Excité comme un chien à qui on lance la balle, Aiden fût prêt à partir le premier, attendant impatiemment que Sunny termine de s'habiller et d'arranger sa chevelure blonde. Il y avait un petit moment que Park n'avait pas eu l'honneur de mettre les pieds dans ce genre de boutique et savoir qu'il y allait aujourd'hui avec son petit ami le rendait pratiquement fou de joie, vu ce que cela impliquait en arrière-plan. Peut-être passait-il présentement pour un obsédé, mais ce n'était pas volontaire. L'animorphe était comblé que leur relation fasse enfin un pas dans cette direction. Oui, enfin. N'oublions jamais qu'Aiden restait un homme qui n'était plus vierge et cette dernière année à enchaîner râteau sur râteau de la part de son amoureux sur le sujet n'était pas ce qu'il y avait de plus satisfaisant.

Le mastiff demeura tout aussi énergique durant toute la durée du trajet, serrant fermement la main de Yang dans la sienne, ses doigts glissés entre les siens sans gêne. Parfois, il s'arrêtait devant les vitrines des cafés pour admirer des cupcakes en présentoirs, mais reprenait son chemin, ne perdant pas leur but des yeux. Il sentit ses doigts se libérer de ceux du phénix, mais ne se questionna pas, entrant enfin dans le sexshop vers lequel ils les avaient soigneusement dirigés depuis que le couple avait posé un pied en dehors de la maison. Bien qu'il y avait un moment que le chien n'y était pas venu, il n'eut pas beaucoup de mal à se repérer, trouvant aisément la rangée qu'il désirait. « Tu pré-... Sunny ? » À peine Aiden avait-il ouvert la bouche, glissant un regard sur le côté pour s'adresser à l'oiseau qu'il remarqua son absence. Où était-il passé ? Le canin revint sur ses pas, l'interpellant quelques fois par son prénom ou son surnom avant de le retrouver. Dehors. Devant la porte de la boutique.

Park roula des yeux et sortit à l'extérieur. « C'est à l'intérieur que ça se passe, bébé. » Aidennie lui sourit avant de reprendre sa main dans la sienne pour le forcer à franchir le seuil de la porte à sa suite, l'emmenant dans la rangée qu'il avait repérée quelques instants plus tôt. Enfin, il put lui poser la question qu'il avait tenté de lui demander avant de se rendre compte de son absence : « T'as des préférences ? ». Conscient de la timidité de son petit ami sur le sujet, l'aîné évitait de nommer les termes directement et à haute voix. Il se contenta plutôt de lui désigner du doigt la sélection de lubrifiants dans laquelle il pouvait choisir. Certes, Aiden aurait pu faire un coup vite en choisissant lui-même le nécessaire, payer et ressortir sur le trottoir, mais il voulait que Sunny s'habitue à ce genre de chose plutôt que de prendre l'habitude de toujours laisser le plus vieux s'occuper de ça.

Jamais de sa vie il n’avait autant pris son temps. Chaque mèche de cheveux blonds était source d’une entière considération de la part du jeune homme. En fait, il en avait rien a faire de ses cheveux qui était aussi beaux que d’habitude. Mais il cherchait à tout prix à retarder le moment de leur départ. Sunny n’avait aucunement envie d’aller dans une boutique d’objets érotiques. Vraiment, il aurait préféré se briser la cheville une deuxième fois que d’y aller. Mais il avait dit oui. C’est même lui qui avait proposé l’idée. Et pour être honnête, il ne s’était jamais trouvé aussi stupide de toute sa vie. Finalement, il dût admettre que tout était présentable et ils prirent la direction de leur destination.

Autant le plus vieux était joyeux, limite gambadant dans la rue, autant le cadet, à son total opposé, trainait du pied et malgré un soleil rayonnait, voyait le ciel en gris. Il devait faire un effort, il ne cessait de se le répéter. Mais il détestait ce genre d’endroit de un, et l’énergie exagérée de son petit ami l’agaçait au plus au point. Yang lui aurait annoncé qu’il l’emmenait dans le pays de ses rêves, en lui achetant tout ce qu’il veut et en lui offrant en plus une vie éternelle que Park n’aurait pas été aussi content, le phénix en était sûr. À croire que rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de faire l’amour. Et ça, ça irritait la princesse. Lui jetant un regard exaspéré de temps à autre, le cadet n’ouvrit pas la bouche une seule fois durant le trajet, chose plutôt rare -voire impossible- .

Enfin, ils s’arrêtèrent devant l’endroit du péché. Enfin, Sunny arrêta, laissant filer la main de son amoureux qui entra directement dans la boutique sans même remarquer que l’oiseau de feu ne suivait plus la cadence. Le légendaire regarda autours de lui, des passants passaient à coté de lui sans même le remarquer, et pourtant il se sentait juger de part et d’autre. Et si ça mère apprenait ça ? Oh mon dieu. Ça serait sûrement la honte. Encore pire si sa demi-sœur venait à l’apprendre. Prenant une grande respiration, il se décida à rejoindre son amoureux.....son esprit se décida du moins. Parce que visiblement, son corps n’était pas décidé à aller dans un tel endroit, restant immobile à fixer la vitrine exposant des sous-vêtements affriolants et des jouets des plus dégoutants. Et s’il se sauvait en courant ? Ah, non, trop tard. Aiden était déjà ressortit, l’entrainant contre son gré à l’intérieur.

Et voilà, il était entré. Il était même dans une rangée, devant un étalage de lubrifiant. « T’as des préférences ? » Le blondinet rougit violemment en baissant la tête. Comment pouvait-il avoir de préférences ? Il n’avait aucune expérience, et surtout aucune envie de regarder ou de comprendre la différence entre chaque lubrifiant. « N-Non..p-prend lui que tu veux et sortons d’ici, au plus vite Ainnie .» Pressé vous dites ? Il aurait préféré se promener avec un sac brun sur la tête que d’être vu dans un tel endroit. Surtout qu’il avait du faire un effort pour tenir la main d’Aiden tout le long: pas qu’il avait honte de lui, mais disons qu’avec sa confiance un peu branlante (pardonnez le terme), il était plus ou moins à l’aise avec le fait d’avouer à tout le monde son homosexualité. Donc être vu dans un sex shop, avec son petit ami, devant les lubrifiants, s’était un peu avouer à tout ceux qui pourraient les voir qu’ils faisaient l’amour en plus. Aïe.

Aiden posa son regard sur Sunny qui ne semblait visiblement pas à l'aise. L'animorphe aurait été stupide de croire que le phénix aurait été d'une aisance naturelle et aurait immédiatement participé à tout ça, mais de le visualiser le calma un peu, semblant soudainement gagner une once de maturité cachée au fond de lui-même. À l'aide de son pouce, il caressa le dos de la main du cadet avec légèreté et douceur. « N-Non..p-prend lui que tu veux et sortons d’ici, au plus vite Ainnie. » Une petite moue déçue ne put s'empêcher d'apparaître sur son visage, mais il la chassa vite fait pour reprendre son sérieux et approcha un peu plus des étagères en compagnie de Yang pour pouvoir regarder les choix. Forcément, après un an, le mastiff avait besoin de vérifier les étiquettes pour ne pas se planter dans sa décision. « Toujours prendre à base d'eau quand tu utilises un préservatif en même temps. » Conseil numéro un et primordial. Non pas parce qu'il avait peur qu'une malchance s'abattre sur eux et que Sunny tombe enceint, ce qui était impossible, mais bien parce qu'il est toujours préférable de se protéger lorsque la porte de derrière est empruntée.

Park parcourut l'étiquette de trois ou quatre tubes avant de faire son choix qu'il montra à l'oiseau de feu, souriant finement en reprenant sa main dans la sienne. Voyant que la mine de son petit ami ne semblait pas s'éclaircir, il déposa un rapide baiser sur sa joue pour lui glisser à voix basse un « t'as l'air de stresser... on ne fait qu'acheter, ça ne veut pas dire que ça va arriver aujourd'hui ». Malgré la joie dans laquelle baignait présentement le canin, ça ne signalait pas qu'il comptait forcer le plus jeune à passer à l'acte le jour même. Il avait bien attendu un an, ce n'était pas quelques jours de plus qui allaient le tuer. Jamais Aiden ne pousserait son petit Sunny à faire quelque chose dont il n'avait pas envie car, il jugeait que c'était le genre de geste totalement inadmissible. Surtout pour ce genre de moment. Surtout dans le cas du dominé. Le mastiff comptait bien attendre le jour où le phénix le réclamerait de lui-même puisque c'est précisément à ce moment que le tout serait le meilleur, dans la mesure du possible.

Tenant son petit ami par la main, l'animorphe l’entraîna dans la section des préservatifs, s'arrêtant devant la panoplie de choix considéré comme normaux, laissant soigneusement les trucs étranges dans leur coin. « Bon aller, regarde pas pendant que je choisis la bonne taille, c'est une surprise ! » Surprise, plus ou moins puisque Yang l'avait très sûrement déjà senti, mais pas suffisamment pour affirmer une taille précise. Quoi qu'il en soit, le mastiff ne s'arrêta pas à savoir s'il regardait ou non pour s'emparer de la bonne boîte dans sa main qui tenait déjà le lubrifiant.

« Toujours prendre à base d'eau quand tu utilises un préservatif en même temps. » Aïe. C’est qu’il s’y connaissait vraiment. Qui savait une telle chose ? Aiden n’avait quand même pas fait des recherches sur le sujet ? Ou il parlait d’expérience ? « Oh mon dieu, j’en reviens pas que tu saches de telles choses.. » Quoi ? Il était pudique bon. La connaissance générale du blondinet était vaste et diversifié, mais complètement nulle côté sexualité. Et il ne tenait pas particulièrement à accroitre ses connaissances. Oh voilà que le plus vieux avait finalement arrêté son choix et lui montra. Comme si Sunny aurait pu réagir là-dessus. Que voulait-il qu’il fasse, qu’il s’écrie de joie ?

C’est en ayant la mine toujours sombre que le plus jeune s’attira un baiser sur sa joue. « t'as l'air de stresser... on ne fait qu'acheter, ça ne veut pas dire que ça va arriver aujourd'hui » Oui mais ça voulait dire que ça serait bientôt. Très bientôt. Que leur relation allait aller de l’avant, que Sunny serait un amant pitoyable et qu’Aiden le quitterait assurément. Bon, c’était un scénario plutôt catastrophique et à tendance négative, mais il n’arrivait pas à s’imaginer autre chose. « J-Je stress pas...j’aime pas ce genre d’endroit, c’est tout.. » Le coeur de la princesse se serra douloureusement soudainement. Et si tout ce passait mal ? Et si ça lui faisait un mal de chien ? Il s’il n’aimait pas ça du tout et qu’il ne voulait plus jamais recommencé, et que Park le quittait ? Bref, il paniquait, encore. Et tous ces scénarios désastreux aboutissaient à la même crainte: celle de perdre définitivement son copain. « H-Hm...oui je stress en fin de compte. Mais n’en parlons pas ici. » Il devait lui en parler. Non ?

Il se laissa trainer jusqu’à la rangée des préservatifs. Suivant le conseil de son petit ami, il cacha ses yeux d’une main pour ne pas voir la grosseur qu’il prenait. C’était déjà assez stressant, il ne préférait pas savoir à l’avance si Aiden était super bien membré. Non mais, il avait déjà trop de chose à se préoccuper, il ne voulait pas avoir à angoisser sur la taille de ce qui allait, éventuellement, entrer à lui. « Okay je regarde pas. Et je regarderai pas jusqu’à ce que tu aies tout payé ! Je veux pas savoir la taille de ton..truc ! » Et suivant ce qu’il venait de dire à la lettre, il se laissa guider jusqu’au comptoir de la caisse en gardant sa main sur ses yeux étroitement fermés. « Dit hm...on pourrait aller prendre un café après, qu’en penses-tu ? » Et oui, vous l’aurez deviné, Sunny tentait de retarder le moment du retour à la maison, surtout qu’il savait qu’à cette heure, ni Snow ni sa maman était là. Le moment parfait quoi. Trop parfait justement.

« Oh mon dieu, j’en reviens pas que tu saches de telles choses.. » un léger rire s'échappa des lèvres du demi-américain. Oh, pour en savoir des choses, Aiden en savait. Or, il préféra taire toutes ces informations qui se bousculaient dans sa tête, de peur d'effrayer son cadet. Après tout, son but n'était pas de lui mettre la pression, loin de là. Il ne comptait pas comparer ceux qui avait précédé le phénix. Si avant de connaître Sunny, le chien s'était souvent prêté au jeu des comparaisons, il ne comptait pas renouveler l'expérience. Tout était différent à présent. L'animorphe était officiellement en couple et ce genre de pensées étaient totalement inadmissibles à son avis.

Voyant la mine de son petit ami, il déposa un baiser contre sa joue dans le but de le rassurer, bien que cela ne sembla pas changer grand chose à l'humeur de ce dernier. « J-Je stress pas...j’aime pas ce genre d’endroit, c’est tout.. » Bien sûr. Park ne doutait pas de son amour pour le sexshop, mais plutôt de son affirmation comme quoi il ne stressait pas. « H-Hm...oui je stress en fin de compte. Mais n’en parlons pas ici. » Voilà la réponse que le mastiff désirait entendre. Non pas que savoir que l'oiseau de feu angoissait faisait son bonheur, mais plutôt parce que le canin préférait que Yang se confie à lui au lieu de tout garder à l'intérieur. « D'accord. On en parlera ailleurs... » Après ces mots, Aiden traîna le blondinet dans la section des préservatifs pour choisir la bonne boîte. « Okay je regarde pas. Et je regarderai pas jusqu’à ce que tu aies tout payé ! Je veux pas savoir la taille de ton..truc ! » Truc. Park eut un nouveau ricanement tout léger. Le côté prude de Sunny était totalement mignon. Voyant bien que le phénix était sérieux sur son arrêt de regarder, il le guida jusqu'à la caisse pour payer. « T'es trop mignon ».

« Dit hm...on pourrait aller prendre un café après, qu’en penses-tu ? » Park rangea son porte-feuille dans la poche arrière de son jean prenant le sac que la caissière lui tendait en signalant à Sunny qu'il pouvait recouvrir la vue en appuyant légèrement sur ses avant bras avec ses doigts. « Si tu veux » répondit l'animorphe en gardant le sourire même s'il crevait d'envie de rentrer. La maison était vidée de ses occupants, ils avaient le nécessaire... mais Yang était apparemment encore trop nerveux pour franchir le pas. C'est donc pour cette raison qu'il s'arrêta devant l'une des vitrines à cupcakes qu'il avait croisée plus tôt pour finalement ouvrir la porte. Une clochette sonna au dessus de celle-ci, avertissant la jeune serveuse de leur arrivée. Le chien entraîna son cadet jusqu'à une table plutôt en retrait dans le fond du café pour être à l’abri des oreilles indiscrètes et déposa le sac entre ses pieds sous la table, tentant de le cacher un peu aux yeux des autres par respect pour Sunny. Rapidement, l'aîné commanda deux cappuccinos ainsi que deux cupcakes et se retrouva seul à seul avec l'oiseau. « Vas-y maintenant... dis-moi ce qui te stresse à ce point » Aiden n'était pas tellement connu pour passer par différents chemins.

En l’entendant rire , Sunny tenta de toquer Aiden à l’épaule: il n‘aimait pas quand il riait de ses expressions pudiques et révélatrices de son aversion pour tout mot à connotation intime ou sexuelle.. Malheureusement, les yeux fermés c’était pas l’idéal, surtout pour un jeune homme qui a déjà du mal à viser en regardant la cible. « T’es trop mignon ». Hm! Fronçant les sourcils, le cadet tapa du pied. « Je suis pas mignon! Je suis très viril et ... Arrête de me dire que je suis mignon, j’suis pas un gamin ! » Bien sûr, il n’était pas fâché pour vrai. Mais il avait toujours l’impression de se faire traiter comme un enfant quand on lui disait qu’il était mignon. Rare était les fois où il entendait de lui qu’il était « beau » ou «sexy » Non. C’était toujours « trop mignon » , « choupinet » ou encore la pire de toute « à croquer ». Non mais! M’enfin bref.

Un soupire de soulage s’échappa d’entre les lèvres de la princesse quand il reçut une réponse positive à sa proposition de café. Il savait bien que l’idée de rentrer devait titiller l’ainé, mais il préférait quand même retarder le moment. Pas qu’il faisait exprès de torturer son amoureux, bien loin de lui cette idée. Mais disons que c’était...presque involontaire. C’était comme si la vierge effarouchée en lui prenait le contrôle, comme à l’habitude. Et dans les derniers jours, depuis leur dispute en fait, Sunny se sentait de plus en plus angoissé. Il savait qu’il avait dit oui pour le faire bientôt. Il savait que c’était le temps. Mais il se mettait la pression. Il avait peur. Il n’était pas prêt, mais il essayait de se convaincre qu’il l’était pour Aiden. Résultat ? Au lieu de les rapprocher, les souder comme jamais, cet éventuel avancement était en train de les éloigner. Depuis qu’il avait céder, le blondinet angoissait tellement qu’il faisait tout pour ne pas se retrouver seul à seul avec Park. Ce dernier l’avait-il seulement remarqué ?

Ils s’assirent l’un devant l’autre dans un petit café coquet. Le moment aurait pu être des plus romantiques. Les cappuccinos, les cupcakes, deux amoureux. Mais pourtant l’oiseau de feu se sentait atrocement mal à l’aise. Parce que le mastiff le regardait droit dans les yeux, chose qu’il n’appréciait guère en tout temps -toujours son problème de confiance, ouais-, et qu’en plus il lui demandait d’étaler ses craintes. Prenant un grand respire, le plus jeune prit la décision d’attendre un peu avant de tout lui dire. Avant, il préférait savoir. S’aventurer sur un terrain glissant, un sujet dont il avait toujours refusé d’entendre parler. « A-Avant toute chose...je sais que je t’ai toujours dit que je ne voulais rien savoir ..m-mais...j’aimerais savoir combien d’amants tu as eu... »

« A-Avant toute chose...je sais que je t’ai toujours dit que je ne voulais rien savoir ..m-mais...j’aimerais savoir combien d’amants tu as eu... » Fuck. Aiden se recula sur sa chaise, s'adossant contre le dossier de celle-ci en évitant soudainement le regard de Sunny. Il n'avait jamais fais le décompte, mais sachant que l'animorphe ne s'était jamais attaché amoureusement à quelqu'un avant le phénix, le nombre était plutôt élevé. Disons que Park avait été le genre de personne qui ne sortait pas dans les boîtes simplement pour danser et qu'une soirée était complètement ratée s'il ne trouvait pas une personne avec qui partager la nuit... Or, l'admettre verbalement à Yang lui semblait tellement rude. Le manque de confiance de l'oiseau était criant et le mastiff ne voulait pas risquer que ce dernier se sente davantage inférieur à lui dû à son nombre inconnu d'amants. Pianotant doucement sur la table du bout des doigts, le demi-américain passa sa langue sur ses lèvres, contrôlant ses cordes vocales pour ne pas les laisser s'exprimer sans que son cerveau n'ait analysé la situation correctement. « Je ne sais pas... Je ne me rendais pas toujours jusqu'au bout, mais je n'ai jamais fait le décompte... »

La commande se posa sous leur nez et la petite brunette repartit aussitôt, les laissant tranquilles et n'ayant pas envie d'être dans leurs pattes plus longtemps. Silencieusement, il attaqua une première gorgée de son cappuccino, plutôt nerveux à l'idée d'avoir avoué une telle chose à son petit ami. Il craignait l'impact que cela pouvait bien avoir sur la conscience et l'estime de ce dernier. Puis le déclic se fit dans le crâne du cabot. Un déclic logique. Le phénix lui demandait le nombre d'amants qu'il avait eus avant d'exprimer ce qui le stressait. C'était donc forcément en lien sinon son questionnement n'aurait eu aucun sens. Un « Oh, Sunny » lui échappa alors qu'il déposait la petite tasse dans son assiette. « C'est ça qui te stresse ? Le fait que j'ai eu des rapports avant toi..? » Il n'avait pas vraiment besoin de confirmation pour affirmer qu'il avait mis le doigt sur le problème. « Si ça peut te rassurer, saches que ce n'est pas une mauvaise chose, bien au contraire... ma première fois ne s'est pas très bien déroulée. Alors, je suis content de savoir que tu n'auras pas à vivre un moment aussi horrible. » Nul besoin de se lancer dans les détails d'une première fois respective entre deux personnes du même sexe, n'est-ce pas ? Le principal était que c'était terminé et que, désormais, il n'avait qu'à se préoccuper de Sunny.

« Je ne sais pas... Je ne me rendais pas toujours jusqu'au bout, mais je n'ai jamais fait le décompte... » Les lèvres du plus jeune s’entrouvrirent sous la surprise. Une réponse dans le genre « j’ai eu 5 amoureux avant toi » ou « j’ai couché avec une dizaine de personnes » auraient été blessantes, certes. Mais ça, c’était totalement inattendu. Il ne savait même pas avec combien de personne il avait couché. Ce fut au tour du plus jeune de s’adosser complètement sur sa chaise, passant une main dans ses cheveux blonds, les décoiffant légèrement, les yeux toujours rivés sur son petit ami qui pour la première fois, évitait son regard.

La commande arriva mais, chose rare et impolie, la princesse ne prit pas la peine de remercier la petite serveuse. Il en avait absolument rien à battre en fait du capuccino et des cupcakes. Alors que l’ainé se jetait presque sur son breuvage, sûrement mal à l’aise après un tel aveux, le phénix n’y toucha pas. Ses lèvres se pincèrent douloureusement. Quelque chose bouillonnait dans sa tête et dans ses veines. La frustration ? La rage de découvrir un passé si peu glorieux de la part de celui qu’il admirait ? La déception peut-être ? La déception de découvrir qu’avant, son amoureux faisait partit de ces gens que Yang détestait; ces gens qui couchent sans lendemain et sans aucune réelle considération pour leur partenaire. Ou était-ce simplement la jalousie, cette si vielle amie, qui venait lui rendre une visite après une si longue absence ? Parce qu’il ne pouvait nier être jaloux à chaque fois qu’il pensait qu’il n’était pas le seul avec qui Aiden avait eu du plaisir. Il ne serait pas son premier. Mais là, c’était le comble de savoir qu’il ne pouvait même pas compter ses rivaux tant leur nombre était grand. En fait c’était un mélange de ces trois sentiments; déception, colère et jalousie , un coktail pour le moins explosif qui se propageait lentement mais surement dans tous les sens du blondinet.

Une cascade de paroles de la part du mastiff le sortit de ses pensées. Ce dernier semblait plutôt heureux de lui, d’avoir soi-disant trouver le problème de Sunny. Oui, c’était presque ça. Le problème, c’est qu’il avait peur de ne pas être à la hauteur. Et maintenant qu’il venait d’apprendre que son cher petit ami était -avant, bien sûr- un coureur de jupons -ou de pantalons- , ça n’aidait vraiment pas à son estime. Ni à sa confiance. Ni à sa motivation de coucher avec lui.

Un silence glacial s’installa entre les deux amoureux. Un Sunny qui ne dit rien est très, mais alors là TRÈS, mauvais signe. Il se sentait trahit, même si c’était bien avant leur relation. Tant de fois il avait parlé de ce genre de personne à Aiden, disant à quel point ça l’irritait, pourquoi n’avait-il pas pris la chance d’être honnête avec lui à ces moments ? Dire que le matin même, la princesse avait honte d’être encore vierge à 18 ans, maintenant c’était tout autre chose. Il se sentait...non, en fait il avait toujours honte. Mais il avait, pour la première fois, honte de son petit ami qui avait peut-être perdu sa pureté jeune, mais qui en avait fait tout un mauvais usage. Aiden était son idol, mais maintenant il retombait durement sur le sol. Il était peut-être pas si différent des autres garçons au final. Le coeur serré, Sunny se releva et partit en direction des toilettes sans même bafouer une excuse. C’Était simple: il ne pouvait supporter de voir Aiden pour le moment.

Si Aiden avait été intelligent, il se serait donné la peine d'inventer une réponse rassurante pour faire plaisir à Sunny, mais parfois, l'intelligence de l'étudiant en administration semblait faire défaut. Son propre flot de paroles qui suivit ne sembla pas faire réagir le phénix. Devant le silence de son petit ami, le chien ne savait plus quoi penser ni quoi faire. Il avait merdé, il le voyait bien. Park décida de se fondre dans le silence à son tour, jugeant que la balle était dorénavant du côté de Yang. Le mutisme respectif était perturbé par le simple bruit faible du tapotement des doigts de l'aîné contre la table. L'harfang se mordilla la lèvre inférieure, regardant distraitement par la fenêtre à sa gauche. De sa main inactive, il se frotta la nuque en glissant ses doigts dans ses cheveux, cherchant comment rattraper le coup, mais rien ne lui venait à l'esprit. Attendre semblait être la meilleure des solutions.. ou pas. Son regard suivit l'oiseau qui se levait de sa place. « Où tu vas ? » paniqua plus ou moins l'animorphe, inquiet par cette réaction muette. Il n'eut pas de réponse, juste la vision du jeune blond qui se dirigeait vers les toilettes et y entra. Aiden resta figé quelques instants, toujours assis sur sa chaise en fixant la porte fermée, ne comprenant pas vraiment ce qui venait de se passer. Il était fâché ? Vexé ? Déçu ? Irrité ? Triste ? Park n'avait pas la moindre idée de vers quelle émotion il devait pencher. Toutefois, sa conscience lui dicta quoi faire.

Abandonnant ce qui leur appartenait, le mastiff se leva à son tour pour s'approcher des toilettes pour hommes et entrer à l'intérieur. « Sunny ? » Le trouver ne fût pas une étape bien ardue puisqu'il l’aperçut près des lavabos. « Sunny... Bébé... Qu'est-ce qui se passe ? » L'animorphe se dirigea vers son petit ami sans se presser, comme s'il cherchait à approcher d'un oiseau rare dans la forêt, ne voulant pas le brusquer. Aiden appuya ses fesses contre le comptoir, tournant le dos aux miroirs et garda la tête légèrement tournée pour regarder le blondinet. « Qu'est-ce qui ne va pas ? T'es pas comme ça d'habitude... » Par « d'habitude », le brun parlait bien sûr de la tendre époque où tout allait bien entre eux et qu'il ne se prenait jamais la tête. Tout le contraire de ces derniers temps. « On dirait que tout ce que je dis ou fais finit par t'énerver. »

Il avait l’impression de manquer d’air. Tout ça, toutes ces confrontations depuis quelques jours, tous les malentendus, toutes les tensions. Tous ces secrets. Les déceptions qui se répétaient, les attentes déçues des deux côtés. Où était leur petit bonheur tranquille ? Tous leurs fous rire, leur tendresse et leur passion ? Tout semblait si loin. Sunny lui-même ne se reconnaissait plus depuis quelques jours. Sa nature pacifique était devenue colérique, excessive. Il en voulait à la terre entière depuis qu’il avait appris qu’il ne passait pas son année, deux jours auparavant. Il en voulait à Aiden et à sa soeur d’être si parfaits dans tout. Et maintenant, il en voulait à Park de n’être justement pas aussi parfait qu’il l’avait toujours pensé. Pour la première fois depuis leur rencontre, Yang voulait être loin de l’animorphe. Il ne voulait pas le voir durant plusieurs heures, voire jours. Il avait besoin de réfléchir. Mais ça ne marchait pas comme ça. Habituellement, pour un couple de leur âge, quand une pause se fait ressentir, chacun repart dans son chez-soi, le temps nécessaire. Mais pour eux, c’était différent. Aiden vivait chez Sunny, et si ce dernier le mettait à la porte, l’aîné se retrouvait à la rue. Et aussi fâché soit-il, le cadet ne serais jamais assez méchant pour faire ça.

Une personne entra dans la petite salle de bain, et le blondinet eut bien vite fait de deviner qui c’était. « Sunny... Bébé... Qu'est-ce qui se passe ? » Les lèvres du maknae se pincèrent à nouveau. Ça se disait : « vas-t’en » ? « Laisses-moi tranquille « ? Bien sûr que ça se disait. Mais pas pour le plus jeune. Il n’avait pas la force ou même la volonté de le rejeter. Une présence vint se poser près de lui, dos au lavabo. Le phénix, lui, ne bougea pas de sa position: les deux mains appuyées sur le comptoir, face au miroir, la tête baissé et les yeux rivés vers le fond du lavabo. « Qu'est-ce qui ne va pas ? T'es pas comme ça d'habitude... » D’habitude. Oui d’habitude il était joyeux et rien ne le dérangeait vraiment. Il pardonnait tout, ne s’énervait jamais. Facile à vivre quoi. Mais ça avait changé, depuis quelques temps. « D’habitude? D’habitude, je ne suis pas comme ça en effet. Parce que si on emploi le mot ‘’ d’habitude’’ pour signifier le temps plus joyeux, comme le mois passé, tout était différent. D’habitude, je suis un étudiant qui en arrache mais qui se débrouille, qui est en terminale et qui s’apprête à entrer dans le programme de ses rêves. D’habitude je suis un jeune homme qui a un copain merveilleux dans tout ce qu’il fait, patient et attentionné. Un amoureux qu’il admire par-dessus tout. Sauf que maintenant.. » Le plus jeune ferma les yeux quelques secondes ,le temps de prendre une grande inspiration pour calmer la colère qui lui battait dans les tempes. Rouvrant les yeux et tournant la tête pour regarde finalement Aiden, il continua: « Sauf que maintenant je suis un étudiant qui va redoubler son année. Je suis un étudiant en terminale qui RESTE en terminale et qui vient de recevoir une lettre de refus du programme de ses rêves parce que ses notes sont insuffisantes. Sauf que maintenant je suis un jeune homme qui n’arrive même pas à parler à son amoureux sans qu’ils se dispute. Un jeune homme qui est déçu de voir que la patience légendaire de son amoureux est maintenant achevée, et que je dois me forcer à aller dans des endroits que je déteste pour lui faire plaisir. Et au comble de tout, je réalise que l’amoureux qui était mon idole se rapproche plus du gigolo que du prince charmant puisqu’il n’est même pas capable de compter le nombre d’aventures qu’il a eut! »

Aiden conservait son regard posé sur son petit ami. Dans un sens, toute cette histoire l'inquiétait. Et si un jour, Sunny préférait mettre un terme à leur relation ? L'animorphe se retrouverait à la rue, forcé à se prendre un petit appartement probablement pas très haut de gamme – ce qui était un véritable crime pour l'être narcissique et soigné qu'il était – pour pouvoir continuer à avoir un toit sur la tête et ne pas risquer sa peau. Car, retourner chez lui était impossible. Il risquait la mort. Si son cher père avait bien désirer le tuer une fois, il n'hésiterait sûrement pas à recommencer et ne manquerait pas son coup cette fois-ci. C'était probablement par peur de se retrouver dans la rue – et aussi de perdre celui qu'il aimait, on tait les mauvaises langues – qu'Aiden s'était montré si patient envers leur sexualité inexistante, a secrètement espérer qu'un jour, ça allait venir tout seul. Que Sunny se donnerait à lui dans un moment spécial... Son anniversaire, noël... la saint-valentin... mais non. Jamais.

Yang ouvrit enfin la bouche... pour déverser un important amont de paroles que le mastiff n'eut pas le choix d'écouter. De toute façon, il voulait savoir ce qu'avait le phénix à dire. Il désirait connaître les tourments et problèmes de son petit ami. C'était ça un couple, non ? Être toujours là l'un pour l'autre. « Sauf que maintenant.. » Visiblement, ce qui allait suivre n'allait pas être facile et effectivement, ce fût plutôt dur à accepter. « […] se rapproche plus du gigolo que du prince charmant [...] » ces mots le frappèrent. Un gigolo. C'était comme ça que l'oiseau le percevait à présent ? Park baissa les yeux, blessé que son petit phénix le représentait dorénavant de cette manière peu gracieuse et élégante. Il avait vécu une bonne jeunesse avant de se caser, rien de plus, qui avait-il de mal là-dedans ? « P-pour tes notes ça ira.. Tu te rattraperas et tu feras mieux l'année prochaine... » Et pour le reste ? Pour ce qui restait, c'était au tour du brun de se fondre dans le silence. Voir l'orgueil du demi-américain être blessé n'était pas une chose commune – mais pas du tout – et c'est ce qui en faisait un fait aussi surprenant. Lentement, Aiden fit un petit pas vers l'avant afin de se séparer du comptoir, évitant toujours soigneusement de regarder Sunny, de peur de croiser son regard qui, à présent, le jugeait. Dire que Park n'avait jamais porté de jugements sur la personne qu'était l'oiseau de feu. Pourtant, il aurait eu bien des sujets sur lesquels le faire. Pour n'en citer qu'un : son statut de vierge effarouchée. Et même malgré ça, l'animorphe ne s'était jamais plié à le considérait comme telle, préférant se dire qu'il n'était simplement pas prêt. Dire que présentement ces deux mots ne lui brûlaient pas les lèvres auraient été un effroyable mensonge. Or, il fit un effort considérable pour les garder pour lui, ne prononçant pas de phrase blessante et digne d'une légère vengeance.

Non. Plutôt que de dire un truc venimeux, le mastiff glissa un rapide « je retourne à la table » avant de lier les paroles aux gestes pour sortir de ces toilettes. Le regard rivé à ses pieds, il renifla doucement pour reprendre le contrôle de ses émotions et éviter que ses yeux ne baignent dans l'eau. Son égo était bien trop fort pour tolérer une telle chose. Toutefois, Sunny était la deuxième personne la plus chère à ses yeux – la première étant Crystal – et apprendre qu'il le voyait de cette façon peu gratifiante réussissait à l'atteindre. L'amour est une chose stupide. Une arme puissante à double-tranchant. Voilà pourquoi le canin avait préféré collectionner les rapports d'une nuit que les véritables relations amoureuses.

Il avait à peine finit de parler qu’il se détestait déjà. Il était allé trop loin. Il s’était laissé emporté à dire des choses qu’il ne pensait pas, mais alors là, vraiment pas. Et il s’en voulait tellement. La main posée sur sa bouche le témoignait, mais vu que Park ne le regardait pas, il ne pouvait le remarquer. « P-pour tes notes ça ira.. Tu te rattraperas et tu feras mieux l'année prochaine... » Les yeux du plus jeune se remplirent de larmes et il souhaita de tout son coeur , oui vraiment, qu’Aiden continue sa phrase. Qu’il se fâche. Qu’il l’insulte même. Mais non. Le plus vieux tomba dans un silence qui lui glaça le dos. Et bien vite, il était partit. Sortit des salles de bains aussi vite qu’il y était entré. Et le plus jeune dû se faire violence pour ne pas sortir en courant le rattraper. Il ne pouvait pas faire une telle chose, dans un café bondé. Puis, il devait calmer ses larmes qui menaçaient de couler à tout instant.

Il frappa durement sur le comptoir de sa paume, essayant vainement de faire passer toute sa colère, envers lui-même à présent. Mais rien n’y faisait. En plus d’échouer lamentablement dans ses études, il était en train de faire échouer son couple. De le mener à sa perte en étant complètement stupide et incapable de contrôler ses mots. Pourtant, Aiden lui le pouvait. Sunny n’était pas stupide au point de voir que parfois, quand la colère palpitait, le plus vieux se retenait de pas l’envoyer sur les roses, pour ne pas le blesser. Il faisait toujours une grande attention au plus jeune, et ce dernier en guise de remerciement le traitait de gigolo. Gigolo! Il n’en revenait pas de l’avoir traité aussi injustement. Bien sûr, la déception envers son petit ami était toujours présente. Mais il aurait dû lui expliquer sagement, au lieu de péter un câble comme un hystérique.

Enfin, il se décida de sortir des salles de bain, le coeur toujours aussi lourds et les larmes toujours aussi présentes dans ses yeux. Il rejoignit son amoureux à la table, mais ne s’assit pas. Il préféra se poster directement aux côtés de Park, posant une main tremblantes sur son avant-bras. « J-Je suis désolé...j-je ne pensais pas ce que j’ai dit... M-Mon amour..j-je t’en prie pardonnes-moi... » Le plus jeune se rapprocha au plus près possible, tournant le dos aux autres occupants du café. Il ferma les yeux en se mordant douloureusement la lèvre inférieure pour s’empêcher de pleurer; en vain. Une larme salée roulait déjà le long de sa joue rougie par toutes les émotions qu’il ressentait en même temps. « N-Ninie... J-je suis en train de f-faire c-couler n-notre couple...c-c’est toujours à c-cause de m-moi si o-on se chicane... E-et je s-sais que t-toi t-tu f-fais t-tout p-pour j-jamais me b-blesser...e-et m-moi j’agit c-comme u-une...u-une v-vraie vierge effarouchée! M-Méchante et égoïste! »Il n’osait pas ouvrir les yeux malgré qu’il sente le regard de son amoureux sur son visage. Sa lèvre inférieure et son menton tremblaient tout deux à l’unisson, témoignant une crise de larme imminente . « J-Je...j-j’ai peur d-d’être n-nul c-comme a-amant...d-de ne p-pas t-te sa-satisfaire...d-de n-ne p-pas être à la h-hauteur...et ....s-savoir que tu as eu v-vraiment beaucoup d’amants m-m’a f-fait mal p-parce que je me sens encore plus...i-inférieur...et j-j’ai t-tellement de concurrence maintenant ...» Et voilà. Il l’avait dit. Sa crainte monumentale, il l’avait étalée sur le tapis. Rouvrant lentement ses yeux pleins d’eau, il accrocha le regard de son amoureux et souffla sur un ton de confidence: « A-Aiden..j-je v-veux être parfait p-pour toi...p-pour que tu ne me quittes p-pas....j-je t’aime tellement...j-j’en mourrais s-si tu me laissais.. »

Une main se posa sur son bras, le faisant sursauter alors qu'il était occupé à regarder dehors par la grande vitrine qui s'étendait à sa gauche. Sa tête se retourna vivement pour poser son regard sur un Sunny aux émotions chamboulées. « J-Je suis désolé...j-je ne pensais pas ce que j’ai dit... M-Mon amour..j-je t’en prie pardonnes-moi... » Le voyant se rapprocher, Aiden ne put qu'éloigner sa chaise – et lui-même – de la table, prenant doucement son petit ami par la main pour l'inviter à s’asseoir sur ses cuisses, malgré la présence d'autres clients. Si un couple hétérosexuel avait le droit d'agir ainsi, pourquoi pas eux ? Park ne répondit toutefois pas à ça. Pour le moment, les propos qu'avait tenus son amoureux résonnait encore quelque part dans le fond de son esprit. Le mastiff ne répondit rien. Il écouta tout ce que le phénix avait sur le cœur, luttant avec sa gorge pour ne pas qu'elle se noue et craquer à son tour. Principalement car ils étaient en public, mais aussi parce qu'au moins un des deux dans le couple se devait d'avoir les émotions bien encrées. Jouer le rôle de la figure mâle du couple lui revenait et aux dernières nouvelles, un homme ne pleure pas en présence de gens, étrangers ou pas. Que Yang laisse couler des larmes, les yeux clos comme s'il cherchait à fuir visuellement la réalité était donc acceptable puisqu'il représentait l'élément plus féminin. Plus fragile. Son cadet lui exposa ses craintes évidentes et compréhensibles. Aiden se serait probablement sentit pareil s'il avait été à sa place – et sans ce côté sûr de lui et narcissique qui lui boostait son ego -. Les yeux du blond s'ouvrirent enfin, s'accrochant à son propre regard avant de lui avouer une confidence dans un souffle faible.

« Je ne veux pas que tu sois parfait... Parce que si tu étais parfait, tu serais sans intérêt. C'est tes défauts et tes failles qui font de toi la personne que j'aime. Si tu étais parfait, tu ne serais pas amoureux puisque tu saurais à quel point l'amour est un point faible. » Oui, les dramas à la télévision aide à sortir des répliques aussi cul-cul, mais elles représentaient néanmoins plutôt bien la vision des choses du mastiff. Il ne voulait pas d'un mec parfait. Ils étaient gonflants. Il préférait Sunny comment il l'avait trouvé. Avec ses petites craintes, ses phobies et ses faiblesses. Sentir que rassurer le blondinet était son devoir lui procurait une sensation d'importance. « Ce n'est pas de la concurrence.. c'est de l'expérience. Bien sûr que tu seras maladroit les premières fois, que tu ne sauras pas trop comment t'y prendre, mais ce sont des choses normales... Il faut découvrir pour connaître. Tu crois que tout le monde commence en était exceptionnellement doué ? La vie n'est pas un porno, bébé. » Bien qu'il doutait que sa petite vierge de petit ami qu'il était n'ai déjà visionné une telle chose, il comprendrait sûrement le rapprochement entre la comparaison qu'il avançait. « Donc, non. Non je ne vais pas te laisser pour de telles raisons... Ce serait stupide. Tout s'apprend et je ne vais pas te juger... Tu n'as pas à t’inquiéter avec ce moment. »

C'est pas tout à fait le bon orange mais mon code refuse toujours de marcher quand c'est moi qui le tape -__________-'

Il avait tellement besoin d’être réconforté. Même si la dispute était essentiellement de sa faute, même si il avait les nerfs à vif, même si venait d’être odieux et méchant avec Aiden, Sunny voulait que son aîné lui pardonne sans faire d’histoire, qu’il le prenne dans ses bras. Il était bébé là-dessus, il ne pouvait le nier. Mais heureusement, son amoureux le connaissait parfaitement et il le fit asseoir sur lui. En temps normal, le blondinet aurait été gêné d’une telle marque d’affection en public, mais là il en avait besoin. Puis, le café n’était pas si bondé que ça. L’oiseau de feu eut cependant un coup au cœur en voyant que l’animorphe ne répondait pas à sa demande de pardon. Il le laissait s’approcher, c’était quand même bon signe. Mais la princesse voulait plus que ça. Il voulait l’entendre lui dire qu’il lui pardonnait, que tout allait pour le mieux entre eux. Même si visiblement ce n’était pas le cas, ni pour le pardon, ni pour leur couple filant le parfait bonheur. Une main tremblante vint se poser sur le torse musclé de l’aîné alors que Yang soufflait d’une toute petite voix « J-je t’en prie…p-pardonnes-moi.. »

Fermant les yeux en écoutant les paroles réconfortantes de Park, la diva ne put que sourire faiblement. Comme il savait trouver les mots pour lui faire du bien ! Cependant, la dernière phrase du plus vieux l’accrocha et il releva la tête –qu’il avait encré dans le cou de son bien-aimé- et planta son regard dans le sien à nouveau. « M-Moi je ne trouve p-pas que l’amour est un point faible! C-C’est mon amour p-pour toi qui m-me donne la force d’avancer chaque jour un peu plus…la f-force de m-me battre p-pour devenir une meilleure personne…e-et c’est ton amour pour moi q-qui me fait sentir b-bien, qui me d-donne un peu confiance e-en moi..» Et c’était tout à fait vrai. Sans les encouragements, les compliments et les sourires rassurants du plus vieux, le cadet aurait sans doute déjà tout abandonné les espoirs de réussir une carrière ou de simplement s’aimer lui-même. L’ainé reprit la parole et une fois de plus, le phénix l’écouta attentivement et sans l’interrompre cette fois. Un léger silence s’établit entre eux une fois les paroles du mastiff prononcées, mais un silence bien différent de celui plutôt. Un silence de réconfort, pensif et positif. Sunny se sentait mieux, tellement mieux. Il se sentait un peu plus rassuré, rassuré de savoir que celui qu’il aimait ne le quitterais pas, qu’il le guiderait, qu’il comprenait ses craintes. Et surtout, il avait l’impression qu’un lourd poids venait de tomber de ses épaules : il n’avait pas à être parfait la première fois, ni en général. Aiden l’aimait vraiment.
« M-merci…si tu savais comment tu me soulages! »

Sans même se soucier de la serveuse qui les regardait, et des autres clients présents, la blondinette posa une main sur la joue de son copain en lui souriant tendrement. Puis il l’embrassa. Tout bonnement. Et un vrai baiser ! Pas un petit, rapide et dénoué de réel sentiment comme ceux qu’ils avaient échangés durant les derniers jours. Non. Un vrai, tendre, long et amoureux. Ça lui avait tellement manqué.

Réalisant soudainement de ce qu’il était en train de faire, il sépara leurs lèvres en gloussant comme une lycéenne amoureuse, ses joues ayant pris une adorable couleur rose. « Tu veux rentrer ? Je pourrais te cuisiner quelque chose… » Et oui, c’était effectivement un petit don caché du jeune homme : il était un véritable cordon bleu aux fourneaux. Quand ça lui disait bien sûr !