, d’une main à l’autre la bobine se resserra peu à peu, resserrant l’étreinte tous les deux tours environ – il était un homme, la douleur ne le dérangeait pas. L’opération avait duré cinq petites minutes, et Anabeth n’avait pensé à rien d’autres que son devoir, à travers lequel se ressentait son amertume. Claquant sans ménagement sa main contre la peau nu du garçon, elle lui annonça, « Bien, je crois que c’est parfait. » ajoutant d’un ton sarcastique « Monsieur l’obsédé. » Elle ne savait trop comment se comporter avec lui, bien que sa mauvaise humeur l’emportait vraisemblablement. Se rélevant, et s'étirant par la même occasion, elle enchaîna directement. « Bien on va pouvoir reprendre cette maudite chasse aux œufs. » et encore, le mot était faible.

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'1' :

Bien qu’il ne savait pas comment réagir au fait qu’elle était un vampire, Edge doutait que son commentaire était ce qu’il y avait de mieux à dire. La réaction d’Anabeth fut plutôt surprenante et malgré le fait qu’il avait un peu envie de se frapper pour ce qu’il venait de dire, il resta plus ou moins sérieux. Il n’était pas une lycéenne en amour non plus ! Néanmoins en voyant le beau sourire qu’elle avait sur le visage, il ne put s’empêcher de sourire un peu à son tour. C’était tout de même mieux que le manque total de délicatesse dont elle avait fait preuve. Hochant légèrement la tête en entendant la plaisanterie de la jeune femme, il se permit de répondre : « Oui bien sur. » Même comme ça, il ne pouvait pas la voir d’une autre manière que : ravissante. Après tout, même lorsqu’elle avait été surprise dans son jardin, il l’avait tout de même trouvée charmante, un peu trop bizarre à son goût, mais tout de même charmante ! Ce n’était pas comme si on pouvait dire que Ana n’était pas jolie.
Puis vint le moment tant redouté : celui où elle allait le panser. Forcément, avec les sensations décuplées, il ne pouvait que redouter ce moment. Réprimant du mieux qu’il le pouvait ses sensations alors qu’elle palpait sa peau en lui demandant si ça ne faisait pas trop mal, Edge haussa les épaules avant de dire le plus sérieusement possible : « Ce n’est pas si mal... grâce à toi j’imagine. » S’il se sentait mieux après avoir bu du sang, une chose qu’il préférerait sans doute oublier, il trouvait bien étrange que ce soit grâce à ça. Sauf qu’il ne cherchait même pas à comprendre, c’était probablement mieux ainsi. Il lui demanderait des explications une autre fois, le moment était surement bien mal choisi pour le faire. De toute façon, la réaction de la demoiselle à ses remerciements demandant son attention, il finit par répondre un simple : « Oui. » Parce qu’il aurait préféré ne pas la mettre en danger.
Lorsqu’elle débuta le pansement de ses blessures, Edge du s’efforcer de ne pas réagir. Il ne comprenait pas trop pourquoi il était si sensible tout à coup, mais ça le gênait vraiment. Son corps réagissait au toucher d’Anabeth sans qu’il n’y ait de raisons et même si en soit s’était plaisant. Il tenta également d’ignorer la douleur causée par la grande délicatesse de la jeune femme. Heureusement, le supplice termina quelques minutes plus tard, même si l’indélicatesse de la demoiselle semblait continuer. Fronçant légèrement les sourcils, il ne sut pas trop quoi répondre. « Merci. » Pour une fois, il jugea mieux de ne pas chercher à se défendre quant à l’accusation qu’elle proféra. Valait mieux se concentrer sur la chasse, comme le disait la demoiselle.

Se remettant en marche, sans rien dire, Edge regardait aux alentours à la recherche d’un oeuf. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus simple à trouver, mais un nid attira son regard. « Attends, je crois que j’ai vu un oeuf ! » En lui faisant signe de l’attendre là, le policier se dirigea vers l’arbre en question et attrapa l’oeuf avant de se retourner vers elle avec un beau sourire, comme s’il ne s’était absolument rien passé. « Il est un peu petit, mais ils n’ont pas parlé de taille non ? » Croyant que c’était terminé, il retourna vers elle, ignorant le faucon qui fonçait sur lui, visiblement mécontent, à croire que la nature n’était pas de leur côté !

Il y avait de quoi se rassurer, si, même crasseuse son charme ne dépérissait pas, elle s’en serait bien flatter si son sang ne coulait dans les veines du blessé. Anabeth devait avouer qu’elle le trouvait bien charmant pour un homme dont la partenaire était une vampire, peut être cachait-il ses véritables intentions, elle n’en savait trop rien, la méfiance était donc de mise. Elle l’avait soignée, pansée, faisant presque oublier la douceur dont elle avait fait preuve sous leur refuge. Peut-être finirait-il par se détourner d’elle si ses manières rustres perduraient. La brune avait d’ailleurs imposé cette distance par habitude, quiconque découvrait sa nature primaire se devait de passer outre ce mur sommairement installé. Il discutait, ou plutôt, s’efforçait de tenir un semblant de conversation, tâche à laquelle ne fût pas très sensible Ana. Elle se moquait aussi bien de lui faire mal, les griffures du lynx avaient été bien plus vives que sa mauvaise humeur. Leur instant de répit cessa enfin, alors qu’ils reprirent la route à la recherche de l’œuf si convoité.
Les recherches finirent par être fructueuse, pensa-t-elle, alors que le blond s’imaginait avoir déniché leur perle, rebroussant chemin avant de suivre de près la trouvaille du jeune homme, Anabeth eût la mauvaise surprise de remarquer une ombre piquait sur l’aventurier ! La vampire fondit sur Edge et le poussa carrément alors que l’oiseau, muni de ces serres, embrocha l’épaule du vampire, lui arrachant un cri de douleur. L’oiseau reprit son envol, déployant ses ailes noires de jais, et s’esquiva au loin, l’air triomphant. Maudissant la sale bête, Ana jugea l’état son articulation : de nouveau en état. La peine éprouvée, quant à elle, semblait encrée pour quelques minutes encore. Elle soupira rageusement, fulminant contre les investigateurs de cette chasse aux œufs, de sa trop grande curiosité, et accessoirement, Edge. Les prochaines heures seraient requises pour calmer sa démence. « Plus jamais. Non, plus jamais ! » Elle jura les yeux aux ciels, contre des dieux auxquelles elle ne croyait même pas. Son attention se reporta sur le blond, qu’elle avait balancé tel un vulgaire sac de patates afin de lui éviter l’assaut meurtrier du faucon. « Fais attention la prochaine fois, et si tu veux une omelette, il y a de quoi faire ailleurs. » lui dit-elle, glaciale. Elle lui tendit la main, qu’il ne croupisse pas éternellement en ces lieux. « Je ne sais pas pour toi, mais ces bois me donne la chair de poule. » Aussi incroyable que cela puisse paraître, les deux dernières épreuves l’avaient éreintée, et faite frémir d’une angoisse encore inconnue. La vie d’Edge était en danger ici-bas. Elle ne donnait pas cher de sa peau si un autre animal enragé les assaillait. Sans plus de conversation, Anabeth se remit en route, silencieuse. Elle avançait, à l’affût de moindre bruissement suspect, arpentait les derniers sentiers – du moins espérait-elle qu’ils le soient - avec appréhension, prenant garde aux formes ovoïdes peut être trompeuse. Une distance convenable s’était installée entre les deux âmes, chacun de son côté scrutant l’objet désiré, la clef de la libération. Une forme imposante, ovale, propre, nichant confortablement au milieu d’un nid noueux mais récent. Une bouffée d’espoir lui emplit le cœur, « Là ! » s’écria-t-elle en pointant son index en direction de l’œuf.