Bonjour, je me nomme Aiden et mon père est un connard homophobe. Quoi ? On ne commence pas son histoire de cette façon ? Pardon, laissez-moi recommencer. Alors, je suis un descendant de la longue lignée des Park. Une lignée d’animorphes au sang pur. Vous ne trouverez aucun humain et encore moins de loup-garous dans mon arbre généalogique et si vous regardez plus près encore, vous pourrez remarquer quelque chose d’encore plus remarquable : tous les mâles de la famille sont des animorphes d’une race de chien. Tous, sans exceptions. Ceux qui sont découvert comme possédant une autre forme de base sont bannis de la famille. Lukas, mon grand-frère, a connu ce triste sort. À quinze ans, il a été expulsé de la famille. Pour aller où ? Personne ne le sait. Est-il encore seulement en vie ? Je ne le sais pas. Je ne le saurais jamais. Lukas a été un des - très probablement - nombreux Park à ne pas recevoir une race de chien dès la naissance. Non. Lui tenait de la mère et se découvrit le jaguar comme premier animal. Park Taehoon, notre père, le jeta dehors en découvrant ce secret qu’il avait essayé de camoufler difficilement pendant deux ans. J’avais dix ans et, à cet âge, comprendre pourquoi son frère ne revient pas pour manger, ni les jours suivant, est quelque chose d’intrigant. Pendant trois mois, mes parents m’ont fait croire qu’il était partis étudier dans le pays de maman : les États-Unis. Après cinq mois, j’ai compris qu’il ne reviendrait peut-être pas. J’ai pleuré quand Hailey, notre mère, ma confiée le secret que l’homme immonde qu’est Taehoon avait jeté l’aîné de la famille à la rue. À l’heure où elle me disait cette nouvelle, il devait probablement être décédé. Quelque part dans la forêt, achevé par un loup-garou en crise de pleine lune. Parce que oui, papa avait bien calculé sa journée. Pour se débarrasser de la honte de la famille, il s’était assuré de lui shooter suffisamment de somnifères pour qu’il ne risque pas de se réveiller avant un bon moment et était allé le balancer près des habitations des loup-garous avant que le soleil ne soit complètement couché. Allez imaginer comment on put réagir une bande de créatures sanguinaires qui tombent sur de la chair fraîche et facile.

Sinon, ma vie de famille ressemble à celle de beaucoup de gens. Deux parents, mariés avec deux enfants. Enfin, trois, mais seulement deux qu’ils vous avoueront avoir. Mon père niera l’existence de Lukas jusqu’à sa mort et ça le fait bien chier lorsque j’évoque mon défunt grand-frère. Comme vous l’avez compris, je ne suis pas enfant unique. J’ai une sœur. Une jumelle, précisément. Nous sommes identiques sur beaucoup de points. Tous, en fait. Sauf celui de l’apparence physique, bien sûr. Elle est également animorphe du mastiff tibétain, mais contrairement à moi, ma sœur peut aussi se changer en panthère des neiges. La relation entre moi et Crystal est étonnement forte, si bien qu’on arrive à se comprendre sans même avoir besoin de se regarder, ou même d’être dans la même pièce. Quand un des deux va mal, l’autre le sait immédiatement. Je ne peux pas imaginer ma vie si elle devait mourir. Elle a toujours été présente pour moi et vice versa. Elle m’a mainte fois défendu face à notre père lorsque ce dernier a appris pour mon homosexualité... Mon orientation sexuelle m’a pratiquement coûtée la vie. De la même façon que mon frère, de plus. Sauf que, papa avait mal calculé sa dose de somnifères...

Un hurlement. Des ombres. Mes yeux s’ouvrirent difficilement pour tomber sur la vision d’un ciel noir, étoilé mais lumineux. La lune, pleine, luisait. Éclairant la cime des arbres et laissant entrevoir une ombre s’approcher, au loin, à une vitesse peu rassurante. La silhouette laissa deviner un loup-garou et instantanément, mon instinct de survit me balança sous ma forme canine juste avant que le bipède ne se jette sur moi. On roula dans l’herbe, me forçant à lutter de toutes mes forces pour éviter les mâchoires claquantes de mon assaillant. Une morsure sur son museau me permis de me dégager de son emprise. Je tenta de japper, de gronder, de montrer les crocs bref, de le repousser, mais ce ne fût guère fructueux. Il poussa un nouveau hurlement avant de s'approcher de moi comme si je n'étais qu'un vulgaire chihuahua. Mon inexpérience au combat me donnait le désavantage et il le comprenait, mine de rien. Je tenta de le mordre à plusieurs reprises, mais chacun de mes coups de crocs semblaient le laisser indifférent. Le combat était inégal, terriblement inégal et risquait de se terminer aussi vite qu'il était débuté. Plaqué contre le sol, j'étais blessé gravement et je saignais. Je sentais le liquide envahir ma fourrure. Les griffes du loup-garou n'avaient aucun problème à trouver leur chemin dans mon épaisse protection pour retrouver ma peau et la labourer. Je cru que j'allais crever là et abandonna toute défense. Un nouveau grondement me força à remuer le museau pour remarquer ce qui se passait. Un éclair de poil noir se jeta sur mon agresseur pour le faire rouler plus loin. Tout ce que je pouvais entendre était les grondements de l'énorme canin que je reconnaissais sans même avoir besoin de le regarder. La regarder, plutôt. Elle avait sentit le danger et avait été guidé jusqu'à moi par son instinct. Crystal a toujours été meilleure au combat que je ne le suis. Lorsqu'elle revint vers moi suite à sa victoire avec deux robes de chambre dans la gueule, elle reprit forme humaine pour enfiler la sienne en vitesse et me vêtir de la mienne. Parce que forcément, cette perte sanguine importante m'avait fait retrouver une forme bipède forcée. Mes yeux roulèrent difficilement en sa direction et je pus lire la panique dans son regard. J'ouvris la bouche, mais perdit conscience avant de pouvoir prononcer le moindre mot.

Étonnement, c'est comme ça que j'ai rencontré l'amour de ma vie. Oui, l'amour de ma vie. Je dois la vie à un phénix. Ce phénix. Sunny. On ne peut que me raconter comment les événements se sont déroulés suite à ma perte de conscience, mais je sais que le lendemain, je me suis réveillé chez lui. Ma jumelle était là, elle aussi, à veiller près de moi. Qu'étais-je supposé faire maintenant ? Retourner chez moi, comme si de rien était ? Taehoon venait d'essayer de mettre un terme à mes jours donc, rien ne l'empêchait de recommencer et de ne pas rater son coup cette fois-ci. Les deux mois qui suivirent, je les passèrent à chercher refuge chez mes amis, parfois à l'hôtel. Deux mois pendant lesquels, je revis mon sauveur à plusieurs reprises. Dès le premier regard, le coup de foudre m'avait frappé et, visiblement, c'était réciproque. Deux mois à se tourner autour avant que notre relation ne s'officialise. Le reste de l'histoire, tout le monde le sait.

Pour parler de moi sur le plan psychologique, disons que je me trouve très beau. J'ai un orgueil mal placé et un degré de narcissisme très élevé. J'en suis conscient et ça ne me dérange pas. Cette assurance me rend sûr de moi. Rien ne m'intimide et je fais face à toutes les situations la tête haute. Les critiques n'atteignent que le bas de mes chevilles et ne me blessent que rarement. Je suis très possessif envers ce qui m'appartient et je refuse systématique qu'on leur touche. Je ne suis pas généreux, je ne partage pas ce qui m'appartient. Sauf avec ma sœur et mon petit ami. Je ne suis pas quelqu'un de difficile à vivre pour autant. En fait, je suis d'une agréable compagnie puisque je suis toujours de bonne humeur et que j'ai la discussion facile. Je dis tout haut ce que je pense sans songer aux répercussions, enfin, la majorité du temps. Je ne suis pas un imbécile qui se jette imprudemment dans la gueule du danger simplement pour montrer que je suis un homme digne de ce nom. J'ai le sommeil très léger depuis que mon père a voulu m'exterminer et un rien me sortira des bras de Morphée. Pour en savoir plus, il faudra apprendre à me connaître...

Je me fiche un peu de savoir qui appartient à quelle race. Chaque personne peut être bonne ou mauvaise, peu importe de quel clan elle provient. Une licorne peut se révéler être un être barbare et sanguinaire tandis qu'un vampire peut tout autant se trouver être gentil et adorable. Les préjugés sont des idées préconçues qui ne devraient pas exister. Ils font davantage de mal que de bien, je suis bien placé pour le savoir avec le père que j'ai. Toutefois, je reste humain, moi aussi, et j'ai une mauvaise manie à prendre les loups-garous pour des salauds. Peut-être simplement parce que mon défunt frère a certainement péri sous les crocs de l'un d'eux.