Attendez-là… C’était quoi cette embrouille ?!! Il avait terminé, là, non ?!! BORDEL. Comme si Na Chun avait que ça à faire : élever un poulet. Il était plutôt du genre occupé donc c’était loin de l’arranger toute cette histoire. C’était tellement arbitraire de décider comme cela qu’il allait passer plusieurs jours avec ce… machin… et Luce, ne l’oublions pas. C’était déjà un miracle qu’il ne l’ait pas tuer après quelques heures ensembles… mais il ne fallait tout de même pas pousser la chance trop loin. A peine arrivé dans leur « appartement », il soupira. Il fallait vraiment qu’il évacue la pression, sinon il allait exploser… Et ce ne serait pas beau à voir, je vous le garantis.

Contrairement à lui, Lucrézia semblait prendre très à cœur son rôle de « maman »… Elle lui avait tout de suite pris la bête des bras… Bon, cela ne le dérangeait pas trop, hein. Si elle voulait se brûler les bras, il n’allait pas la retenir,… ce n’était pas son problème. Là, pour le moment, il serait plutôt tenté par une petite sieste. Toutes ces aventures l’avaient fatigué… et donner un petit creux mais il se voyait mal croquer dans le poulet que ne quittait pas la demoiselle… Bin, on ne pouvait pas lui en vouloir, non ? Il était un félin et les félins, c’est sensé manger les volailles, non ? Donc ce… «François » n’avait qu’à bien se tenir… S’il voulait rester en vie, bien sûr.

A peine Luce avait terminé ses baragouinages que de toute façon, Na Chun s’était déjà étalé de tout son long sur le lit. Si elle voulait le lire, elle n’avait qu’à l’écraser… Non, pas de pensées perverses, merci. Na Chun était un petit garçon sage. Bin quoi, vous pouvez bien y croire juste quelques secondes, non ? Juste un peu ? Et puis, « François »… C’était quoi ce prénom ? Il comprendrait si le machin tentait de se suicider avec un nom pareil… Bon bin… tant pis pour lui, hein… Il l’avait chercher en naissant dans ses mains… Il laissa ses yeux se fermer… Ce n’était peut-être pas la bonne idée de s’endormir dans la même pièce que la demoiselle… Mais là, ses paupières étaient bien trop lourdes pour qu’il ne tente de les retenir. Un petit somme ne risquerait pas de faire de mal, non ? De toute façon, il resterait sur ces gardes grâce à ses instincts animaux. S’il ne s’endormait trop profondément… ça allait pas le faire… Croisons les doigts pour que Luce et François le laissent tranquille, au moins quelques heures, le temps de récupérer… Et si la demoiselle croyait franchement qu’il allait lui laisser le lit sans rouspéter, elle se foutait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Il n’allait plus se laisser marcher sur les pieds, il s’était déjà assez laissé faire. Lucrézia n’avait qu’à se garder son oiseau de malheur, il n’en voulait pas. Il enfonça négligemment sa tête dans les draps, il n’avait pas le courage de se mettre dessous, trop fatigué. Il somnolait déjà de toute façon.

Na Chun fronça le nez. Ça sentait bizarre. Ce n’était pas son odeur… Non… il n’était pas chez lui… Alors pourquoi dormait-il ? Normalement ce genre de choses n’arrivaient jamais… A moins qu’il soit dans un hôtel en charmante compagnie, ce qui pouvait expliquer les choses… Il ouvrit péniblement les yeux… Et petit à petit, il réalisa ce qu’il s’était passé. Ah… Ouais. MERDE. Lucrézia et le poulet, il les avait oublié, le temps de rejoindre Morphée. Il aurait préféré que tout cela soit un simple cauchemar… Mais apparemment pas… Il se redressa légèrement sur le lit… Ah… Qu’est-ce qu’elle faisait à côté de lui ?! Il avait encore ses vêtements… et elle aussi… Donc ils n’avaient pas encore fait des petits frères ou des petites sœurs à François… C’était déjà une bonne nouvelle, non ? Ou pas, car là, ça faisait un petit moment qu’il n’avait rien fait… Pas qu’il était un chaud lapin mais juste un homme, hein. Ne le prenez pas pour un obsédé. Il était un humain tout à fait normal… Enfin un animorphe mais cela revenait au même.

Pour en revenir à l’odeur… Il réalisa soudainement ce que c’était. Le poulet ! Il était en train de faire cramer les rideaux ! Apparemment les organisateurs avaient pensé à fournir des jouets ignifugés… mais pas les accessoires ménagers… C’était… très intelligent. Bon, il fallait tout de même avouer que Na Chun n’aurait même pas pensé aux jouets, mais chut. Pour le moment, il se contenta de courir vers la direction du feu pour que tout ne finisse pas en cendres. C’était déjà pas mal, non ? Lucrézia pourrait au moins le féliciter de temps en temps pour ces bonnes initiatives… Donc il accourut jusqu’au poulet pour l’attraper… Et merde, c’qu’il était con ! Maintenant il avait des brûlures sur toute la surface de ces paumes… Tss… Ce machin ne lui apportait déjà que des problèmes… ça commençait bien. Il jura plutôt violement de douleurs et lâcha la bestiole qui voleta un peu plus loin…

Bordel, ça faisait mal. Et pas qu’un peu. Il se mordit la lèvre inférieure, histoire de ne pas gémir plus… Il ne voulait pas se ridiculiser plus que nécessaire… Il se dépêcha de décrocher les rideaux – en tirant violement dessus, évidemment – et les piétina pour éteindre le feu avant de courir mettre ces mains sous l’eau froide. Tss… Il pouvait déjà voir les immenses cloques qui allait avoir… Foutu oiseau. Fout poulet. Il allait simplement le passer à la casserole avec des carottes et ce serait terminé ! Il ne voyait pas pourquoi il devait se casser la tête avec ce truc en compagnie de Luce… Et plus vite le poulet serait cuit – dans tous les sens du terme – plus vite il pourrait se barrer d’ici et reprendre ces arnaques quotidiennes.

Et cette demoiselle qui dormait tranquillement alors que les rideaux cramaient… Elle aurait au moins pu surveiller la volaille. Elle ne servait vraiment à rien ! Il jeta un regard noir à François qui était venu se frotter à sa jambe timidement. Espérait-il se faire pardonner ? Qu’il rêve ! Na Chun allait juste le plumé dès que ces mains iraient mieux ! Alors le poulet avait pas intérêt à trop le coller ! Sinon, il le plumerait sans lui avoir tordu le cou avant, pour bien qu’il souffre… Il mit un petit coup de pied aux fesses de l’animal pour qu’il aille voir ailleurs… Mais ce dernier ne semblait pas décider à le lâcher. Tss ! C’était Luce sa « maman » pas lui, qu’il foute le camp !

- Va ailleurs le Poulet !

Il frissonna violemment en sentant les mains de Lucrézia sur ces bras, pendant qu’elle le tirait les siennes sous l’eau. Il ne l’avait même pas entendu se rapprocher… Fallait croire que ces instincts de survie avaient baissé… D’habitude, il est toujours sur le qui-vive. Mais là, étrangement pas… Pourquoi ? Il était pourtant en compagnie de deux êtres… dangereux pour sa survie mentale et physique. Ouais, le poulet venait de vouloir le carboniser et Luce… n’en parlons même pas. Jamais il ne ferait confiance à cette nana. Sans compter que le fait d’être dans une situation de faiblesse devant elle… ça le faisait admirablement chier. Et elle qui jouait à la gentille infirmière. C’était du grand n’importe quoi. Il se contenta de grogner – encore une fois – en l’entendant faire ces habituelles remarques. Quand est-ce qu’elle allait comprendre que de toute façon, même si par le pus grand des hasards elle avait raison, il ne comptait pas l’écouter. Question de fierté, pour changer.

Mais BORDEL. C’était quand même douloureux, malgré les soins de Lucrézia. Ouais, il était pas prêt à dire merci pour le bandage qu’elle venait de le faire…

- Merci…

Enfin, ça, c’était sans compter sa langue qui a été plus rapide que son cerveau. Mais comme il l’avait à peine murmurer, il espérait sincèrement que Luce n’avait pas entendu. Bin, quoi, il pouvait tout de même rêver, non ? Oui, même lui avait des espoirs parfois… On ne dirait pas n’est-ce pas ? Néanmoins, il était humain, même on ne dirait pas tout le temps…

Il se releva vite pour s’écarter le plus possible de Luce, histoire qu’elle oublie tout ce qui venait de se passer. Il pouvait être certain qu’elle n’hésiterait pas à revenir sur cette histoire… Et encore une fois, ça le faisait chier. Chier parce qu’il a été con de prendre le Poulet dans ses mains sans protection… Et qu’il avait laissé s’échapper un merci. Merci, ce n’était pas le genre de trucs que le grand Na Chun disait. Ces mots devraient lui être inconnus… et pourtant… Et pourtant ! Il se mordit la lèvre inférieure, tentant de calmer ses nerfs qui commençaient doucement à vouloir le lâcher. Bon, maintenant, il pourrait peut-être espérer bouffer un truc, non ? Depuis le temps qu’il avait faim… Il se dirigea vers le frigo qu’il ouvrit à avec un peu de peine… Merde. Il lui faudrait un moment avant de pouvoir se servir correctement de ces mains. Il jeta un rapide regard à l’intérieur. Oh ! Quelqu’un l’avait visiblement stalker pour connaître ses goûts… Tout à coup, cela lui coupa l’appétit. Il se retourna vers la demoiselle pour lui jeter un regard noir.

- T’avais rien d’autre à faire que d’espionner mes habitudes alimentaires ?

Oui, on applaudit, Na Chun venait de faire 1 : une déduction, 2 : une phrase complète (même une question en plus). On le félicite et on reprend le cours de l’histoire. Il n’avait plus envie de manger… Surtout si toute cette nourriture venait bel et bien de Lucrézia, comme il le croyait. Il se rapprocha du canapé avant de s’y affaler, sans aucune grâce. François vint tout de suite à côté de lui. Il grogna, tentant de l’y dissuader… mais cela ne sembla pas vraiment marcher. Stupide bestiole, il risquait vraiment de le cuir au barbecue.

Qu’est-ce qu’elle avait encore cette folle furieuse à lui envoyer pleins de trucs à la figure ?! Elle pouvait pas rester tranquille dans son coin trente secondes ?! On dirait qu’elle prenait un malin plaisir à venir l’emmerder spécifiquement lui. Bon, en passant, le torchon avait très vite servi de jouet à François, qui ainsi, arrêtait de le coller… Donc, merci Luce, ça l’arrangeait pour le coup. Il avait réussit « subtilement » à détourner l’attention du poulet. A réagir autant vivement… il croirait presque que Luce était dans sa… période du mois, dirons-nous. Mais il préférait largement ne pas savoir ce genre de détails… Encore plus lorsque cela la concernait elle.

En fait, là, il ignorait complètement la demoiselle. Elle allait bien se calmer toute seule au bout d’un moment, s’il voyait qu’il ne faisait pas de cas, non ? Comme les enfants… il avait lu quelque part – dans un de ces stupides magazines féminins pour une de ces arnaques – que lorsque les enfants piquaient des crises, il fallait simplement les ignorer… Alors il ne faisait qu’appliquer leur conseil à la lettre, hein… Mais là, du goût, il avait de nouveau faim. Il se releva du canapé… Et ce foutu poulet trop cuit voleta pour se percher sur son épaule. Ne pas péter un câble. Ne pas péter un câble. Ne pas… péter un câble… Ce foutu truc à plume allait finir éventrer… En plus, Na Chun avait bien trop peur de se rebrûler pour oser le déloger de son épaule… Donc… il le laissa là où il était… On dirait pas un peu un pirate avec un perroquet sur l’épaule ?

Enfin, bref… Il ne lança qu’un bref regard à Lucrézia… Elle n’arrêtait jamais de manger, celle-là ? Euh… ce ne devait être qu’une impression. Certainement. Il continua son chemin jusqu’au frigo avant de l’ouvrir… Ah… Il y avait un plat cuisiner… C’était Luce qui l’avait fait ? Il ne l’avait pas vu il y a cinq minutes… Rahh… ça l’emmerdait mais… Il avait envie de le manger. Mais elle prendrait ça comme une petite victoire, non ? Et pis Merde. Il s’en foutait de ce qu’elle pensait. Il attrapa l’assiette et alla s’asseoir à la table… le plus loin possible de Lucrézia… Il ouvrit le tiroir près de lui pour en tirer des services et commença à manger… Et visiblement le volatile avait aussi envie… Il grogna un petit juron et lui tendit quelques grains de maïs grâce à sa fourchette… François avait l’air d’aimer… Il eut un petit sourire. Non, vous avez rêver. Na Chun ne venait pas de sourire à cette boule de plume à feu. C’était juste une illusion d’optique. Il se renfrogna et reprit de manger. Il ne se laissera pas attendrir. Surtout pas après ses brûlures… Il avait même de la peine à tenir ces services tellement c’était douloureux. En parlant de ça, il les lâcha en gémissant. Ça faisait bien trop mal. Les bandages avaient beau soutenir ses plaies… elles n’en étaient pas moins présentes et à vif. Et… en fait, il releva le regard vers Luce… Qu’est-ce qu’elle faisait cette dingue, debout dans la cuisine avec les bras croisés ?

Connard ? Cela mit du temps à monter jusqu’à son cerveau… Il se retourna brusquement pour voir que Lucrézia avait déjà disparue. Où elle avait passé ? Elle s’enfuyait après une simple petite insulte comme ça ? Cela ne lui ressemblait pas. Pas du tout. Et sans qu’il sache pour quoi… ça l’agaçait. Il fit descendre le poulet de son épaule… Il fallait qu’il voit ce qu’il se passait. Il ne pouvait pas laisser les choses ainsi… Il repoussa son assiette que François attaqua comme un affamé. Bon, ainsi au moins, il était occupé à autre chose que le coller… Et de toute façon, lui n’avait soudainement plus faim.

Où Luce était passée ? La salle de bain ? C’était la seule direction logique qu’elle aurait pu prendre… Après tout, il n’avait pas entendu la porte d’entrée s’ouvrir… et il n’y avait que deux pièces dans l’appartement. La salle principale qui regroupait salle à manger, salon, cuisine et chambre… et la salle de bain. Donc, il n’y avait pas besoin d’être un scientifique avoir un énorme cerveau pour analyser ce genre de situations… Mais que voulez-vous, on ne peut pas toujours en vouloir à Na Chun d’être un abruti, non ? Il n’est doué que pour une chose : survivre. Cela semble inscrit dans ses gênes… et si quelqu’un arrivait à l’effacer, ne serait-ce qu’une seconde dans sa vie, ce serait un miracle… Et depuis quelque temps, avouons-le, Lucrézia était devenue une faiseuse de miracles. Une magicienne.

Il se leva… François, trop intéressé par la nourriture ne faisait même plus attention à lui. Tant mieux… Là, Na Chun devait s’occuper de sa maman… Raahh, le voilà qui commençait à se laisser avoir par cette foutue mascarade. Il fallait qu’il se ressaisisse… Sinon il allait faire des conneries encore plus grosse que lui. Il toqua à la porte… Comment Luce osait-elle le fuir ?! Alors qu’il avait presque fait des efforts pour pas l’emmerder depuis qu’ils étaient à l’appartement ! Il ne comprenait décidemment rien à cette nana… Ah, mais ce n’était pas comme s’il avait envie de la comprendre, hein, en vous y trompez pas !

- Luce ?!

Ouais, là, il perdait patience. Attendre n’a jamais été son fort, sauf lorsqu’il montait ces arnaques. Là, il pouvait tendre un piège pendant des mois et des mois sans décrocher… Mais les choses du quotidiens lui étaient juste inconcevables. Il fallait que les choses soient simples et rapides, est-ce demander la lune ? Apparemment. Car avec Lucrézia, tout semblait se compliquer inutilement. Lui n’arrivait tout simplement pas à comprendre le pourquoi du comment… et ça le rendait fou. Il ferait certainement mieux de tout laisser tomber… Peut-être même Asaviks et ces habitants, pour se construire une autre vie loin de tout ça… Après tout, rien ne le retenait, non ? A part sa mère adoptive… Mais elle, il pouvait la prendre avec sans problème. De toute façon, elle était tellement shootée qu’elle ne remarquerait même pas s’il la déménageait. Il ne pouvait pas se permettre de la laisser derrière… Il était la seule chose qui lui restait… Même si tout ça était de sa faute. Il l’avait rendu comme ça, après tout…

- LUCE ?!

Tss… Lui qui tentait de se montrer gentil ! Voilà donc comme il était remercié ! Que du bonheur ! Stupide humaine… Stupide femme tout court… Il ne savait même pas pourquoi il prenait la peine de se compliquer la vie à cause d’elle. Tout ce qu’il avait à faire, c’était sortir de cet appartement et partir le plus loin possible de toute cette histoire. Après tout, rien ne l’obligeait à rester ici, non ? Il s’en foutait de perdre à ce foutu truc… Il n’y gagnerait rien en restant ici… juste des maux de têtes et des coups de sang. Il fallait mieux qu’il retourne faire ses arnaques bien tranquillement dans son coin. Luce n’avait qu’à s’occuper de son poulet si elle le souhaitait, il la lui laissait sans aucun regret.

Oui… c’est ce qu’il allait faire. Non, il ne fuyait pas. Il avait juste fait un choix. Il ne baissait pas les bras… Non, Lucrézia ne lui faisait pas peur… Non, il ne fuyait pas ses sentiments… Quels sentiments, d’ailleurs ? Il n’y avait pas pire âneries que cela. Il ne ressentait rien pour elle si ce n’est de l’irritation voir de la rage parfois. Rien ne lui servait donc à rester ici.

Il s’éloigna de la porte et commença à rassembler quelques maigres affaires qu’on ne sait qui avait disposé dans la pièce… Il se demandait vraiment comme ces derniers avaient réussi à trouver son appartement… vu qu’il était inscrit sous un faux nom. Ils étaient forts. Et cela le faisait chier. Ce n’était pas vraiment comme si c’était donné de la peine pour ce coup-là mais… Le fait qu’on ait réussi à déjouer ces plans le faisaient royalement chier. Mais le pire était de se dire qu’ils avaient réussi à pénétrer dans son intimité… Ils devaient certainement avoir vu le peu de choses qu’il possédait… A part les vêtements qu’il utilisait pour ces arnaques et les papiers trafiqués… En y pensant, si c’était bien la Mairie qui avait organisé tout cela… Les gens qui étaient allé fouillé chez lui auraient forcément dû le dénoncer aux autorités… Donc son intuition était la bonne. La Marie n’était pas derrière tout cela. Enfin, tout cela ne le concernait plus…

Il sursauta. Il venait d’entendre un violent bruit… Qui venait de la salle de bain. Là où se trouvait Luce… Bon, tant pis, ce n’était certainement pas grand-chose, n’est-ce pas ? Il se mordit la lèvre inférieure. Généralement, il n’était pas curieux… Mais là, son instinct le titillait, une fois de plus. Tss… Elle allait une nouvelle fois le rendre fou, il le sentait d’avance. Il s’avança de nouveau vers la porte, silencieusement, pour pas qu’elle ne l’entende… Et il tenta d’ouvrir la porte. Verrouillée. Elle faisait vraiment tout pour qu’il pète un câble. Bon… défoncé la porte le défoulerait… C’est ce qu’il fit. PUTAIN ! Cela faisait mal ! Cela avait l’air moins douloureux dans les films… Il gémit de douleur en tenant son bras gauche… Les mains, ensuite son bras, et après quoi ? Il n’allait pas tenir jusqu’à la fin de la journée avec ce rythme ! Il réunit ces pensées et jeta un œil dans la salle… Luce était étendue par terre… Blanche comme la mort. Il n’était pas médecin, contrairement à elle, mais cela ne lui disait rien de bon… BORDEL. Elle était vraiment une plaie… Il la souleva en soupirant… Il avait mal partout… Tss. Lourde… Malheureusement, il n’était pas très musclé… Il se dépêcha de la « jeter » doucement sur le lit… Le Poulet le regardait étrangement… Mais il s’en foutait. Il étendit la demoiselle sur le lit. Elle se réveillerait bien au bout d’un moment, non ?

A peine consciente, que son venin l’assénait déjà. Na Chun n’en pouvait plus. Littéralement. Il en avait assez qu’elle ne pouvait même pas accepter le fait que pour une fois, il l’avait aidé… Le fait que s’il était à sa place, il agirait exactement pareil n’était qu’un détail. Un détail très négligeable pour son esprit. D’ailleurs, aussitôt pensé, aussitôt effacé ! Il était trop rapide… Il grogna et s’écarta d’elle. Il ne l’écoutait même plus… ça servait à rien de toute façon, quoi qu’elle dise, ça revenait toute façon au même point : tout était de sa faute. Ce qui n’était peut-être pas tout faut… Mais Na Chun avait marre de tout se reprendre en pleine poire, quoi qu’il fasse.

Il retourna s’agenouiller près de son sac sans rien dire et ajouta une dernière chemise… Bon, tout était réglé maintenant… Il repoussa de sa main blessée le Poulet qui venait voir ce qu’il fabriquait… Ce dernier aussi l’emmerdait royalement… Quoi que… il devait avouer que ce dernier ne l’avait pas autant fait chier que la demoiselle ici présente… bien qu’il lui avait brûlé les paumes des mains… Il lui en voulait moins à cette bestiole qu’à Lucrézia… Ouais, le poulet n’avait pas touché son cœur, lui… Non, tout cela n’était que dérivations. Evidemment, Luce n’avait pas atteint son cœur. Personne ne l’avait fait jusqu’à maintenant, ce n’est pas elle qui changera la donne, n’est-ce pas ? Non, cela n’était même pas une question. C’était une évidence.

Il tira la fermeture éclaire de son sac dans un bruit sourd. Bruit qui transcenda brusquement le silence de la pièce. Il se releva et jeta le dit-sac sur son épaule en grimaçant. Il y avait encore mal… séquelle du défoncement de porte de tout à l’heure… D’ailleurs, il se demandait bien qui paierait pas la réparation… Certainement pas lui. Tout ça c’était à cause de Luce, elle n’avait qu’à assumer ces conneries pour une fois… Lui quitter le navire, une bonne fois pour toute. Il lança un petit regard à la cause de tous ces malheurs, alias Im Lucrézia. Oui, juste un petit coup d’œil. Pas pour se convaincre de rester, non,... juste… juste comme ça. Elle aurait été en train de pleurer, cela n’aurait rien changer du tout. Ni dans le bon ni dans le mauvais sens… En y pensant… quel était le bon et quel était le mauvais sens ? Tout se mélangeait dans sa tête et cela ne disait rien de bon… Il avait besoin d’un grand bol d’air. Et du sexe, accessoirement. Oui, il devait évacuer toutes les frustrations avant d’exploser et de faire des dégâts.

- Débrouille-toi toute seule. Tu me gonfles.

Oh, il aurait pu dire bien plus de choses bien cassantes… Il aurait pu la rabaisser encore et encore, surtout qu’elle était en position de faiblesse, là… Mais Na Chun n’en pouvait plus. Ouais, le grand Ok Na Chun baissait les bras. Mais chut, son orgueil n’était pas prêt à se l’avouer. Rohh… et puis de toute façon… il s’en foutait. Luce ne représentait rien pour lui de toute façon. Là, ce n’était plus ses nerfs qui étaient à bout, mais tout son esprit. La guerre entre la demoiselle et lui l’avait usé jusqu’à la corde… Elle avait bien trop d’influence sur lui… Il aurait dû la tuer pour s’en débarrasser… ça aurait été tellement plus facile… Il ouvrit la porte d’entrée alors que le Poulet émettait une sorte de gémissement pour attirer son attention….

Une fois la porte de l’appartement passé, il la ferma sans regret. Pour l’instant, il n’avait qu’une seule envie : courir loin. Le plus vite possible. Il voulait qu’enfin Lucrézia sorte de sa tête et le laisse tranquille pour de bon… Car en fait, cela faisait des semaines qu’elle le hantait d’une manière ou d’une autre… Même lorsqu’elle n’était pas dans les parages, son image revenait son cesse à lui. Et il en avait plus qu’assez. Il voulait en terminer une fois pour toute. Il n’aimait pas que les choses se répètent indéfiniment, le train-train quotidien, ce n’était pas son truc… Et pourtant, Luce devenait comme une constante dans sa vie… Et cela lui foutait la trouille. Une trouille bleue, instinctive… qui vous prend aux tripes plus certainement qu’un fruit de mer pas frais… Une peur qui vous donne la nausée… Et qui aimerait ça ? Certainement pas lui. Sa vie d’avant lui manquait cruellement… sa vie sans Luce. Sans trace de casse-têtes psychologiques et sentimentaux…

Mais alors pourquoi avançait-il si lentement ? Lui qui voulait se dépêcher ? Lui qui voulait fuir ? Lui dont la rapidité était légendaire ? Pourquoi ces jambes se faisaient-elles si lourdes qu’il avait de la peine à les soulever l’une après l’autre ? Dans sa tête, tout semble flou… C’est comme si quelqu’un venait de faire de la bouillie avec toutes ses pensées. Puis il s’arrêta brusquement de marcher. Il avait entendu Sa voix. Oui, Luce était derrière lui… Tss… Son instinct animal était vraiment entrain de moisir, il ne l’avait même pas sentie arrivée…

Il écouta tout ce qu’elle avait à dire. Sans bouger, restant dos à elle… Oui… il écouta sans un mot. Mais c’était trop tard, n’est-ce pas ? Il avait l’impression que… que quelque chose s’était cassé. Sa patience ? Ces nerfs ? Franchement, il n’en avait aucune idée… Mais ça faisait mal et il n’en pouvait plus. Il ne savait plus quoi dire, plus quoi faire… Comme si son cerveau s’était vidé d’un coup et qu’il ne restait plus que la fatigue après.

- Et alors ?

Oui. « Et Alors » ? Qu’est-ce que tout cela changeait à la situation ? Elle avait fait des efforts… Oui, mais encore une fois, c’était trop tard. Elle aurait dû faire tout cela il y a bien longtemps. Il avait l’impression qu’il n’avait pas arrêté de lui tendre des perches, de faire des pas dans sa direction… et qu’elle l’avait sans cesse rembarrer, ignorer… Mais à quoi s’attendait-il ? Aucune idée. Il ne savait plus qu’une chose : il ne l’aurait jamais.

Il soupira et passa une main mi-agacé mi-impatiente dans ses cheveux… Et voilà que même le ciel se remettait contre lui… Il commençait à pleuvoir des cordes. C’est comme si tous les éléments se mettaient contre lui pour le rendre encore plus pitoyable. Comme s’il avait besoin d’aide aujourd’hui… Il n’espérait désormais plus qu’une chose, se planquer dans un coin pour roupiller et tout oublier. Très vite. On remet les pendules à zéro, hein ? Comme après l’histoire avec sa mère… Tiens… il pouvait aller roupiller chez elle, en y pensant… C’était mieux que rien, maintenant que mon appartement n’était plus « sûr »…